MINES DU CERRO RICO
Au fond de la mine, on rencontre le Tío, le dieu tutélaire des entrailles des montagnes et maître des profondeurs
L'intérêt et l'éthique de cette visite. Ce que vous verrez là n'est pas une animation à l'intention des touristes. Les mineurs acceptent les visiteurs (avec les profits qui en découlent pour les agences), car ils veulent faire connaître leurs conditions de vie aux étrangers de passage, mais c'est aussi une fierté d'y travailler. Voilà l'intérêt de cette visite dont le but n'est pas de faire du voyeurisme (vraiment, nous insistons sur ce point), mais plutôt la reconnaissance du rôle des mineurs et du Cerro Rico dans l'histoire. Un peu d'argent est aussi reversé à la coopérative, ainsi que des dons que vous devez acheter au préalable vous-même avec le guide, pour les mineurs et le fameux tio protecteur de la mine. Leur travail au fin fond des socavones, les puits de mine, s'accompagne de souffrance bien sûr, mais aussi de dignité, de solidarité et de ténacité. Quelques mots échangés avec les mineros vaudront mieux que toutes les explications théoriques sur l'économie, le capital, l'exploitation ou la Révolution.
Les mines aujourd'hui. Quelque 4500 mineurs travaillent dans les mines du Cerro Rico chaque semaine, en rotation sur deux semaines de congés, ce qui totalise près de 13 500 mineurs. Elles font vivre au moins 50 000 personnes indirectement dans la ville, soit environ 20% de sa population. Les mines de Potosí sont aujourd'hui aussi proches de l'enfer que les décrivaient déjà les chroniqueurs espagnols il y a 450 ans. Leurs journées de travail durent 10 heures et ils travaillent 6 jours par semaine. S'ils découvrent un filon, ils toucheront l'équivalent de 150 € par mois. Une misère ! Le système de coopératives, qui a suivi la dénationalisation des mines d'État, est en fait assez pervers. Il oblige les mineurs à devenir leurs propres entrepreneurs en achetant eux-mêmes les matériaux pour travailler. En conséquence, des enfants viennent aider leur père et leurs frères à gagner plus d'argent et se retrouvent eux aussi au fond des mines très jeunes au lieu d'aller à l'école. C'est un véritable scandale. Une fois soustrait le coût de la dynamite, du nitrate d'ammonium, des feuilles de coca et des marteaux, la marge brute est bien faible. Pourquoi est-on alors mineur ? Certains le sont par fierté et par tradition évidemment. Mais la plupart préfèrent rester ici plutôt que d'aller planter la coca dans les vallées du Chapare. La vie est dure pour les petites mains boliviennes sur l'altiplano.
Avant la visite. Vous irez avec votre guide faire quelques courses pour remercier les mineurs de vous laisser entrer dans le Cerro Rico. des feuilles de coca et catalyseur (lejía), des cigarettes, des boissons fraîches, de la dynamite et de l'alcool (malheureusement, un alcool à 89° qui est bu non-stop au fond de la mine) sont donnés à la coopérative pour les mineurs à l'arrivée, en plus du prix d'entrée. Vous pouvez aussi leur apporter autre chose en option, par exemple, des cahiers et des stylos pour les llockallas (les gosses) ou un pull pour combattre le froid, n'importe quel équipement qui pourrait améliorer leur quotidien.
La visite. Il y a trois types de visite, à vous de choisir celle que vous préférez. Le niveau 1 est adapté aux familles, personnes âgées, claustrophobes et groupes : après une brève balade dans le tunnel jusqu'au Tío de la mine, vous ressortez par le même chemin en faisant demi-tour. Le niveau 2 est plus sportif et adapté aux groupes plus réduits avec des enfants qui sont à l'aise dans les galeries. Vous découvrez quelques galeries jusqu'au Tío de la Mine. Le niveau 3 est réservé à ceux qui recherchent une expérience extrême : vous entrez par le bas de la mine, passez par des galeries souterraines très étroites, passez des échelles suspendues au-dessus du vide au cœur de la mine pour ressortir à 300 m au-dessus ! La visite commence par l'observation des chariots qui sortent de la mine pour être vidés et triés en fonction de la taille et de l'intérêt des minerais. Ce sont les femmes qui se chargent de ce travail en extérieur. Prenez garde aussi aux chars de minerais qui sortent de la mine à toute vitesse ! Selon le type de visite choisi, vous parcourez des galeries plus ou moins longues pour observer les mineurs faire des trous au marteau-piqueur pour poser des explosifs (bâtons de dynamite). Dans ce cas, on vous demandera de sortir ou de vous éloigner avant l'explosion. Puis une fois que la roche a explosé, amassez le minerai dans des chariots pour le sortir.
Vous rencontrerez au fond de la mine le Tío, le dieu tutélaire des entrailles des montagnes et maître des profondeurs. La diablada, vous vous souvenez ? Ici, le diable attend de vous une offrande. Ce sera alors le moment de lui déposer les quelques cigarettes, de l'alcool et des feuilles de coca achetées au préalable et partagées avec la Pachamama !
Conseils et mises en garde. Habillez-vous avec des vêtements légers et résistants. Il fera probablement froid au début de la visite, mais au fur et à mesure que vous descendrez dans les entrailles de la montagne, la chaleur augmentera ainsi que l'humidité. Les agences vous prêteront une lampe, un casque, des bottes en caoutchouc et une combinaison. Il est préférable de se munir d'un masque chirurgical pour vous protéger contre la poussière, la fumée et les gaz nocifs. Demandez-leur la permission avant de prendre une photo. La visite est formellement déconseillée aux personnes claustrophobes ou en mauvaise condition physique. Il faudra s'accroupir et parfois marcher à quatre pattes pour les niveaux 3 de visite.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
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Avis des membres sur MINES DU CERRO RICO
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.