Par trois fois, les Ardennes se sont transformées en terrain d'affrontements entre les armées françaises et allemandes, auxquelles se sont joints des soldats d’autres nationalités, témoins de la mondialisation des conflits.
Par trois fois, les populations ont subi l’invasion, l’occupation, la libération puis la reconstruction, faisant suite aux dévastations de la guerre.
Par trois fois, le territoire s’est couvert de cimetières et de mémoriaux, dont la présence perpétue encore aujourd’hui le souvenir de ces évènements.
En août 1870, l’armée impériale française enchaîne les défaites face aux armées allemandes coalisées. Tandis que l’armée de Lorraine est enfermée dans Metz, une armée est reconstituée au camp de Châlons pour se porter à son secours. Accompagnée de l’empereur Napoléon III, elle traverse les Ardennes, poursuivie par deux armées allemandes.Le 1er septembre, elle se retrouve acculée dans la cuvette de Sedan, contrainte d’y livrer bataille. Sa position lui interdit toute possibilité de manœuvre et elle se retrouve bientôt encerclée, sous le feu de 400 canons. Elle capitule au matin du 2 septembre.L’évènement connaît un retentissement considérable. La captivité de l’empereur provoque la déchéance du régime et la proclamation de la république. Napoléon III devient « l’homme de Sedan ». Pour la France, la défaite de Sedan est symbole de désastre, que vient atténuer l’image héroïque des marsouins à Bazeilles et des chasseurs d’Afrique à Floing. En Allemagne, la bataille de Sedan est célébrée comme une victoire fondatrice de l’uni cation du pays. Pour les Ardennes, la défaite de Sedan conduit à l’occupation du territoire par les troupes allemandes, une occupation qui se prolonge après la signature de l’armistice en janvier 1871. Le département reste occupé à titre de gage jusqu’au versement de l’indemnité de guerre et ne sera libéré qu’en juillet 1873.
En août 1914, les Ardennes connaissent de nouveau le choc de la guerre. Après l’échec des batailles aux frontières, l’armée française en retraite mène des combats retardateurs pour ralentir l’avancée allemande, notamment dans les régions de Sedan et de Signy-L’Abbaye. L’invasion allemande s’accompagne de multiples destructions et exactions à l’égard des populations civiles. Début septembre, la bataille de la Marne conduit à l’échec du plan allemand. Le front se stabilise dans une guerre de tranchées. Treize départements, dont le département des Ardennes dans sa totalité, subissent l’occupation pendant toute la durée de la guerre. Les plus hautes autorités allemandes s’installent dans les Ardennes jusqu’en 1916 : l’empereur Guillaume II à Charleville et le G.Q.G. à Mézières.La guerre devient totale. Soumise au blocus allié, l’Allemagne exploite toutes les ressources des territoires occupés pour participer à son e ort de guerre. Les Ardennes n’échappent pas à ce processus. Elles s’intègrent également dans le système des tranchées. Proches de la ligne de front, elles seront utilisées comme arrière-front par les troupes allemandes et verront se multiplier cantonnements, dépôts, hôpitaux...En novembre 1918, tandis que les pourparlers d’armistice sont engagés, une ultime o ensive est lancée dans la région de Vrigne-Meuse, où tomberont les derniers soldats de la guerre, parmi lesquels Augustin Trébuchon, tué le 11 novembre, quelques minutes seulement avant le cessez-le-feu.
En mai 1940, les Ardennes sont au cœur des combats de la campagne de France. L’armée allemande porte le coup principal de son attaque au centre du front, considéré comme le point faible du dispositif allié, à travers les Ardennes. Le front est percé sur la ligne de la Meuse, à Sedan, Monthermé et Dinant. La brèche ouverte permet aux divisions blindées allemandes de s’élancer vers l’ouest. La progression est rapide, entraînant l’exode massif des populations civiles.Une ultime tentative de redressement est tentée en juin, sur les lignes de la Somme et de l’Aisne. Le général de Lattre de Tassigny organise la défense dans la région de Rethel mais ne peut empêcher la percée qui s’est étendue sur toute la largeur du front. Les troupes allemandes se déploient vers le sud du pays. L’armistice est signé le 22 juin 1940.Les clauses de l’armistice découpent la France en plusieurs zones. La majeure partie du département ardennais est située en zone interdite, empêchant d’abord le retour de ses habitants.Une nouvelle fois, les Ardennais sont contraints de participer à l’e ort de guerre allemand. Plus de 100 000 hectares de terres sont con squés aux exploitants agricoles et mis en valeur dans le cadre de la WOL. A l’image des populations occupées, ils sont soumis aux di cultés de la vie quotidienne et le département ne reste pas à l’écart des mouvements de résistance et de collaboration. Il subit la déportation de ses populations juives. En 1944, tandis que l’Armée Rouge s’avance à l’est, les Alliés débarquent en Normandie et en Provence : la marche vers Berlin est engagée. La France est progressivement libérée, les Ardennes en août 1944. L’Allemagne capitule le 8 mai 1945, le Japon le 2 septembre.
Par trois fois, l’histoire des Ardennes s’est confondue avec l’Histoire. Cette légitimité, voire cette nécessité au nom du devoir de mémoire, a conduit le Conseil départemental à entreprendre le réaménagement du Musée Guerre et Paix en Ardennes, pour lui permettre de répondre aux enjeux d’un grand musée du XXIe siècle.
Le cheminement de visite est incroyablement bien fait et expliqué avec ses nombreux panneaux et commentaires (souvent en plusieurs langues) la progression est logique, la scénographie superbe et moderne,: écrans tactiles, salles vidéo projection, diaporama, vitrines panoramiques, maquettes, mannequins en situation....etc On voit que l'équipe du musée (très professionnelle) contribue à tout mettre en oeuvre pour vous offrir une visite inoubliable et instructive avec surement des découvertes incroyables sur ces 3 guerres, c'est grand, compter 3 bonnes heures au minimum. A remarquer pour les "joueurs", un escape game (là aussi pas cher ) installé dans le musée et visible des balcons panoramiques.