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La faune du nord de l’Inde

Le concept de conservation de la faune et la flore est très ancien en Inde. La culture et la littérature indiennes prônent la non-violence et le respect de toutes les formes de vie humaine. Faune et flore bénéficient d’une protection particulière depuis des millénaires, inculquée au travers des idéaux et de la religion. Beaucoup de dieux du panthéon hindou sont associés à des animaux : Brahma avec le cerf, Vishnu avec le lion et le cobra, Shiva avec le taureau, ou encore Ganesh, un dieu mi-homme, mi-éléphant. Le jaïnisme et le bouddhisme se répandent à travers l’Inde au VIe siècle av. J.-C. et promeuvent une hygiène alimentaire basée sur le végétarisme. Les premières lois de conservation apparaissent au IIIe siècle av. J.-C., quand l’empereur Ashoka fait rédiger le Cinquième Décret du Pilier, interdisant l’abattage de certaines espèces sauvages et limitant le défrichage des forêts. Cette tradition s’est abîmée avec l’avènement du colonialisme. La chasse intensive pratiquée par les aristocrates anglais et les maharajas indiens, l’abattage de forêts pour l’agriculture et l’aménagement du territoire, ont sérieusement entamé le capital naturel de l’Inde. Malgré tout, le respect du vivant demeure. La Constitution érige la protection des animaux en devoir fondamental. En 1972, Indira Gandhi fait passer une grande loi protégeant la faune sauvage indienne, qui interdit la chasse et le braconnage, l’empoisonnement et la mutilation des animaux. Un an plus tard, un plan national de sauvegarde du tigre est mis en place, le Project Tiger, destiné à empêcher l’extinction de l’espèce alors gravement menacée. Le tigre génère une manne financière importante, car l’Inde est l’un des rares pays où l’on peut observer le félin évoluer en liberté. Il est la tête de file d’une immense variété faunique, avec plus de 500 espèces de mammifères recensées dans le pays. Parmi celles-ci, 41 sont menacées d’extinction.

Les mammifères emblématiques

- Le tigre. Emblème national, le tigre du Bengale est surtout présent dans le nord du pays. On le retrouve dans certains parcs nationaux, de l’Assam au Rajasthan, en passant par le plateau central du pays. Le recensement de 2022 dénombre un peu plus de 3 000 individus, quand une estimation portait ce nombre à 268 en 1973, au moment du lancement du Project Tiger. Le tigre vit dans de vastes réserves naturelles qui sont au nombre de 53 en Inde. Le territoire d’un mâle est estimé à 130 km² et y résident sous sa protection, mais aussi sa menace, deux à trois femelles, et leurs petits quand elles en ont. Les meilleures chances de voir le tigre en Inde sont dans les parcs de Ranthambore (Rajasthan), Corbett (Uttarakhand), Bandhavgarh (Madhya Pradesh) et Kanha (Madhya Pradesh).
- Le lion d’Asie. Plus petit que son cousin africain et avec une crinière moins volumineuse, le lion d’Asie ne survit plus que dans la région de Sasan Gir au Gujarat. Il a été sauvé de l’extinction par le nawab de Junagarh dans les années 1960, qui transforma sa réserve de chasse privée en parc naturel de sauvegarde. Le dernier recensement fait était de 600 individus et d’une population croissante. La réserve devient d’ailleurs trop petite pour abriter la population et il est question de déplacer des groupes dans d’autres parcs nationaux du pays.
- L’éléphant d’Asie. Il a besoin de vastes zones forestières et de savane pour trouver ses 150 kg de nourriture quotidienne. Le mâle adulte pèse près de 4 tonnes, quand la femelle pèse 2,7 tonnes. Les éléphants se déplacent en hardes, des cellules familiales menées par des femelles. Les mâles sont chassés du groupe vers l’âge de 11 ans. Dans le nord du pays, l’éléphant peut être facilement observé dans les Parcs nationaux de Manas ou de Kaziranga (Assam) et à Corbett ou Rajaji (Uttarakhand).
- Le rhinocéros indien. Autrefois très répandu, il ne restait plus que 150 individus au début du siècle dernier. Le rhinocéros unicorne a bénéficié d’une protection dès 1910 et sa population serait d’environ 3 700 individus actuellement. Ils sont presque tous concentrés dans le Parc national de Kaziranga (Assam), où l’on peut les voir très facilement.
- Le gaur. Massif, le bison indien peut atteindre 2 mètres au garrot et peser 1 500 kg. Sous ces airs placides et avec ses « chaussettes » blanches, le plus gros bovidé de la planète est aussi un des animaux les plus dangereux de la jungle indienne.
- L’ours lippu. Sous ses airs faussement sympathiques, l’ours lippu est le seul animal de la jungle à oser défier le tigre. Il se nourrit essentiellement de fourmis et de termites. C'est l’une des 8 espèces d’ours existant sur la planète. Il se caractérise par une taille relativement petite, un pelage noir marqué d’un collier blanc en forme de croissant, et de longues griffes acérées. Il se déplace surtout la nuit.
- Le dhole. C’est le nom local donné au chien sauvage. Il se déplace en bande organisée et hiérarchisée et fait régner la terreur sur la jungle. Les dholes sont connus pour avoir dépecé des tigres ou des léopards. Le dhole n'aboie pas, ni ne hurle, mais émet des jappements caractéristiques. Physiquement, il ressemble à un croisement entre un chacal et un loup.
- La panthère des neiges. Mystérieuse et énigmatique, la panthère des neiges est très difficile à pister. Elle se déplace dans les hautes montagnes du Ladakh et de l’Uttarakhand en Inde, entre 2 500 et 5 000 mètres d’altitude. Elle est menacée d’extinction et une estimation plutôt hasardeuse fixe le nombre d’individus à 500 en Inde. Son aura dans le monde animalier lui a valu l’exclusivité d’un documentaire filmé par Vincent Munier en 2021.
- Le léopard. Timide et nocturne, le léopard est assez difficile à apercevoir dans les parcs nationaux. Mais il est bel et bien présent ! Il privilégie un habitat de forêt clairsemée et se cache souvent en haut des arbres, où il peut dormir en toute sécurité.
- Le nilgaut. Avec un corps de cheval et une tête de vache, il s’agit pourtant d’une antilope. Assez commune dans le nord de l’Inde, on la repère à sa robe grise-bleutée.
- Le barasingha. Ce cervidé à douze bois (barah veut dire « douze » en hindi) a pratiquement disparu du sous-continent indien. Il ne peut être aperçu que dans le Parc national de Kanha (Madhya Pradesh).

Les autres animaux

On peut observer des espèces de cerfs et d’antilopes variées, même si celles-ci sont pour la plupart réparties dans des zones protégées, à cause de la compétition avec les animaux domestiques et des risques de transmission de maladies. On peut citer les gazelles indiennes (chinkara), les antilopes indiennes (blackbucks), les sambars, les plus grands cerfs de l’Inde, les cerfs aboyants (muntjac) et le minuscule cerf-souris. Vous pourrez aussi voir des buffles sauvages, des hyènes rayées, des sangliers sauvages (wild boar), des chacals, des renards, des loups dans les zones forestières. Parmi les mammifères plus petits, on trouve les mangoustes, connues pour tuer les serpents, et les écureuils géants. Il n’y a que deux espèces de singes, le macaque rhésus et l’entelle à longue queue (langur). On dénombre plus de 2 000 espèces et sous-espèces d’oiseaux, notamment l’aigle serpent, le hibou pêcheur, et l’élégant oiseau national, le paon. Des oiseaux d’eau, tels que hérons, ibis, cigognes, grues et pélicans s’observent non seulement dans les parcs, mais aussi dans des réserves ornithologiques. On dénombre plus de 500 espèces de reptiles et d’amphibiens, dont des cobras royaux, des pythons, des crocodiles, de grandes tortues d’eau douce et des lézards moniteurs. On trouve aussi 10 000 espèces d’insectes, incluant de grands papillons colorés.

La flore du nord de l’Inde

La flore comprend environ 15 000 espèces de plantes. Des réserves de faune et de flore et des parcs nationaux ont été établis dans les anciennes réserves de chasse privée des maharajas. Les paysages sont très divers : forêts à feuilles persistantes au nord-est ; forêts à feuilles caduques dans les plaines et les étendues marécageuses du Bengale et du Madhya Pradesh ; forêts de pins dans les contreforts de l’Himalaya. Le nord-ouest du Rajasthan possède une végétation très pauvre. L’essentiel en est formé de plantes xérophiles, principalement l’acacia, le babul (Mimosa arabica). Quelques rares oasis fournissent un peu de fruits (oranges, bananes, mangues), mais la plupart des buissons ne présentent guère d’autre utilité qu’un peu d’ombrage et du bois pour le feu. Les cosses du khejri (Prosopis cineraria) sont cependant utilisées dans la cuisine locale, et les tribus du désert connaissent les vertus médicinales de cet arbuste. Le centre de l’Inde a été largement déforesté pour laisser la place à l’agriculture. Les zones encore boisées ont pour la plupart été transformées en zones protégées pour la faune et la flore. Les paysans qui vivaient dans ces zones ont été déplacés en abord de ces réserves.

La flore emblématique

- Le banian. Souvent immense et aisément reconnaissable à ses racines aériennes, il dispense une ombre généreuse sur les places. Le jardin botanique d’Acharya Jagdish Chandra Bose à Howrah (Bengale-Occidental) abrite un exemplaire qui couvre une surface de près d’un hectare et demi ! Cela en fait le plus grand arbre au monde.
- Le sal (Shorea robusta). L’utilisation de cet arbre au bois très dur et longiligne était privilégiée par les Britanniques pour la construction des voies de chemin de fer. Ils ont pratiquement laminé les forêts de sal, autrefois partout présentes au nord du sous-continent. On en trouve encore de beaux exemplaires dans les forêts du centre du pays.
- L’illipé (Madhuca longifolia), appelé mauha en hindi, est un autre arbre caractéristique du pays. Il se trouve sur l’ensemble du sous-continent, autant dans les zones tropicales que sur le plateau central. En fin de journée, l’arbre rejette l’eau engrangée dans la journée, donnant l’impression qu’il pleuvine lorsqu’on est abrité sous ses feuilles.
- Le manguier (Mangifera indica). C’est l’arbre chéri des Indiens du nord. Robuste, il vit suffisamment longtemps pour s’élever à 18 mètres de haut. Son fruit savoureux est très attendu pour devenir pickles, lassi, jus, ou simplement à croquer. Il est souvent planté au milieu d’un champ, car son feuillage persistant procure une ombre bienfaitrice durant les chaudes journées d’été.
- Le lotus est la fleur nationale. Il est utilisé abondamment dans l’architecture ancienne des temples et des maisons. La fleur est reprise de façon stylisée dans les piliers supportant arcades et plafonds. Elle est symbole de bons auspices.
- L'œillet d’Inde. Comme son nom ne l’indique pas, cette variété d'œillets provient de Bolivie et du Mexique. Son nom lui a été attribué quand les Antilles étaient encore appelées les Indes occidentales. La fleur s’est très bien acclimatée au nord de l’Inde et elle est largement utilisée dans la confection des guirlandes qui serviront d’offrandes dans les temples ou de geste d’accueil et de bienvenue.