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Quelques grands noms

L’Ontario a produit un nombre considérable d’artistes qui ont connu une carrière fulgurante à l’international. Il y a bien sûr Neil Young, légende de la folk music, né à Toronto, mais aussi la chanteuse country Shania Twain, originaire de Windsor, Bryan Adams, chanteur rock né à Kingston, Avril Lavigne, la « pop punk queen » qui vient de Belleville, ou encore Justin Bieber, originaire de Stratford, sans oublier le rappeur Drake, une icône du hip-hop depuis plus d'une décennie. Citons aussi Alanis Morissette, une des Ottaviennes les plus célèbres, qui s’est imposée sur le plan international avec une pop très rock et singulière.

La musique classique

En Ontario, la musique classique est essentiellement centralisée à Toronto. D’ailleurs, l’histoire de la première et celle de la seconde ont un grand homme en commun : Glenn Gould. Pianiste prodige, il entre à 14 ans au sein de l’Orchestre symphonique de Toronto (TSO) puis devient célèbre avec ses Variations Goldberg, deux enregistrements de Bach (1955 et 1981). Virtuose à l’aura presque géniale, Glenn Gould se retire pourtant brusquement de la scène (et de la vie publique) en 1964 pour se consacrer aux studios d’enregistrement. Il se concentre dès lors sur la composition ainsi que la création d’émissions radiophoniques et télévisées. Son style unique aux tempi élastiques et intenses a divisé la communauté musicale autant qu’il a fasciné le public. Véritable emblème de sa ville, l’âme de Gould est partout dans Toronto, notamment au 250 Front Street West devant les locaux de la CBC (diffuseur public), où vous pouvez vous asseoir à côté de sa statue en bronze. Si aucun autre musicien classique de Toronto n’a surpassé le succès de Glenn Gould, la ville est associée à un autre prodige actuel du piano : Tony Yike Yang. Plus jeune lauréat du Concours international Frédéric-Chopin (en 2015) à l'âge de 16 ans, il a déjà joué avec quelques-uns des plus grands orchestres du monde et apparaît très régulièrement à la télévision canadienne.

Aussi, les amateurs d’art lyrique sont chez eux à Toronto. On y trouve une salle iconique, le Massey Hall, construite en 1894 (la plus ancienne du pays) et accueillant des spectacles musicaux de grande qualité, mais aussi des établissements plus modernes comme le Four Seasons Centre for the Performing Arts, doté d’un auditorium magnifique de plus de 2 000 places et résidence de la Canadian Opera Company, l’un des ensembles d’opéra les plus renommés d’Amérique du Nord, sans oublier le National Ballet of Canada. L’Ontario jouit aussi de quelques grands ensembles. Un des meilleurs exemples est l’Orchestre Symphonique de Toronto (TSO), autrefois mené par des sommités telles que le Japonais Seiji Ozawa ou le Finlandais Jukka-Pekka Saraste et qui se produit au Roy Thomson Hall depuis 1982. Une valeur sûre qui ne doit pas éclipser l’Orchestre du Centre national des Arts (dirigé par l’Anglais Alexander Shelley, baguette à surveiller) et l’Orchestre symphonique d'Ottawa, se produisant tous deux aux Centre national des Arts d’Ottawa, grand complexe à la programmation très dynamique. À noter que Kingston possède aussi une scène intéressante, le Isabel Bader Centre For The Performing Arts, situé sur les rives du lac Ontario dans un édifice qui vaut à lui seul une visite (réalisé par le célèbre cabinet norvégien Snøhetta). C’est aussi en Ontario que l’on trouve le rendez-vous le plus novateur et dynamique du classique dans le pays, le Festival of the Sound à Parry Sound qui, durant trois semaines en juillet et août, propose concerts, conférences, rencontres et même des croisières musicales.

Le rock et le folk

Le folk est un véritable produit local en Ontario. Présente depuis l’arrivée des colons français et britanniques, cette musique traditionnelle aux origines françaises, anglaises, irlandaises et écossaises a été popularisée dans le pays par des artistes comme Gordon Lightfoot et les chanteurs Ian and Sylvia dans les années 1960 et 1970. Comme ces derniers, la plupart des artistes folk de l’époque ont fait leurs premiers pas dans les cafés et bars avant-gardistes du quartier Yorkville à Toronto. Un des noms les plus célèbres à avoir émergé d’ici n’est autre que celui de Neil Young, enfant du pays devenu monstre sacré du genre.

Vivant au rythme des États-Unis, Toronto et l’ensemble de l’Ontario jouissent d’une très belle scène indie folk et indie rock, la province pouvant s’enorgueillir d’avoir vu naître nombre d’artistes et groupes qui ont fait les belles heures du magazine Pitchfork : les Cowboy Junkies – des pionniers, grand succès dans les années 1980 –, Timber Timbre et son folk rock sombre, la chanteuse Feist et sa pop badine, Metric, les descendants des Pixies, Great Lake Swimmers, le folk-rock canadien par excellence, Hawksley Workman, pop un peu glam, ou encore Broken Social Scene, super-groupe de rock composé entre autres de Leslie Feist ou Emily Haines de Metric.

Bien entendu, le dynamisme créatif de la province fait écho à la densité de scènes qu’elle propose. À Toronto, on trouve notamment The Velvet Underground, club mythique de Queen Street West qui fait honneur à son nom (très rock), et le Phoenix Concert Theatre, une salle géante avec une programmation plutôt indie et pointue. À noter que la ville est le théâtre d’un très bon festival, North By Northeast - réponse canadienne au South By Southwest texan –, très réputé pour sa programmation de musique, cinéma, comédie et arts visuels. Ottawa n’est pas non plus dépourvue de festivals puisque c’est ici que se déroule le City Folk Festival, un des grands rendez-vous nationaux des huiles de la musique folk.

Le hip-hop

Si l’Ontario n’est pas particulièrement réputée pour le rap, Toronto, quant à elle, est devenue une des capitales du genre. Un de ses représentants les plus sonores et emblématiques : le rappeur Drake. Poulain de Lil Wayne au début des années 2000, il est devenu en deux décennies une des figures incontournables du rap mondial, éclairant dans son succès toute la scène de sa ville natale. Le réputé magazine Billboard l'a d'ailleurs consacré artiste hip-hop de la dernière décennie (2010-2019), rien de moins.

Si aujourd'hui Toronto est, au même titre que New York, Los Angeles ou Atlanta, une grande ville du rap américain, c'est grâce à ses excellents artistes qui ont su faire leur marque au fil des décennies, tels que Choclair, Dream Warriors, K'Naan, K-os, Jazz Cartier, Haviah Mighty, Kardinal Offishall, Maestro Fresh Wes, Main Source, Saukrates, Tory Lanez ou encore Thrust.

Vu son dynamisme dans le domaine, Toronto ne manque pas d'adresses pour apprécier le rap en live, notamment dans les boîtes de nuit comme EFS Social Club, Everleigh, Luxy et Rebel. Plusieurs salles accueillent également des spectacles de hip-hop, dont le Drake Hotel et sa scène en sous-sol qui programme énormément de rap dans une ambiance très chaleureuse. Et lors de la belle saison, tout amateur qui se respecte doit assister au fameux Bastid's BBQ. Événement incontournable de la scène hip-hop et organisé par le DJ local Skratch Bastid, il accueille des légendes comme DJ Jazzy Jeff, DJ Premier, Kid Capri, Masta Ace, Marco Polo et Pete Rock, sans oublier la relève et les artistes locaux. À noter aussi que si Ottawa n’a pas offert au monde de grands artistes dans le domaine, la ville propose néanmoins un beau festival, le House of PainT, avec DJ, street art, breakdance et lives, et des clubs tels que le Babylon et City at Night offrent des soirées hip-hop.

Le théâtre

On l’oublie souvent (ou on l’ignore), mais Toronto est l’une des trois capitales mondiales du théâtre de langue anglaise – Londres et New York étant les deux autres. Sans surprise, c’est donc à Toronto que l’on trouve la scène théâtrale anglophone la plus dynamique du Canada. Plusieurs succès de Broadway sont même nés à Toronto avant de s’exporter, comme Show Boat et Ragtime.

Parmi les théâtres les plus célèbres de Toronto, le plus ancien est le Royal Alexandra Theatre. Inauguré en 1907, il est même le plus vieux d’Amérique du Nord et a fonctionné sans interruption depuis son ouverture. Autre lieu historique, The Elgin and Winter Garden Theatre, datant de 1913, est le dernier théâtre à salles superposées encore en exploitation au monde. Son intérieur est absolument somptueux, un véritable écrin pour une belle pièce. Autrement, pour une représentation dans la langue de Molière, on se dirigera vers le Théâtre français de Toronto, mettant en scène des comédies ou des créations contemporaines, sans oublier le répertoire classique et moderne. Pour découvrir la fine fleur des talents canadiens de demain, c’est au Factory Theatre qu’il faut se rendre. Fondé en 1975, l’endroit s’est donné comme mission de promouvoir avant tout les artistes canadiens et valoriser des voies (et voix) émergentes et différentes.

Si Toronto se taille la part du lion, Ottawa compte aussi quelques belles scènes comme le Centre national des Arts, grand complexe proposant des prestations de théâtre de qualité, le Great Canadian Theatre Company (GCTC), un centre de théâtre contemporain essentiel dans le paysage de la ville et du Canada en général (programmation engagée et audacieuse), ainsi que La Nouvelle Scène Gilles Desjardins, centre de théâtre francophone. Ailleurs dans la province, la petite ville de Stratford s’est imposée avec le temps comme un des centres de théâtre de répertoire classique les plus reconnus en Amérique du Nord. Fondé en 1953, le Stratford Festival attire plus d’un demi-million de spectateurs tous les ans. Au programme, des artistes de renommée internationale et des pièces de tous les genres, destinées aux mordus de Shakespeare comme aux amateurs d’œuvres contemporaines (avec régulièrement des pièces en français). Autre incontournable, le Shaw Festival à Niagara-on-the-Lake, un événement voué au théâtre s'étalant sur plus de six mois et parmi les plus renommés au pays. Rayon festivals toujours, Toronto regorge d’événements intéressants, comme Luminato, promoteur de diversité et créativité des arts de la scène, Toronto Fringe Festival, branche canadienne du « Fringe movement » - un réseau international de théâtres indépendants ayant pour mission de soutenir les voix marginales et peu représentées -, ou encore Rhubarb Festival, véritable incubateur des arts de la scène de la culture queer canadienne.

De nombreux évènements et scènes qui sont autant d’occasions de découvrir (ou revoir) le travail d’hommes de lettres et dramaturges emblématiques de la province tels que Timothy Findley (1930-2002), bien connu en France (et d’ailleurs Chevalier des Arts et Lettres), George F. Walker, un des auteurs les plus prolifiques du pays, ou Robertson Davies, qui a bénéficié d’un petit succès en France dans les années 1990.