Découvrez l'Andalousie : Environnement

S’il fait bon vivre en Espagne, c’est aussi parce que l’environnement y est appréciable. Le pays est bien engagé dans la transition énergétique, et de nombreuses villes prennent les questions écologiques de plus en plus au sérieux. En Andalousie, cela passe par une attention portée à la gestion des déchets, au développement des énergies solaire et éolienne, et à une gestion intelligente des espaces protégés. Dans cette région parmi les moins riches de l’Espagne, le tourisme est un levier économique important. Les amoureux de la nature y trouveront largement leur bonheur, entre la découverte d’un écosystème marin bien préservé, des chaînes de montagnes se prêtant à de multiples activités ou encore des terres qui abritent une inventivité certaine en termes d’écologie. Pourtant, d’autres secteurs, à commencer par l’agriculture et la construction, jouent en la défaveur de la préservation de cet environnement. D’où la nécessité de poursuivre la transition.

De splendides richesses naturelles à protéger

Trois des 16 parcs nationaux que compte l’Espagne se trouvent en Andalousie : celui de Doñana, celui de la Sierra Nevada et celui de la Sierra de las Nieves.Tous les trois sont classés réserve de biosphère par l’UNESCO. Le Parc national de Doñana, d’une superficie de plus de 104 000 hectares, est une ancienne réserve de chasse constituée de plages, dunes et marais. C’est un incontournable de la région, un paradis pour la faune et la flore. Il abrite des millions d’oiseaux migrateurs, ainsi que des espèces malheureusement en danger critique d’extinction, telles que l’aigle impérial, le lynx ibérique et la tortue mauresque. La Sierra Nevada est une chaîne de montagnes propice aux randonnées, mais également au ski : elle abrite la station Sol y Nieve, l’une des plus connues et des mieux équipées d’Espagne. Ce massif montagneux comprend les deux sommets les plus élevés de la péninsule : le Mulhacén (3 479 m) – situé dans l’Alpujarra– et le Veleta (3 398 m), entourés du Parc national de la Sierra Nevada d’une superficie de 86 208 ha, qui comprend 44 villages. C’est au-dessus de Marbella que se trouve le parc national de la Sierra de las Nieves. D’une superficie de près de 23 000 hectares, il abrite de nombreuses grottes et galeries se prêtant à la spéléologie mais c’est aussi le territoire du pin bleuté de l’Andalousie, le pinsapo.

La région compte également de nombreux parcs naturels englobant reliefs et littoraux, comme le Parc naturel Cabo de Gata Nijar, réserve de la biosphère depuis 1997, qui s’étend sur 26 000 ha de terre et 12 000 ha de mer. Ses eaux limpides sont propices à la plongée. Malheureusement, certains promoteurs immobiliers corrupteurs bafouent la notion de parc naturel en construisant des édifices sans aucun permis. L’Asociación Amigos del Parque Natural Cabo de Gata-Níjar s’est constituée pour lutter contre cela. Au sud-ouest de la province de Córdoba, le Parc naturel Sierra Subbética est un splendide espace protégé de 31 560 ha avec une végétation de type méditerranéen. Les communes de ce secteur développent un tourisme rural réfléchi, qui permet d’y profiter d’une certaine qualité de vie. D’une superficie de 51 600 hectares, le Parc naturel Sierra de Grazalema s’étend lui jusque dans la province de Málaga. L’emblème de cet espace protégé verdoyant est une espèce botanique rare, le pinsapo, un pin relique de l’ère tertiaire qui pousse à une altitude de 1 000 m et qui a pu perdurer grâce à l’arrosage des fortes pluies qui caractérisent cette belle région. Le Parc naturel des Sierras de Cazorla, Segura et las Villas abrite 1 200 espèces animales. Les botanistes avertis pourront y observer des espèces aussi dissemblables que la violette de Cazorla ou la grasilla, une plante carnivore.

Au-dessus de la Costa del Sol, de Marbella à Estepona, se trouve la chaîne de montagnes Sierra Bermeja. Elle doit son nom (Bermeja signifie vermeil) à la couleur de ses roches. On y trouve une végétation très spécifique, avec des espèces de type galium viridiflorum ou staelina baetica. Près de 85 % des espèces végétales présentes dans la Sierra Bermeja sont incluses dans la directive européenne, Natura 2000, du fait de leur caractère endémique, dont les sapins d’Andalousie, situés au sommet et en voie de disparition. On peut aussi citer, parmi les richesses naturelles de l’Andalousie, le Parc naturel de la Baie de Cadix, les marais de Barbate, du Tinto et d’El Odiel, ou encore la Flecha de Nueva Umbría. Notons par ailleurs qu’une grande partie des plages de la région sont classées Pavillon Bleu. Le Conseil de l’Environnement (Consejería de Medio Ambiente) de la Junte d’Andalousie mène une politique volontariste pour protéger ces espaces, identifier les menaces qui pèsent sur l’environnement et en informer le public. Mais ses efforts ne suffisent pas toujours…

Une région particulièrement exposée au changement climatique

Le climat ainsi que la situation géographique expliquent la vulnérabilité de l’Andalousie. La province de Huelva a été touchée par de graves incendies en 2017. Lors de la canicule de 2023, les températures ont pu atteindre jusqu’à 48 °C dans le sud de l’Espagne. Et la gota fría (DANA) de novembre 2024 a affecté l’Andalousie, notamment à Malaga, Jerez et même Séville en provoquant de fortes inondations mais pas de décès. La province d’Almería abrite Tabernas, le seul désert du continent européen. 300 kilomètres carrés de terres arides protégées dans un parc naturel depuis 1989, mais qui ne cessent de gagner du terrain, en raison du réchauffement climatique. La population espagnole est, comme ailleurs en Europe, de plus en plus sensible à ces questions. Des milliers de jeunes ont participé à des marches pour le climat les vendredis, dans la foulée de l’appel lancé par la militante suédoise Greta Thunberg. Mais ce sujet peine à émerger au milieu de toutes les autres problématiques politiques qui agitent le pays, dont l’indépendantisme et la montée de l’extrême droite, notamment.

Une agriculture surexploitée

L’agriculture représente 40 % du PIB de l’Andalousie et emploie plus 120 000 personnes. La province de Jaén produit des olives, celle de Huelva est connue pour ses fraises. On y élève aussi bovin et porcin pour produire les fameux jambons « serrano » et « ibérique ». Mais la plus grosse production est sans conteste celle d’Alméria, où se trouvent plus de 40 000 hectares de serres qui forment ce que les environnementalistes appellent « une île de plastique ». Des fruits et légumes tels que des tomates, concombres et fraises sont produits ici de manière intensive, pour alimenter les étals européens, non sans impact sur l’environnement : la région fait régulièrement l’objet de reportages peu élogieux dénonçant la sobreexplotado (surexploitation) des ressources naturelles, l’utilisation d’engrais chimiques et surtout les conditions de travail des nombreux travailleurs immigrés employés dans ces exploitations. La gestion de l’eau, dans un contexte de dérèglement climatique, est l’une des problématiques environnementales les plus préoccupantes de la région. Et pas seulement à Alméria. Les nappes phréatiques se vident à cause de cette agriculture et parce que certaines exploitations ont recours à des puits illégaux – il y en aurait plus d’un million à travers le pays selon Greenpeace Espagne. Le Parc de Doñana est ainsi menacé par la culture des fraises qui assèche ses sols et fait face à un problème de désertification. À tel point qu’en janvier 2019, la Commission européenne a assigné l’Espagne devant la Cour de justice de l’Union européenne pour n’avoir pas pris les mesures adéquates pour protéger les masses d’eaux souterraines de Doñana. Les associations environnementales telles que FACUA Andalucía (association de défense des consommateurs), Fundación Savia, Red Andaluza Nueva Cultura del Agua, Ecologistas en Acción, Fundación Nueva Cultura del Agua ou encore WWF se mobilisent sur ce sujet. Un pacte a été finalement signé en novembre 2024 entre la Junta et le ministère de la transition écologique afin d’empêcher l’exploitation agricole de nombreuses étendues d’eau  et qui prévoit  notamment l’intensification des vetos concernant l’irrigation illégale et des investissements de 1 400 millions d’euros pour les municipalités situées dans les alentours du parc. Ce n'était pas la seule menace pesant sur le Parc de Doñana. En 1998, un barrage de la mine de pyrite d’Aznalcóllar avait cédé, déversant des boues toxiques dans les environs du parc. Malgré cette catastrophe, en 2015, l’administration régionale a désigné l’entreprise Grupo México pour exploiter à nouveau cette mine. En 2024 la Junta de Andalucia a donné son feu vert à l’ouverture d’une nouvelle mine  d’Aznalcóllar, après avoir passé le cap des démarches des autorisations environnementales. Avec en projet, 450 millions d’euros d’investissements pour extraire 45 millions de tonnes de matériaux (cuivre, zinc, plomb) à partir de 2027 et créer 2 000 emplois directs et indirects.

Et le bio dans tout ça ?

Les agriculteurs l’ont toutefois bien compris, l’avenir est au bio. Près de la moitié des exploitations conventionnelles en Andalousie, que ce soit dans les céréales, les fruits ou les légumes, sont en cours de conversion et la province abrite déjà la moitié des terres espagnoles cultivées en bio. On retrouve les tomates, concombres ou pastèques bio d’Almería à des coûts de moins en moins élevés dans les supermarchés européens. Reste à savoir à quel prix… Certaines entreprises sont accusées de ne pas respecter les normes sociales et environnementales. Heureusement, associations et médias veillent au grain, et n’hésitent pas à les dénoncer, mais ce travail de sensibilisation prend du temps.

Pour en savoir plus sur la problématique de l’agriculture en Andalousie et les alternatives qui se développent, sachez que l’association Danyadara, à Villamartín, propose des « éco-tours » sur ces sujets. Elle organise également des stages pour apprendre la permaculture. Il est également possible de faire de l’agritourisme dans certaines fermes bio d’Andalousie. Par exemple, à la ferme Los Portales, à Castilblanco de los Arroyos, dans la province de Séville, qui fait également gîte. On peut y découvrir la fabrication du fromage de chèvre, du pain et des cultures potagères bio. Sinon, près de Ronda, le projet LA Organic Experience permet de découvrir des productions d’huile d’olive respectueuses de l’environnement, sur une exploitation de 26 hectares agrémentée d’œuvres de Philippe Starck. Il est également possible de loger sur place.

Les alternatives en action

Est-ce lié à son climat ou son histoire politique ? L’Espagne est un pays propice à la créativité, et différentes communautés, plus ou moins grandes y développent des modes de vie alternatifs, notamment sur le plan écologique. En Andalousie, l’un des meilleurs exemples de cette inventivité est l’écovillage Molinos del Río Agua, dans le Parc naturel Karst en Yesos de Sorbas. Le projet Sunseed, créé par des Anglais dans les années 1980, consiste à développer des solutions pour lutter contre la désertification : utilisation de l’énergie solaire, filtrage de l’eau, etc. Il accueille des volontaires toute l’année. On trouve aussi dans ce village une maison autosuffisante, La Casa de La Realidad, une école ou encore des productions en permaculture. Inspirant !

Plus politique, mais également né de la volonté de faire de l’agriculture autrement, dans la province de Séville, le village de Marinaleda et ses 2 700 habitants ont développé un système d’autogestion. Réunis au sein d’une coopérative, tous les ouvriers agricoles reçoivent le même salaire et sont logés pour 15 euros par mois. Cette communauté créée en 1979 attire des curieux du monde entier. Enfin, dans un esprit un peu « Rainbow Family », la communauté de Beneficio, sur les hauteurs du village d’Órgiva, dans le Parc naturel de la Sierra Nevada, essaie de développer des modes de vie plus écolos, alternatifs et solidaires depuis vingt-cinq ans, avec plus ou moins de réussite, mais avec une créativité certaine.

Quelques jardins remarquables

Les fans de plantes trouveront leur bonheur au Jardin botanique de Cordoue, abritant un musée ethnobotanique et un musée paléobotanique ainsi qu’une serre divisée en différents microclimats. Il y en a également un majestueux à Málaga, le Jardin botanique La Concepcion, avec 5 000 espèces de plantes tropicales, subtropicales ou autochtones. Sinon, le Jardin Botánico de Cactus, dans le Parc naturel de la Sierra de las Nieves, dans le petit village de Casarabonela détient l’une des plus grandes collections de cactus d’Europe.

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