MINES DU CERRO RICO
Au fond de la mine, on rencontre le Tío, le dieu tutélaire des entrailles des montagnes et maître des profondeurs
Ce que vous verrez là n’est pas une animation à l’intention des touristes. Les mineurs acceptent les visiteurs, avec les profits qui en découlent pour les agences de voyages, car ils veulent faire connaître leurs conditions de vie et faire comprendre certains des mécanismes qui gèrent l’économie du pays. Leur travail au fin fond des socavones, les puits de mine, s’accompagne de souffrance bien sûr, mais aussi de dignité, de solidarité et de ténacité. Des valeurs que cette fin de l’histoire individualiste a reléguées dans le placard des bons sentiments et du politiquement correct. Quelques mots échangés avec les mineros vaudront mieux que toutes les explications théoriques sur l’économie, le capital, le sous-développement ou la Révolution.
Pendant près de quatre siècles, ce sont plus de 30 000 tonnes d’argent qui auront été extraites des profondeurs du Cerro Rico. C’est dans ces conditions que se sont créées les fabuleuses richesses de Potosí et de l'Empire espagnol.
Les mines de Potosí sont aujourd’hui aussi proches de l’enfer que les décrivaient déjà les chroniqueurs espagnols il y a 450 ans. La Bolivie, jadis le pays le plus riche de l’Amérique du Sud, est réduite à inventer des mécanismes financiers risqués pour essayer de sortir du sous-développement. Mais grâce à des gens à la volonté dure comme fer qui œuvrent dans ces mines à l’intégration économique mondiale du pays, Rome, Paris ou Londres, bien que loin de Potosí, en sont finalement plus près qu’il ne semble. Voilà l’intérêt de cette visite dont le but n’est pas le voyeurisme, mais plutôt la reconnaissance du rôle des mineurs et du Cerro Rico dans l'histoire.
Nous ne décrirons pas la visite en elle-même. Excepté un détail : vous rencontrerez au fond de la mine le Tío, le dieu tutélaire des entrailles des montagnes et maître des profondeurs. La diablada, vous vous souvenez ? Ici, le diable attend de vous une offrande. Ce sera alors le moment de lui déposer les quelques cigarettes et des feuilles de coca achetées au préalable. En ce qui concerne les mineurs, il faut savoir que leurs journées de travail durent 10 heures et qu’ils travaillent 6 jours par semaine. S’ils découvrent un filon, ils toucheront l’équivalent de 150 € par mois. Une misère ! Le système de coopératives, qui a suivi la dénationalisation des mines d’État, est en fait assez pervers. Il oblige les mineurs à devenir leurs propres entrepreneurs en achetant eux-mêmes les matériaux pour travailler. Une fois soustrait le coût de la dynamite, du nitrate d’ammonium, des feuilles de coca et des marteaux, la marge brute est bien faible. Pourquoi est-on alors mineur ? Certains le sont par fierté et par tradition évidemment. Mais la plupart préfèrent rester ici plutôt que d’aller planter la coca dans les vallées du Chapare. Contrairement à certaines idées reçues, on devient mineur pour ne pas mourir. C’est aussi simple que ça… Les mineurs de la montagne d’argent vous auront dévoilé un aspect de l’existence qui vaut un Potosí. Vous aussi pouvez leur apporter quelque chose. En commençant par un sourire, mais aussi en leur laissant de la coca, des cahiers et des stylos pour les llockallas (les gosses) ou un pull pour combattre le froid.
Conseils pour la visite des mines.
Habillez-vous avec des vêtements légers et résistants. Il fera probablement froid au début de la visite, mais au fur et à mesure que vous descendrez dans les entrailles de la montagne, la chaleur augmentera ainsi que l’humidité ambiante. Les agences vous prêteront une lampe, un casque, des bottes en caoutchouc et une combinaison de travail. Il est préférable de se munir d’un masque chirurgical pour se protéger contre la poussière, la fumée et les gaz nocifs (entre autres l'arsenic). De plus, nous vous conseillons d’emporter un sac en plastique pour protéger votre appareil photo. Attention à la lampe d’acétylène : elle peut vous brûler ou brûler votre voisin. Prenez garde aussi aux chars de minerais qui sortent de la mine à toute vitesse.
N'oubliez pas d'acheter des cadeaux pour les mineurs : des feuilles de coca et catalyseur (lejia), de l'alcool, des cigarettes, des boissons fraîches ou encore de la dynamite (oui oui). Demandez leur permission avant de prendre un cliché. Tentez d'opter pour une agence touristique qui demandera un prix un peu plus dispendieux que celui de ses concurrentes. Bien que cela s'avère contre-intuitif, ce sera toutefois une façon significative de soutenir une coopérative de mineurs, et ce, de manière plus digne et respectable. Assurez-vous que ce tarif inclue un montant versé à la coopérative visitée, des remontants pour les travailleurs et des offrandes.
La visite est formellement déconseillée aux personnes claustrophobes ou en mauvaise condition physique. Il est d'ailleurs indispensable d'être bien acclimaté à l'altitude. Il faudra s’accroupir et parfois marcher à quatre pattes. Les toilettes se font plutôt rares dans le coin. Si vous ne comptez pas descendre dans les mines, vous pouvez toujours rejoindre le sommet du Cerro Rico. Plusieurs miradors vous permettront d’admirer Potosí et ses alentours : au sud le volcan Nuevo Mundo et l’ensemble de Tahua Nuñu, et à l’est les collines de Kari Kari. Vous passerez devant les entrées de plusieurs mines ce qui vous donnera un aperçu du site.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
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Avis des membres sur MINES DU CERRO RICO
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.