Découvrez les Canaries : Religions

En 2015, plus de 84 % des Canariens se déclaraient catholiques même si cette religion, ici comme dans le reste de l’Espagne, est en perte de vitesse, notamment auprès des jeunes. Mais ce qui va caractériser les Canaries, c’est une dévotion toute particulière portée à la figure de la Vierge Marie qui sera célébrée dans toutes les îles à l’occasion d’innombrables romerías, pèlerinages, qui lui rendent hommage, mais qui sont aussi une occasion de revendiquer une identité canarienne en affichant des signes identitaires comme les drapeaux, les costumes et les objets traditionnels qui feront de ces fêtes religieuses des fêtes populaires permettant l’expression de traditions les plus profanes. On notera aussi la capacité qu’a eu la religion catholique à reprendre certaines croyances aborigènes et à les inclurent dans les représentations festives actuelles comme à Candelaria, à Tenerife ou à Agaete, en Grande Canarie.

Les Canaries, deuxième communauté catholique après Murcie

Bien que sa Constitution soit laïque, l’Espagne demeure encore fortement marquée par la tradition chrétienne catholique et dans ce domaine les Canaries ne font pas exception à ces croyances nationales. Bien au contraire. Puisque selon une enquête réalisée en 2015, avec 84,5 % de catholiques, les Canaries sont la deuxième communauté espagnole pratiquant cette religion, après la communauté de Murcie. Toutefois comme dans le reste de l’Espagne, la religion y est aussi en perte de vitesse, notamment chez les jeunes, comme en témoigne une enquête publiée en mai 2019 qui précise les pratiques de tout un chacun. À la question « Comment vous définissez-vous par rapport au sentiment religieux ? », 24,3 % des personnes interrogées se déclarent catholiques pratiquants, mais 52,3 % s’affirment non pratiquants, comme la moyenne des Espagnols. 11,6 % se disent athées et 6,1 % agnostiques, 2,2 % pratiquant une autre religion. De manière très anecdotique, on peut aussi noter l'existence d’une Église du peuple guanche, créée en 2001 à La Laguna dans l’île de Tenerife, qui pratique un néo paganisme honorant notamment Chaxiraxi, la déesse-mère universelle des Guanches, mais qui ne compte que quelques centaines d’adeptes. Depuis la colonisation espagnole opérée au XVe siècle, c’est donc la religion chrétienne catholique qui s’est substituée à l’ancienne religion aborigène via son interdiction, mais aussi la récupération de certains de ses symboles, comme le donne à voir la vénération de la Virgen de la Candelaría, dans l’île de Tenerife à titre d’exemple, ou encore la fête de la Rama, célébrée chaque mois d’août dans le petit village d’Agaete, en Grande Canarie. Celle-ci reprend une croyance aborigène qui invoquait le ciel et les dieux pour faire venir la pluie et donne à voir un spectacle assez surprenant lors de la verbena, quand tout le monde marche deux pas en avant et un pas en arrière, bras levés. Dans le clair-obscur des lumières de nuit, les bras qui se lèvent et se baissent à des rythmes différents ne sont pas sans évoquer visuellement des gouttes de pluie.

Dévotion particulière vis-à-vis de la Vierge

Comme dans le reste de l’Espagne, les Canaries sont marquées par la prégnance de dévotions religieuses notamment vis-à-vis de la Vierge. Chaque île vénère plus particulièrement une Vierge ainsi que des saints patrons et au-delà de la croyance religieuse, cette vénération est l’occasion de fêtes s’attachant à marquer les traditions historiques et culturelles des îles et fonctionne plutôt comme une affirmation identitaire. Elles sont aussi l’occasion d’un agenda festif brassant toutes les générations. Voici les principales célébrations pour chaque île. Chaque année, Tenerife fête la Virgen de la Candelaría (de la Chandeleur) les 14 et 15 août via une procession qui la conduit de la basilique de la Candelaria jusqu’au parc du Teide. La légende indique que cette Vierge serait apparue à deux bergers guanches en 1392, cent ans avant la conquête, qui l’ont vénéré dans une grotte jusqu’à ce qu’elle soit emportée par un raz de marée en 1826. Abritée désormais dans la basilique, la statue actuelle date du XIXe siècle, mais l’on peut toujours voir au bout du paseo maritime la grotte qui avait abrité l’ancienne Vierge, baptisée Achbinico par les Guanches et rebaptisée San Blas par les Espagnols. C’est le 8 septembre à Teror que la Grande Canarie fête sa sainte patronne, la Virgen del Pino, apparue en 1482 sous un pin devenu Pino Santo puis remplacé par un nouveau, trônant à côté de la basilique, après avoir été foudroyé. Pèlerins et charrettes d’offrandes à la vierge viennent marquer cette fête durant laquelle on dégustera l’indispensable sandwich au chorizo. Depuis 1680, Santa Cruz de La Palma ne célèbre sa Virgen de las Nieves que tous les 5 ans entre juin et août (l'édition 2020 a été annulée pour cause de Covid), avec comme points forts, la danse des nains et le minué, une danse du XVIIIe siècle reprenant le menuet français. C’est la Virgen de Guadalupe que célèbre aussi La Gomera, tous les 5 ans le 8 octobre. Cette dernière étant descendue dans un bateau de pêcheurs de son sanctuaire de Puntillana jusqu’à San Sebastián de la Gomera. À l’occasion du festival de Betancuria, Fuerteventura accompagne sa Virgen de la Peña, sur la route de Vega del rio de Palma. Le 15 septembre, Lanzarote rend hommage à la Virgen de los Dolores là où elle a accompli son miracle : arrêter la lave du Timanfaya. Enfin El Hierro honore la Virgen de los Reyes en l’accompagnant de la Dehesa de Sabinosa jusqu’à Valverde.

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