Découvrez l'Ontario : Les Grands Lacs et le Saint-Laurent

Considérés comme l'une des plus grandes réserves d'eau douce du monde, les Grands Lacs couvrent une superficie d'environ 246 050 km2, c'est-à-dire une surface presque égale à la moitié de celle de la France. Longeant l'extrémité sud du Bouclier canadien, les cinq Grands Lacs (Supérieur, Michigan, Huron, Érié et Ontario) sont implantés à la frontière des États-Unis et du Canada, à l'exception du lac Michigan qui est situé entièrement du côté américain. Entouré de milliers de lacs plus petits et d'un réseau complexe de chenaux, de canaux et d'écluses, et relié à l'océan Atlantique par le fleuve Saint-Laurent, cet ensemble est considéré comme le berceau historique et économique du pays. Les progrès des deux derniers siècles dans le domaine de la navigation ont permis d'effectuer de nombreuses améliorations à cette immense voie navigable en eau profonde, laquelle fut officiellement ouverte en 1959.

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Le système des Grands Lacs

Près de l'intersection des bassins hydrographiques de la baie d'Hudson et des fleuves Mississippi et Saint-Laurent, on compte cinq Grands Lacs, auxquels on en greffe un sixième de plus petite taille, soit le lac Saint-Clair reliant les lacs Érié et Huron via la rivière Detroit. Avec le fleuve Saint-Laurent qui constitue le principal exutoire des Grands Lacs, cet ensemble représente le plus important des systèmes d'eau douce de surface du globe. Le système des Grands Lacs fait partie d'une série de vastes étendues lacustres qui s'étend dans les Prairies canadiennes et les Territoires du Nord-Ouest et qui inclut les lacs Winnipeg, Athabasca, le Grand lac des Esclaves et le Grand lac de l'Ours. Bien que l'élévation des Grands Lacs varie de l'un à l'autre (183 mètres au-dessus de la mer pour le lac Supérieur et 74 mètres pour le lac Ontario, par exemple), rien de détonne autant en termes de dénivellation que les impressionnantes chutes du Niagara sur la rivière du même nom, une du côté américain et l'autre au Canada, lesquelles ont le plus important volume d'eau au monde, soit 2 832 m3/s. À savoir qu'en raison de l'érosion de l'escarpement, les chutes se trouvent de nos jours à quelque 11 km de leur point d'origine. C'est à la fin de la dernière glaciation que les Grands Lacs ont commencé à se former, un par un, dès 14 000 avant J.-C. grâce à l'érosion différentielle du substratum rocheux par les glaciers. La forme des bassins où ils se trouvent résulte entièrement des structures géologiques de la région donnant, par exemple, une forme très arquée aux lacs Michigan et Huron.

Convoités dès les premiers balbutiements de la colonisation européenne, et utilisés bien avant par les Premières Nations, le système des Grands Lacs et la Voie maritime du Saint-Laurent ont joué un rôle de premier plan dans le commerce des fourrures, mais aussi dans les différents conflits que se livraient Français, Britanniques et même Américains. Si les Grands Lacs constituent encore de nos jours un important réseau de transport maritime en Amérique du Nord, ils sont aussi une importante source d'hydroélectricité et des lieux favorables au développement de l'agriculture. Profitant d'un climat unique offert par « l'effet de lac » qui tempère les températures saisonnières, les espaces situés à proximité des lacs jouissent de terres agricoles fertiles, de vergers et de vastes vignobles.

Construction de la Voie maritime

Construite et gérée grâce à un partenariat binational entre le Canada et les États-Unis, la Voie maritime du Saint-Laurent est un cours d'eau navigable profond, long de 3 700 km, qui permet aux navires de relier l'océan Atlantique au lac Supérieur, le Grand Lac le plus à l'ouest. Si l'on a tendance à inclure tout ce territoire dans ce terme, l'administration du réseau de la Voie maritime s'étend toutefois officiellement du Port de Montréal au lac Érié. Environ 40 millions de tonnes de marchandises sont transportées annuellement par quelques milliers de bateaux, facilitant ainsi le transit des marchandises produites dans les villes bordant les Grands Lacs (Thunder Bay, Duluth, Milwaukee, Chicago, Detroit, Cleveland, Erie, Toronto, etc.) vers l'océan Atlantique.

Dès la fin du XVIIe siècle, l'idée de construire un canal pour contourner les rapides de Lachine à Montréal est évoquée par Dollier de Casson, supérieur du Séminaire des Sulpiciens. Ce sera chose faite près de 150 ans plus tard, soit en 1824, avec l'achèvement du canal de Casson (renommé canal de Lachine par la suite). À partir de la fin du XVIIIe siècle, et pendant près de deux cents ans, la construction de canaux et d'écluses va se poursuivre (il y aura en tout 5 canaux et 15 écluses à la fin des travaux). Il fallait toutefois trouver une solution pour franchir les chutes du Niagara afin de passer du lac Ontario au lac Érié. Avant la construction du canal Welland, le trafic entre ces deux lacs se faisait par portage entre les localités de Chippawa et de Queenston, les deux se trouvant respectivement en amont et en aval des chutes du Niagara. En 1824 débuta donc la construction du premier canal. Trois autres constructions ont vu le jour par la suite mais c'est le quatrième canal qui est aujourd'hui en fonction. D'une longueur de 42 km, il relie Port Weller, qui dépend de St. Catharines (lac Ontario), à Port Colborne (lac Érié), et comprend sept écluses au niveau de l'escarpement de Niagara et une huitième à Port Colborne pour contrôler la profondeur du canal. Il permet ainsi aux bateaux de contourner les chutes du Niagara pour passer l'escarpement de Niagara, voyage qui dure environ 11 heures. Pour en savoir plus, un centre d'interprétation existe au niveau de l'écluse n° 3 du canal Welland, à St. Catharines. On pourra également se rendre au Port Colborne Historical and Marine Museum.

En 1895, le Canada et les États-Unis commencent à examiner la faisabilité d'une Voie maritime en organisant une commission conjointe des voies navigables en eau profonde. D'autres commissions suivront mais sans réel impact. Ce n'est qu'au milieu du XXe siècle que les choses commenceront à bouger, les pressions commerciales croissantes y jouant un rôle prépondérant. Plus de 470 millions de dollars seront donc investis dans la construction de la Voie maritime du Saint-Laurent, laquelle s'achèvera en 1959 alors que la région des Grands Lacs est enfin reliée aux marchés mondiaux.

Un lien commercial vital

Devenue un véritable poumon industriel et agricole, et considérée comme l'une des plus grandes réalisations techniques du XXe siècle, elle permet de faciliter les échanges commerciaux vers l'est grâce à la voie maritime du fleuve Saint-Laurent, mais aussi vers le sud des États-Unis grâce aux fleuves affluents des Grands Lacs. En effet, l'immense réseau des Grands Lacs-Voie maritime, qui s'ajoute aux réseaux ferroviaires et autoroutiers régionaux des deux pays, est un corridor commercial binational servant au transport des matières premières, des denrées agricoles et des produits manufacturés. Sur l'entièreté du réseau, ce sont plus 200 millions de tonnes courtes (180 millions de tonnes métriques) qui transitent sur une base annuelle. Cette voie navigable est utilisée tant par les transporteurs intérieurs américains et canadiens que par les opérateurs de navires océaniques, et comprend certains des plus grands ports du continent nord-américain. L'activité économique engendrée par le transport des marchandises se chiffre à environ 45 milliards de dollars en plus de générer près de 240 000 emplois dans les deux pays. Si l'on prend l'ensemble de la région et de ses activités industrielles et agricoles, on atteint alors un PIB combiné qui dépasse les 6 trillions de dollars. Son surnom de « lien commercial vital » lui va donc à ravir !

Pour en apprendre davantage sur l'histoire maritime des Grands Lacs, avec une belle collection d'artefacts et d'archives à l'appui, rendez-vous au Marine Museum of the Great Lakes de Kingston.

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