3000 av. J.-C.
On estime que c’est à cette époque qu’intervient le tout premier peuplement des Canaries via une immigration venue de l’Afrique du Nord, vraisemblablement d’origine berbère pour l’essentiel. Appelés peuples aborigènes, mais surtout Guanches. En l’état des recherches actuelles, le peuplement « guanche » le plus important aurait eu lieu en deux phases, la première autour du VIe siècle av. J.-C. (peuplement berbère « archaïque ») et la seconde au Ier siècle apr. J.-C., constituée de peuplements berbères romanisés.
VIIIe et IVe siècles av. J.-C.
Les écrits des poètes et des philosophes grecs comme Homère ou Hésiode donnent à penser que les Canaries étaient connues du monde occidental dès l’Antiquité et ont alimenté la mythologie grecque. Qui en a fait le lieu des Champs Élysées et du Jardin des Hespérides. Plus tard, d’autres y virent les restes de l’Atlantide ou le continent englouti évoqué par Platon dans le Timée et le Critias.
Ier siècle apr. J.-C.
Si les chercheurs ont identifié des allusions historiques aux Canaries dans les œuvres d’historiens grecs comme Plutarque, c’est le romain Pline l’Ancien qui en fait la description la plus juste dans son œuvre Naturalis Historia qui conte une expédition réalisée par le roi de Mauritanie, Juba II. Pline l’Ancien lui donnera le nom de Canaria, dérivé de Canis, chien, désignant dans un premier temps la Grande Canarie, puis tout l’archipel.
IIe siècle apr. J.-C.
La carte du monde établie par l’astrophysicien Ptolémée fait passer le méridien zéro par l'extrémité occidentale de l’île de El Hierro. Déplacé jusqu’à la longitude de Greenwich en 1883.
XIVe siècle
Il marque la « redécouverte » des îles Canaries par les Européens lors de leur expansion via l’Atlantique. Avec une succession de visites de navigateurs majorquins, portugais ou génois et en point d’orgue, la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb, en 1492. Facilité par les progrès de la navigation et mû par le désir de trouver l’accès le plus direct possible à l’or de l’Afrique centrale, ce mouvement va modifier profondément le cours de l’histoire des îles canariennes.
1312
C’est le Génois Lancelot Maloisel qui débarque le premier sur Lanzarote. Suivi par d’autres explorateurs portugais et majorquins. Et en 1344, Luis de la Cerda, apparenté à la famille royale de Castille, reçoit du pape Clément VI le titre de roi des îles canariennes. Il ne s’y rendra jamais et son titre, très symbolique, passera à un Normand, Robert de Bracamonte qui n’en profitera pas davantage.
1402
L’expédition de Jean de Béthencourt à Lanzarote marque le début de la vraie conquête des Canaries, réalisée alors à l’initiative de particuliers et non à la demande de la couronne de Castille. Même si Jean de Béthencourt s’est reconnu vassal du roi de Castille et que ce dernier le nomme roi des Canaries. Après Lanzarote, cette conquête des « seigneurs » inclura Fuerteventura, El Hierro et La Gomera. Dont les redditions ont été facilitées par leur faible peuplement.
Jean de Béthencourt [1362-1425]
Natif du pays de Caux, c’est lui qui a conquis Lanzarote en 1402. Puis il se fera nommer roi des îles Canaries par Henri III de Castille, lésant ainsi son associé castillan Gadifer de La Salle. S’il s’empare de Fuerteventura et d’El Hierro sans difficulté en 1405, il échouera face aux Guanches sur la Grande Canarie et La Palma. Dans les îles conquises, il fit venir des colons espagnols, mais aussi normands. Il a dû laisser une nombreuse descendance puisqu’aujourd’hui le nom de Béthencourt est assez souvent porté.
1477
Les « seigneurs » qui ont effectué la première conquête cèdent leurs droits aux Rois Catholiques sur la Grande Canarie, La Palma et Tenerife, cette dernière restant à conquérir. Et c’est le début de la conquête « royale », effectuée à la demande du royaume de Castille. Elle s’avérera plus difficile, car les territoires sont plus peuplés, mieux organisés, et le relief plus accidenté.
1478-1483
Il faudra cinq ans aux troupes espagnoles de Juan Réjon pour conquérir les deux royaumes guanches de Grande Canarie, celui de Galdar à l’ouest et celui de Telde à l’est.
1492
Le premier voyage de Christophe Colomb en route vers les Indes passe par les Canaries. Elles deviendront alors un passage obligé dans la conquête du Nouveau Monde et un nœud stratégique du trafic commercial qui en découlera. Cette même année, l’Andalou Alonso Fernández de Lugo, gouverneur des Canaries, obtient le droit de conquérir Tenerife et La Palma. La conquête de cette dernière s'achèvera en 1493, avec la capture du chef indigène Tanausu.
1496
La paix des Realejos achève la reconquête de la dernière île, Tenerife. Obtenue après un long combat qui débute par une victoire guanche lors de la première bataille de Acentejo, en 1494, suivie par des guérillas et deux victoires castillanes : Aguere et la deuxième bataille d’Acentejo. Une conquête aussi permise par la division des Guanches en 9 royaumes dont certains se rangèrent aux côtés de Alonso Menéndez de Lugo.
Bencomo [1425-1495]
Ce « Rey Grande » a été le symbole de la résistance guanche à Tenerife. À 69 ans, ce mencey, roi, de Taoro qui correspond aujourd’hui à la vallée de la Orotava, mène et gagne la première bataille contre les conquistadors conduits par Fernández de Lugo dans le barranco de Acentejo. Lorsque les Espagnols reviennent un an plus tard en 1495, il mène de nouveau le combat près de La Laguna, mais il y trouvera la mort après plusieurs heures de bataille.
XVIe et XVIIe siècles
De nombreux Espagnols, principalement Andalous, Basques et Galiciens vont coloniser les îles et y introduire deux productions phares, le sucre et le vin. En commençant par la canne à sucre, produit le plus consommé par les élites européennes qui deviendra la première exportation des Canaries et sa « carte de visite » dans la nouvelle économie mondiale. Et ce jusqu’à ce que l’Amérique lui fasse une trop forte concurrence à la fin du XVIe siècle. La crise du sucre entraînera le début de la culture de la vigne, cépages de Malvoisie. Les vins produits sont pour l’essentiel envoyés vers l’Angleterre. À cette époque, sucre, rhum, vin sont expédiés directement aux acheteurs, échappant de fait au monopole sur le commerce vers le Nouveau Monde exercé par la couronne espagnole via la Casa de Contratación de Séville et faisant jouer aux ports canariens un rôle essentiel dans le commerce vers l’Amérique. En parallèle, la région devient fort logiquement une zone d’assauts par les corsaires et les pirates.
XVIIIe siècle
Concurrence américaine, indépendances des colonies, absence de complémentarité dans le commerce avec la métropole et nombreuses sécheresses seront à l’origine d’une grave crise des exportations agricoles canariennes. Ce qui entraînera une grande misère et le début d’un exode massif vers Cuba, Porto Rico et d’autres jeunes républiques américaines qui durera jusqu’au milieu du XIXe siècle.
25 juillet 1797
Le XVIIIe siècle verra aussi la multiplication des attaques de corsaires, mais l’assaut le plus célèbre reste bien sûr celui mené par l’amiral Nelson contre le port de Santa Cruz de Tenerife. Cette offensive oppose une armada de 4 000 Britanniques à 500 soldats espagnols menés par le général Gutiérrez, aidés d’un détachement français et de quelques milices locales. Elle se soldera malgré tout par l’échec de Nelson qui y perdra son bras.
1852
En réponse à la crise économique et à l’exil qui se poursuivent au XIXe siècle, l’adoption d’un statut de port de franc pose le principe du libre commerce pour les Canaries. Il permettra d’importantes relations commerciales avec l’Angleterre vers laquelle seront notamment exportées cochenille et figue de barbarie qui serviront de colorants naturels pour l’industrie textile anglaise puis des tomates et des bananes quand les colorants artificiels auront fait leur apparition.
1927
Après des années de rivalité entre Santa Cruz de Tenerife et Las Palmas de Grande Canarie sur le choix de la capitale, le régime de Primo de Rivera crée une seconde province, celle de Las Palmas ayant autorité sur tout l’est des Canaries et venant remplacer l’ancien système dans lequel Santa Cruz de Tenerife chapeautait toutes les îles. Cette dernière s’occupant désormais de l’Ouest canarien.
1936
C’est dans la forêt de Esperanza, au nord de Tenerife, que le général Franco, alors commandant général des Canaries, prépare le soulèvement de l’armée contre le gouvernement de la République espagnole. Marquant le début d’une guerre civile qui durera jusqu’en 1939. Suivie d’une dictature qui prendra fin à la mort de Franco, en 1975. Aux Canaries, ces années seront de nouveau celles de la pauvreté et de l’exil. Jusqu’à ce que le boom touristique des années 1960 lui ouvre une alternative économique, toujours décisive à l’heure actuelle.
1982
La constitution espagnole de 1978 pose les jalons du statut de communauté autonome et en 1982, les Canaries accèdent à ce statut. Par la « voie lente » ce qui déclenchera de nombreux débats au sein des partis politiques canariens. Ils souhaitent que leur statut d’autonomie s’aligne sur celui des nations dites « historiques » comme la Galice. Et en 1996, la réforme de ce statut reconnaît aux Canaries le rang de nationalité et prend en compte son caractère de territoire insulaire isolé. Aujourd’hui, les Canaries souhaitent une nouvelle modification de ce statut.
1986
Le 1er janvier 1986, l’Espagne intègre l’Union européenne. Mais les Canaries y bénéficient d’un statut particulier, le RUP (Région Ultra Périphérique), garanti par le traité d’Amsterdam depuis 1999. Le droit communautaire s’y applique, mais un traitement différencié prend en compte leur éloignement, leur insularité, leur faible superficie et leur dépendance économique pour de nombreux produits.
1993
C’est la date de la création du parti politique Coalición Canaria qui regroupe plusieurs partis nationalistes. Longtemps majoritaire au Parlement canarien, il a fait élire de nombreux présidents du Gouvernement des Canaries depuis sa création et jusqu’en 2019, en s’alliant soit avec le PP (Partido Popular, droite) soit avec le PSOE (Parti socialiste ouvrier d’Espagne, gauche). Mais depuis le 16 juillet 2019, c’est le PSOE qui est à la tête du Gouvernement des Canaries.
2009
Inauguration du GranTeCan (grand télescope canarien), de 10,4 m de diamètre, l’un des plus grands au monde, situé à l'observatoire Roque de los Muchachos à La Palma.
2017
Les nationalistes canariens approuvent l’application de l’article 155 de la constitution espagnole qui suspend l’autonomie de la Catalogne, après sa déclaration d’indépendance (DIU).
2018
Tenerife accueille le XVIIIe mondial de basket-ball féminin, gagné par les États-Unis et dans lequel l’Espagne obtiendra la troisième place.
2019
En août, la Grande Canarie connaît l’un de ses plus graves incendies : près de 1 000 hectares détruits sur un périmètre de 112 km. 84 % des zones touchées étant des espaces naturels protégés, dont le Parc naturel de Tamadaba, un des poumons verts de l’île.
2020
Au printemps 2020, comme dans le reste du monde, les Canaries font face à la crise sanitaire. Avec la fermeture des frontières, des établissements et des contrôles sanitaires aux frontières, les îles ont pu rapidement accueillir les voyageurs. De nombreux Français en ont profité pour venir y télétravailler.
Septembre-Décembre 2021
Durant 3 mois, l’île de La Palma connaît une éruption du volcan Cumbre Vieja. Avec des dégâts estimés à 900 millions d’euros et la naissance d’un nouveau sommet le Ttajogaité (municipalité d’El Paso).
28 mai 2023
Élections municipales en Espagne et aux Canaries. Et élections régionales pour 11 régions dont les Canaries.
Été 2023
Avec près de 15 000 hectares de forêts dévastées, le nord de l'île de Tenerife connaît son plus grave incendie depuis 40 ans.