Situé en bordure de la forêt de Marly, sur une hauteur dominant la Seine, la coquette Louveciennes, ancienne propriété de l'abbaye de Saint-Denis, bâtie autour d'un moutier carolingien, est longtemps restée un village d'agriculteurs qui cultivaient la vigne et les arbres fruitiers sur les coteaux du bord de Seine. Au centre du village, entourée toujours de vieilles maisons, l'église Saint-Martin-et-Saint-Blaise a été construite entre le XIe et le XIVe siècle et présente une belle rosace, d'intéressants vitraux, et de naïfs chapiteaux romans. L'installation de la cour de Louis XIV à Versailles, puis à Marly, va rendre la commune célèbre : c'est à travers le village que montaient les eaux de la Seine, grâce à la machine de Marly installée à Bougival, avant d'alimenter les jeux d'eaux des parcs de Versailles et de Marly. L'aqueduc construit par l'architecte Mansart l'atteste encore, surplombant avec majesté la commune de ses arches majestueuses. C'est l'un des plus beaux ouvrages hydrauliques de France. La montée des canalisations le long du coteau de la Seine et les réservoirs encore utilisés par les usines de traitement des eaux font partie des paysages classés. Plusieurs châteaux furent construits là au XVIIIe siècle, en raison de la proximité de la cour royale, comme le château et le pavillon de musique de la comtesse du Barry, la belle favorite du roi Louis XV, qui y résida la moitié de sa vie, jusqu'à son exécution en 1793. Au XIXe siècle, s'élèvent le château de Voisins, actuel centre de formation de la Banque nationale de Paris, le château Beauséjour, actuelle mairie, le château de Prunay, sans oublier le charmant château du Pont, qui date du XXe siècle. Avec l'arrivée du chemin de fer au XIXe siècle, d'abord à Saint-Germain-en-Laye, puis à Saint-Nom-la-Bretèche, des propriétés de grands bourgeois s'installent à côté des châteaux. Ce sont les campagnes où l'on passe le printemps et l'été... Des banquiers, Laffitte, Beer, Vernes, de grands médecins, de hauts fonctionnaires, rencontrent dans les salons de Mme Aubernon ou de Jean Dornis les écrivains Marcel Proust, Guy de Maupassant, Leconte de Lisle, les musiciens Gabriel Fauré et Camille Saint-Saëns, le sculpteur Emmanuel Fremiet, ou les actrices Anaïs Aubert et Julie Bartet qui ont leur résidence à Louveciennes. Mais le calme du village, ses grandes perspectives sur la vallée de la Seine, une lumière douce, le charme d'une vie rurale y attirent aussi, pendant une période très féconde de leur art, les grands peintres impressionnistes : il y a plus de 120 tableaux de Renoir, Pissarro, Sisley ou Monet qui représentent Louveciennes. Peu de villages ont été aussi bien célébrés par ces chefs-d'oeuvre, maintenant dispersés dans les musées du monde entier. Plus récemment, la commune abrita parmi ses résidents le Maréchal Joffre, l'écrivaine Anaïs Nin, le comte de Paris ou encore Brigitte Bardot, le journaliste Jean-Pierre Pernaut, et de nos jours l'acteur Jean-Hugues Anglade, ou le chef d'orchestre Georges Prêtre. Comptant environ 7 500 habitants, Louveciennes offre aujourd'hui aux touristes, au travers des ruelles, des allées, des vieilles bâtisses et des parcs qui entourent l'église, la découverte d'un patrimoine historique et artistique immensément riche et parfaitement conservé.