Milan et ses jardins
Jardin préféré des Milanais, le Giardini publicci Indro Montanelli est un havre de paix pour toutes les générations. Ce parc remontant au XVIIIe siècle, aujourd’hui dédié au célèbre journaliste Indro Montanelli, héberge le musée municipal d’Histoire naturelle, le Planétarium et le Palazzo Dugnani (XVIIe siècle). Juste à côté, le Giardino della Villa Belgiojoso Bonaparte est le seul jardin de la ville réservé aux personnes accompagnées d’enfants. Idéal donc si vous êtes en famille ! Enfin le Giardino della Guastalla est un tout petit parc au sud-est de la ville, très romantique. Ouvert en 1939, c’est le premier jardin public de la ville. On y trouve un joli petit bassin à poissons entouré d’une belle balustrade en granit.
Le lac Majeur
La route des jardins se parcourt au fil des différents lacs d’ouest en est. Le lac Majeur ouvre la marche.
C’est grâce à Venise et son port marchand que la région des Lacs a profité des échanges commerciaux pour découvrir de nouvelles plantes, fleurs et légumes exotiques, venant des quatre coins du monde. Symbole d’un statut, la mode était d’acheter des plantes rares. De nombreux jardins abritaient des serres pour toutes ces plantes exotiques. Puis, à la fin du règne de Napoléon, quand l’Italie fut enfin unifiée, une nouvelle classe moyenne apparut. Et, peu à peu, les jardins ne sont plus réservés aux seuls aristocrates, l’horticulture se démocratisa.
Les jardins les plus célèbres des Lacs italiens se trouvent sur les îles lacustres du lac Majeur : les îles Borromées. Ce petit archipel compte trois îles : l'Isola Madre, l'Isola Bella et l'Isola dei Pescatori.
Côté jardins, c’est l'Isola Madre qui tire son épingle du jeu. Le jardin botanique est l’un des plus anciens et des plus riches d’Italie. En 1632, Carlo Borromeo, gouverneur du lac, a voulu que cette île soit transformée en une pyramide de terrasses. Il aura fallu quarante ans pour y parvenir ! Mais comme le gouverneur ne possédait pas toutes les maisons de l’île, et certains pêcheurs refusant de vendre, le jardin a dû les contourner, lui donnant sa forme si particulière. Du rocher nu qu'était l'île au départ, ce lieu se fit d’abord verger, puis orangeraie au XVe siècle. Le comte Giberto Borromeo et son fils Vitaliano le transformèrent au début du XIXe siècle en un merveilleux parc à l'anglaise. Des plantes d’Australie, du Tibet, du Pérou et du Chili poussent ici grâce à un microclimat qui tempère le froid des montagnes voisines. Extraordinaire, un cyprès du Cachemire de 25 mètres de haut s’élève face au palais. Une violente tempête manqua de le déraciner en 2006 ; aujourd’hui, un système de câbles et de pylônes ancre solidement au terrain cet arbre vieux de 150 ans, unique en Europe.
Au milieu des plantes tropicales se pavanent une multitude de poules, de faisans sauvages, de perroquets colorés et de paons bleus et blancs ; de quoi porter au summum le dépaysement de ce jardin enchanteur. On ne pourra que donner raison à Flaubert, qui découvrit l'île en 1845 et écrivit à son sujet : « L'Isola Madre, paradis terrestre. Arbres à feuilles d'or que le soleil dorait. »
A Gignese, on profite d’un jardin botanique alpin où poussent en silence quelque 800 essences d’arbres et autres espèces végétales.
A Verbania, les jardins féeriques de la Villa Taranto sont un immanquable. Exemplaire unique de jardin à l’anglaise, ces jardins naquirent de la passion pour la botanique du capitaine écossais Neil McEacharn, qui acquit la villa et son parc en 1931. Bosquets, serres, jardins en terrasse, fontaines et jeux d’eau animent le paysage du jardin qui peut se vanter de posséder un patrimoine botanique de plus de 1 000 plantes autochtones et environ 20 000 espèces importées des cinq continents, dont un châtaignier vieux de quatre siècles. Automne, printemps ou été, les jardins de Villa Taranto offrent aux amoureux de botanique ou tout simplement aux visiteurs curieux une palette de couleurs à chaque fois spectaculaire.
A Angera, on se laisse séduire par la Rocca Borromeo. Ce château est entouré par un jardin médiéval sophistiqué, où de talentueux jardiniers s’emploient à recréer les atmosphères végétales de l’époque.
Côté suisse du lac, se cache sur l’une des îles (Isole di Brissago) un superbe parc botanique. Le Jardin botanique (2,5 ha) abrite plus de 1 500 espèces de plantes provenant de la Méditerranée, de l’Asie subtropicale, de l’Afrique du Sud, des Amériques et de l’Océanie.De Varese à Orta
A Varese, la ville est surnommée « ville jardin ». Un parc public en particulier retient notre attention : les jardins du Palais Estense. C’est l’un des rares jardins gratuits et c’est une halte forte agréable notamment l’été.
Le long du lac de Lugano, au printemps et à l’été, le jardin botanique San Grato, dans la commune de Carona, est un joyau de 30 000 m2 qui invite le visiteur à découvrir à pied les rhododendrons et les azalées en fleur ainsi que la grande variété de plantes.
A Orta, quelques beaux jardins sont visibles comme celui de la Villa Bossi dans la commune d’Orta San Giulio. Son jardin qui donne directement sur le lac permet de profiter d’une superbe vue sur l’île de San Giulio.La photogénie du lac de Côme
C’est au début du XIXe siècle que les rives du lac vont changer, avec l’arrivée et l’installation de riches familles italiennes dans de sublimes villas. Les jardins vont être conçus dans le but d’être appréciés depuis le bord de l’eau, plutôt que depuis la rue. C’est aussi pour ça que les tours en bateau sont particulièrement appréciés pour admirer la beauté des lieux dans son ensemble. Certaines villas n’ont même pas d’accès terrestre mais uniquement par le lac ou par hélicoptère.
Ici, on flâne entre les villages, admirant les villas et les sublimes jardins qui les accompagnent, comme dans le village Bellagio. On pousse jusqu’au Giardini di Villa Melzi, un magnifique jardin au bord du lac, symbole du raffinement de l’époque. Il s’agit du premier exemple de jardin à l’anglaise sur le lac de Côme où les paysages et les perspectives se découvrent au fil des sentiers, de la végétation et des plans d’eau. Le célèbre romancier Stendhal a fait plusieurs séjours dans cette villa, son œuvre en garde des traces, notamment dans La Chartreuse de Parme, où il décrit le lac de Côme comme l’un des plus beaux : « La comtesse se mit à revoir, avec Fabrice, tous ces lieux enchanteurs voisins de Grianta, et si célébrés par les voyageurs : la villa Melzi de l’autre côté du lac, vis-à-vis le château, et qui lui sert de point de vue au-dessus le bois sacré des Sfondrala, et le hardi promontoire qui sépare les deux branches du lac, celle de Côme, si voluptueuse, et celle qui court vers Lecco, pleine de sévérité : aspects sublimes et gracieux, que le site le plus renommé du monde, la baie de Naples, égale, mais ne surpasse point. »
Pour l’anecdote, au XIXe siècle, ce jardin a causé une rivalité entre deux des plus hommes les plus puissants du pays. Melzi a commencé, en 1808, à faire son jardin à l’anglaise, le tout ouvert sur le lac et les montagnes. Juste en face, sur l’autre rive, dans la Villa Carlotta, l’homme politique italien, Sommariva, jaloux que Melzi soit vice-président de Napoléon, décida d’offrir un jardin encore plus beau à sa villa. A Tremesso, depuis la Villa Carlotta, on peut observer la Villa Melzi. Et si vous comparez, à votre avis, qui a gagné la guerre des jardins entre Melzi et Sommariva ?
Un peu plus loin, c’est le parc Villa Serbelloni qui offre l’un des plus beaux jardins d’Italie, riche en plantes séculaires, rares et exotiques. En automne, il se pare de magnifiques couleurs.
On prend la route des Lacs et si l'on part vers Côme, on fait une halte à Cernobbio pour découvrir la Villa d’Este, qui abrite un magnifique jardin à l’italienne. Elle a d’ailleurs été mise à l’écran par Alfred Hitchcock en 1925 dans Le Jardin du plaisir.
Impossible de ne pas parler de la célèbre Villa del Balbianello, à Lenno. Elle a servi de décor pour tourner certaines scènes des derniers Star Wars et de Casino Royale. Pour Star Wars, c’est l’Episode II : L’Attaque des clones, Anakin y rejoint Padme et ils s’échangent un baiser dans le jardin. S'il fallait en voir qu’une seule parmi les villas du lac du Côme, c’est celle-ci qu’il faudrait choisir, tant la beauté de son cadre et le charme que dégagent son architecture et ses jardins sont impressionnants. Une végétation soignée, des statues à l’antique, des fontaines et des balustrades en pierre finement sculptées agrémentent ces jardins magiques qui descendent vers les eaux du lac dans une alternance de doux dégradés et de rochers abrupts.Le lac de Garde
Côté lac, on ne manquera pas l’Isola del Garda, une petite île lacustre. Sur cette île, la sublime Villa Borghese et ses jardins luxuriants vous attendent.
A Gardone Riviera, on visitera le Giardino botanico fondazione André Heller. On y trouve plus de 2 000 espèces de fleurs et de plantes, provenant du monde entier. Aujourd’hui, le jardin appartient à André Heller qui l’a associé à une fondation. Ce jardin botanique est désormais parsemé d’œuvres d’art contemporain dont une de Keith Haring.
Pour en savoir plus sur les jardins des Lacs italiens, ne manquez pas l’épisode 4 de la série documentaire Monty Don’s Italian Gardens (sur Netflix avec sous-titres français et trouvable sur YouTube en VO anglaise). Par ailleurs, les trois premiers épisodes consacrés respectivement à Rome, Florence et Naples sont tout aussi passionnants. Le travail est remarquable et permet de mieux comprendre leur passé et les idées qui les ont façonnés.