Découvrez les Îles Ioniennes : Religions

Le christianisme orthodoxe est, avec la langue grecque, le ciment de la société. Autant dire que les Grecs sont très attachés à leur Église, même quand ils sont peu pratiquants, agnostiques, voire athées ou d’une autre confession. L’institution est aussi bien plus en lien avec le reste de la société que l’Église catholique en Occident, ne serait-ce que grâce au mariage des prêtres. Et malgré les prêches parfois virulents de certains prélats envers le divorce, l’avortement ou l’homosexualité, le clergé se montre dans son ensemble assez tolérant, puisque partageant les mêmes réalités que les fidèles. L’Église orthodoxe encourage les actes de dévotion, notamment le culte des icônes. Plus étonnant, elle accompagne certaines superstitions qui n’ont plus grand-chose à voir avec la religion. Car elle se veut également une Église ouverte, en phase avec les croyances populaires. Et, en Grèce, justement, ce n’est pas ce qui manque…

Le poids de l’orthodoxie

Dans les îles Ioniennes, comme dans le reste du pays, la population est composée à 98 % de chrétiens orthodoxes. De moins en moins pratiquants, ils restent cependant très attachés à leurs églises et à leurs monastères qu’ils fréquentent en nombre pour les grandes cérémonies religieuses… et civiles. L’Église orthodoxe grecque et l’État grec ne sont toujours pas séparés et les prêtres sont rémunérés en tant que fonctionnaires. Si l’orthodoxie n’est plus la religion officielle, l’Église demeure un acteur incontournable en Grèce. Alors qu’elle est le plus riche propriétaire foncier du pays, ses relais dans les cercles du pouvoir font qu’elle échappe toujours aux impôts.

Pâques au balcon…

Vous n’y couperez pas si vous êtes dans les îles Ioniennes durant cette période : pendant les fêtes de Pâques, la vie tourne au ralenti, rythmée par les célébrations religieuses. Rien qu’à Corfou, une vingtaine de fanfares défilent dans les rues ! Les festivités commencent le dimanche des Rameaux, lorsque les familles se rassemblent et préparent les traditionnels gâteaux aux amandes et au miel. Le Vendredi saint, les cloches retentissent dans toute la ville. Les rues sont envahies de processions, avec un epitaphios, un cercueil et une icône du Christ, qui est déplacé dans la ville. Le samedi de Pâques, à 11h, les cloches sonnent et soudain des fenêtres des milliers de pots d’argile pleins d’eau sont lâchés dans les rues. Attention à vous ! Cette coutume serait influencée par les Vénitiens qui avaient l’habitude au Nouvel An de lancer depuis les balcons les vieux objets comme un signe de renouvellement. Les fanfares se mettent alors à jouer de la musique à travers la ville. Le soir, vers minuit, les Grecs se rendent à l’église et attendent que le pope dise « Christos Anestis » (« le Christ est ressuscité ») pour prendre la lumière de Jérusalem avec leur bougie et la ramener avec précaution jusqu’à chez eux. La lumière protège le foyer du mauvais œil et du mal en général. C’est à ce moment-là aussi que des feux d’artifice sont tirés dans la baie de Corfou, un décor magique ! Samedi après la messe et la Résurrection, il est commun d’aller manger la magiritsa (une soupe à base d’abats) et des œufs peints en rouge. Le dimanche, les familles se réunissent et mangent de l’agneau rôti à la broche et se reposent. Vous pourrez à ce moment aller dans les alentours de Corfou dans la campagne et vous vous régalerez ! Le lundi de Pentecôte, 50 jours plus tard, une nouvelle célébration a lieu. Attention : les hôtels affichent souvent complet pendant la période.

Une émouvante présence juive

Malgré l’écrasant poids de l’orthodoxie, le judaïsme occupe une place à part dans les îles Ioniennes. Les juifs sont arrivés à Corfou en 1160. Ils étaient essentiellement des Romaniotes (parlant le grec) des Balkans. Ils étaient persécutés sous le régime byzantin. Ce n’est qu’au XIVe siècle qu’ils ont pu acquérir des droits, leur permettant notamment de posséder des terres et des vignobles. Sous les Vénitiens (1386-1797), ils devinrent prospères. Ils rejoignirent les rangs de l’armée, purent prêter de l’argent aux nobles, faire du commerce, être médecins ou notaires. Mais les attaques étaient régulières et en 1622 le Doge construisit un ghetto pour les juifs de l’île. Après l’expulsion des juifs d’Espagne et du Portugal, une nouvelle vague s’installa à Corfou. Ils furent rejoints par des juifs italiens. Deux communautés, les Romaniotes et les Séfarades, cohabitèrent. Ils avaient leurs vies distinctes avec leurs propres synagogues et cimetières. Quand Napoléon conquit Corfou en 1797, il donna des droits égaux aux juifs. En 1802, près de 1 229 juifs s’étaient installés sur l’île. En 1864, la communauté juive contribua à l’indépendance grecque face à l’Empire ottoman. Mais ils attisaient encore des jalousies et étaient souvent victimes de pogroms, notamment en 1891, ce qui conduisit certains juifs à émigrer. Au début de la Seconde Guerre mondiale, Corfou avait une communauté juive de 2 000 membres. Sous l’occupation italienne, ils n’étaient pas persécutés. Mais avec l’arrivée des Allemands, la donne changea vite. Si à Zante tous les juifs ont été sauvés grâce à l’action du métropolite qui les a cachés, à Corfou la communauté a été pratiquement entièrement exterminée par les nazis.

Sur les quatre synagogues qui existaient à Corfou, il n’y en a plus qu’une, « la Scuola Greca », qui a survécu, au 4 rue Velissariou, construite au XVIIIe siècle. Peinte en jaune à l’extérieur, la synagogue a été construite dans le style vénitien. A l’extérieur de la synagogue, une plaque rappelle qu’ici est né l’écrivain Albert Cohen, qui évoque son île natale dans nombre de ses œuvres. Une plaque posée tardivement en 2002 indique également le nom de tous les juifs corfiotes déportés par les nazis. La communauté juive de Corfou ne compterait plus que quelques dizaines de membres, contre 5 000 au XIXe siècle. L’influence de ces populations martyrisées demeure pourtant. On continue de se transmettre de mère en fille certaines recettes juives, comme la salade de fenouil aux oranges.

Croyances populaires

Restent enfin certaines superstitions, sans grand rapport avec la religion, mais qui participent à l’identité de la Grèce et de ces îles. Avant d’entrer chez quelqu’un, levez les yeux et vous verrez souvent sur le linteau de la porte une croix chrétienne tracée à la fumée de bougie. Cela signifie que l’habitation a été bénie par un pope. Le mauvais œil est un autre héritage des Perses arrivé en Grèce par les Ottomans. Appelé ici le mati (« œil »), c’est la crainte du pouvoir maléfique du regard de certaines personnes provoqué par la jalousie. Heureusement, il existe plein d’astuces pour ne pas être « matiassé ». Par exemple, chaque compliment susceptible d’engendrer la jalousie doit s’accompagner d'un petit mouvement de la langue sur la lèvre supérieure, comme lorsqu'on crache un pépin, répété trois fois avec l’onomatopée « ftoussou »… et plus ou moins de postillons. L’œil bleu des Grecs et des Turcs orne aussi quantité de maisons, bateaux et voitures, dans les îles Ioniennes.

La grenade est un fruit censé porter chance. Il est suspendu aux maisons à la période de Noël et, le 31 décembre à minuit, on l’écrase au sol. Plus les graines se répandent, plus on aura de chance et de bonheur au cours de l’année qui commence.
Organisez votre voyage avec nos partenaires aux Îles Ioniennes
Transports
Hébergements & séjours
Services / Sur place
Envoyer une réponse