Découvrez l'Ontario : Les enjeux actuels

Mère nourricière pour les Premiers Peuples, terre convoitée par les colonisateurs européens, l'Ontario base encore de nos jours une partie de son économie sur ses abondantes richesses naturelles. Mais la province jouit avant tout d'une économie diversifiée et relativement équilibrée, axée principalement sur les industries manufacturières et le secteur des services financiers et commerciaux. Elle est également un terreau fertile dans les domaines de l'innovation et des nouvelles technologies, par exemple, ainsi qu'un lieu propice pour les entreprises en démarrage (startups). Si le contexte socio-économique se porte plutôt bien en Ontario, attirant quantité de visiteurs et de nouveaux arrivants, tout n'est pas au beau fixe dans la province. La pénurie de main-d'œuvre (notamment dans le Nord ontarien) ou encore l'arrivée au pouvoir en 2018 d'un gouvernement populiste sont des sujets chauds au cœur des débats de société actuels.

L'économie ontarienne en bref

Province la plus peuplée du Canada, l'Ontario est le foyer économique du pays. C'est le plus grand pôle informatique d'Amérique du Nord après la Silicon Valley et c'est ici également que l'on retrouve les plus grands secteurs manufacturiers du continent. L'industrie automobile arrive bonne première, incluant le développement du transport intelligent grâce à la Supergrappe de la fabrication de pointe basée dans la province. L'Ontario héberge aussi bon nombre d'entreprises de technologies propres ainsi que la plus importante industrie des services financiers au pays, sans oublier la présence du gouvernement fédéral à Ottawa qui attire de nombreuses entreprises et des organismes internationaux. Les autres secteurs clés de l'économie ontarienne sont : l'aérospatiale, l'automatisation industrielle et la robotique, l'extraction minière, l'exploitation forestière, la fabrication de produits alimentaires et de boissons, les produits chimiques et biochimiques, les sciences de la vie (notamment les produits pharmaceutiques, les instruments médicaux et les biotechnologies), les technologies de l'information et le tourisme.

Toronto, grand centre financier

Métropole figurant au top 5 des places financières d'Amérique du Nord, la ville de Toronto a connu un véritable boom financier dès le XXe siècle alors que des capitaux ont massivement été investis dans le secteur minier. Pendant cette période s'ajoutent le développement de l'ouest du continent, la croissance de l'économie américaine, l'essor phénoménal de l'industrie automobile et le déménagement de nombreux sièges sociaux et usines à Toronto, lesquels étaient auparavant basés à Montréal.

Dans les années 1930 et 1940, la plus haute tour du Commonwealth se trouvait à Toronto et abritait la Bank of Commerce. À l'aube du XXIe siècle, ce sont les puissants groupes financiers qui ont donné à la ville son renom international. Les principales banques canadiennes (plus une cinquantaine de l'international), les plus grandes compagnies d'assurances, les principaux trusts du pays y ont leur siège, et la Bourse (TSX) est devenue la 2e d'Amérique du Nord en plus de figurer dans le top 10 mondial.

En 2016, selon la 7e et plus récente édition de l'étude Cities of Opportunity du cabinet PwC qui analyse les performances économiques, sociales, culturelles et environnementales de 30 grandes villes mondiales, Toronto se plaçait 3e derrière Londres et Singapour. À l'automne 2019, le Global Financial Centres Index (GFCI) a publié sa 26e étude portant sur les grands centres financiers du globe. Toronto a chuté de 18 points, ce qui lui a fait perdre sa place dans le top 10 mondial, passant de la 7e à la 11e place. Seule une autre ville nord-américaine figure dans les 10 premiers, soit New York qui trône encore et toujours au sommet du palmarès. Sans surprise, les centres financiers mondiaux qui se sont distingués en raflant 7 des 10 premières places sont situés dans la région Asie-Pacifique.

Centre nord-américain de la fabrication

S'étendant du Midwest, dans la région des Grands Lacs, jusqu'à la côte est américaine, la Manufacturing Belt (ceinture des usines) représente une région qui fut marquée par le développement de l'industrie lourde. Dans les années 1970, avec le déclin de cette industrie, on la surnomma Rust Belt, ou ceinture de rouille, en raison de la fermeture et de l'abandon de nombreuses installations industrielles. Cela dit, avec le temps, la fabrication s'est renouvelée et diversifiée pour inclure, par exemple, les technologies de l'information ou encore la biotechnologie.

En Ontario, c'est un secteur encore très important avec des industries clés telles que l'automobile, les technologies de l'information et de communications, la biotechnologie, les produits pharmaceutiques et les dispositifs médicaux.

En ce qui concerne l'industrie automobile, elle a fait son entrée en Ontario en 1904 lorsque Ford Motor Company of Canada a construit sa première usine à Windsor. Cent ans plus tard, plus de 2 600 000 véhicules légers étaient produits en Ontario, dépassant ainsi son rival frontalier, l'État du Michigan. L'Ontario devint dès lors la plus grande juridiction d'Amérique du Nord en termes de production automobile, abritant des centaines d'équipementiers et une quinzaine d'usines d'assemblage dirigées par les sept plus grands constructeurs du monde. Suite au ralentissement économique des dernières années et à la « perte de vitesse » des produits nord-américains face à la compétition asiatique, plusieurs fermetures et mises à pied ont durement touché l'économie provinciale. L'industrie qui faisait autrefois « battre le cœur » de l'Ontario s'enlise graduellement. On se rappellera d'ailleurs que General Motors (GM) avait annoncé la fermeture de l'usine d'assemblage d'Oshawa, en banlieue de Toronto, pour la fin de l'année 2019. Mais coup de théâtre : 300 postes sur les quelque 2 600 seront finalement sauvés alors qu'une partie de l'usine restera en opération grâce à un investissement de GM de l'ordre de 125 millions de dollars américains (170 millions de dollars canadiens).

Si la province demeure un important centre manufacturier, il faut toutefois noter que c'est le secteur tertiaire qui constitue la plus grande partie de l'économie ontarienne, soit environ les trois quarts. Il est représenté par les services commerciaux et financiers, les services professionnels, scientifiques et techniques, sans oublier les arts et la culture.

L'abondance des richesses naturelles

Autre grande force de l'économie ontarienne, la province dispose de vastes forêts, d'industries extractives, de terres agricoles riches, d'innombrables et gigantesques plans d'eau et d'un bon potentiel hydroélectrique.

Dans le secteur agricole, l'Ontario peut s'enorgueillir de posséder plus de la moitié des terres de classe 1 (la plus haute qualité) au pays. Les principales régions agricoles sont Stratford-Bruce Peninsula, Hamilton-Péninsule de Niagara, Kitchener-Waterloo-Barrie, London et Windsor-Sarnia, ainsi qu'une partie du Nord-Est dans les environs de l'autoroute 11 (Timmins, Hearst...). Fermes d'élevage (volaille, porcs, bœufs...), production laitière, cultures commerciales (maïs, soja, céréales mélangées...), cultures fruitières (raisins, pommes, baies...), légumes, végétaux de pépinière et fleurs représentent l'essentiel de la production agricole ontarienne. Il faut cependant noter que le nombre de fermes a passablement diminué dans les dernières décennies, passant de 67 520 en 1996 à 49 600 en 2016.

La foresterie est un autre secteur important, lui qui soutient environ 200 000 emplois directs et indirects à travers la province, sans oublier l'industrie minière encore aujourd'hui capitale. Si l'Ontario figure en tant qu'important producteur de zinc, de cuivre, d'or, de cobalt et d'argent, c'est grâce au nickel et aux métaux du groupe du platine que la province s'illustre, se classant même parmi les dix plus grands producteurs au monde. Dans le sud de la province, on retrouve l'industrie gazière et pétrolière mais aussi des exploitations de minéraux non métalliques, comme le sel, la chaux et le gypse.

Une des top destinations touristiques au pays

Le tourisme est au beau fixe en Ontario. D'ailleurs, plusieurs régions connaissent des saisons touristiques exceptionnelles depuis quelques années, voire record avec des taux d'occupation inégalés. Les trois régions touristiques les plus visitées en Ontario sont Toronto, la péninsule de Niagara et Ottawa, mais des régions plus éloignées, telle que la péninsule Bruce, ont également le vent dans les voiles. Il faut dire que la faiblesse du dollar canadien joue un rôle non-négligeable, incitant les Ontariens à passer leurs vacances dans la province et attirant du même coup les visiteurs internationaux pour qui le taux de change est plus qu'intéressant. L'Asie (Chine, Corée du Sud, Inde...), l'Europe (Royaume-Uni, Allemagne, France...), le Mexique et les États-Unis comptent parmi les principales arrivées internationales à l'un des cinq aéroports internationaux, dont Toronto Pearson qui figure 2e en termes d'achalandage en Amérique du Nord, et 14 passages frontaliers terrestres.

À savoir que près de 200 000 entreprises œuvrent dans les secteurs associés au tourisme (hôtellerie, restauration, transport, etc.) pour un total d'environ 390 000 emplois. Cela représente 5,5 % de tous les emplois en Ontario et des recettes touristiques de l'ordre de plus de 34 millions de dollars.

Enjeux politiques et sociaux

Depuis son élection en juin 2018, le gouvernement progressiste-conservateur de l'Ontario, sous la gouverne de Doug Ford, suscite de plus en plus la grogne chez les Ontariens. Retrait du marché du carbone commun avec le Québec et la Californie, annulation de la hausse du salaire minimum, mise en œuvre d'un controversé programme pour l'autisme, coupes budgétaires dans le secteur de l'éducation, etc., ont fait en sorte que le gouvernement a atteint des sommets d'impopularité un an seulement après son entrée au pouvoir. Il malmène également les droits des communautés en situation minoritaire comme les Franco-Ontariens (ex. : coupes budgétaires dans les services aux francophones) ou encore les Autochtones (ex. : élimination du Fonds culturel autochtone du Conseil des arts de l'Ontario). La province vit également d'autres enjeux comme la hausse de la criminalité à Toronto et le manque de main-d'œuvre grandissant lié au vieillissement de la population. Et comme presque partout ailleurs, il faut aussi surveiller les nouvelles sciences technologiques (intelligence artificielle, big data, cryptomonnaies, etc.), l'antiféminisme, la discrimination systémique, les paradis fiscaux, la réforme du mode de scrutin, les fake news, la transformation des villes, l'effet Trump sur les flux migratoires dans le sud de la province...

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