Découvrez SINGAPORE CITY : La Cité-jardin

Singapour porte à merveille son surnom de « petite suisse asiatique », tant par sa réussite économique que par l’abondance d’espaces verts sur une surface si limitée. Véritable modèle d’urbanisation de ces dernières décennies, elle s’offre aujourd’hui un nouveau défi écologique, et pas des moindres… La cité-état est désormais en passe de devenir paradoxalement un modèle de « cité-jardin ». L’objectif consiste à recréer la végétation suite à une forte urbanisation tout en profitant d’un climat propice à la verdure. Entre réserves naturelles, serres futuristes, jardins botaniques ou encore rooftops végétaux, la cité-état surpeuplée ne cesse d’innover afin de parvenir à réimplanter progressivement la nature au cœur de la ville. Ici les structures de verre et d’acier se mêlent à une végétation luxuriante et surtout très bien réfléchie. Découvrons avec quels moyens la cité du futur s’adapte à l’ère du développement durable.

Un enjeu de taille

Forte d’une économie florissante, Singapour semble lancée depuis son indépendance sur un tremplin la poussant à maintenir sa place financière d’exception. Le dragon asiatique n’a cessé de faire ses preuves, bénéficiant d’une situation géographique privilégiée dans le sud-est asiatique, véritable plaque tournante commerciale. Singapour a su attirer de nombreux capitaux étrangers la propulsant au top 5 des puissances économiques mondiales et cette croissance fulgurante dans un espace si réduit doit désormais être compatible avec les nouveaux codes écologiques. Comment parvenir à concilier urbanisme et végétation ? Le challenge est de taille, et pourtant tout semble possible à Singapour…

Pulau Ujong, la principale des 64 îles de la cité-état, s’étend sur environ 600 km2 avec une population avoisinant les 5,6 millions d’habitants, cela nous laisse imaginer l’impact du modernisme sur le territoire d’autrefois. Les chiffres vertigineux de la croissance économique singapourienne ne laissent en rien penser que la nature possède encore ses droits sur ce petit espace, pourtant ce modèle de cité cosmopolite prouve que désormais l’harmonie s’installe aussi entre nature et urbanisme. Quels sont les moyens utilisés, outre le climat favorisant une végétation si dense, pour prétendre à des projets de végétalisation gigantesques ?

Quand millions et nature font bon ménage

Le climat équatorial, chaud et humide est propice au développement d’une végétation luxuriante, visible depuis l’aéroport de Changi jusqu’au centre-ville, en passant par les réserves naturelles du nord. Avec plus de 300 parcs et environ 7 millions d’arbres, la cité asiatique peut se vanter de ses éléments naturels. Parmi eux, les célèbres Botanic Gardens, inspirés des jardins anglais du XIXe siècle, proposent le plus grand nombre de variétés d’orchidées au monde, pas moins de 1 000 espèces et 2 000 hybrides. En plein centre-ville Fort Canning Park et son immense réservoir donnent une véritable impression de jungle urbaine… Le Mac Ritchie Reservoir Park au nord s’étend sur plus de 2 000 hectares avec le plus vieux réservoir d’eau douce de la ville. Quant à l’ouest du territoire, les autorités ont décidé de préserver la zone pour prévoir une surface d’entrainement à la jungle pour l’armée. A ces éléments offerts par mère nature se sont ajoutés naturellement des investissements dans l’optique de générer encore plus d’espaces verts. La concentration unique de grandes richesses sur le territoire a également permis de s’orienter vers des techniques innovantes autorisant les projets les plus fous. Les plus grands ingénieurs, architectes et botanistes s’intéressent à la cité-jardin et le résultant semble plus que convaincant : le Tree House Condominium en est un exemple emblématique, résidence privée composée de quatre tours de 24 étages chacune entièrement végétalisée, le projet demeure une véritable prouesse technologique permettant d’économiser en énergie et en eau, en offrant une perspective très agréable pour les résidents. Autre bel exemple, l’Oasia Hotel, qui offre une bouffée d’air frais parmi les buildings. Le bâtiment entièrement recouvert de végétation donne une belle perspective des futurs projets de construction de la ville.

Une forte implication gouvernementale

Pour faire face à une population croissante et la disparition inévitable des espaces verts d’origine au profit de projets d’urbanisme, le gouvernement singapourien a mis de gros moyens en jeu, la mission étant de faire de leur cité-état un endroit où il fait bon vivre. Dès la proclamation d’indépendance de Singapour le 9 août 1965, le Premier ministre Lee Kuan Yew en a fait son leitmotiv, développer la cité-état en cité-jardin. L’idée étant, outre l’amélioration de la qualité de vie pour les locaux, de devenir une destination d’exception attirant les capitaux étrangers et d’être envié par les grandes mégalopoles d’Asie comme Séoul ou Shanghai. L’accent était donc mis dès le départ sur la plantation d’arbres et la création d’infrastructures permettant aux riverains de profiter au maximum d’espaces verts. En 1975, le Département des Parcs et Loisirs est créé, organisme d’État prouvant bien que cette campagne de végétalisation avait un objectif concret. En 1996, le département devient le National Parks Board, promouvant la flore singapourienne et contrôlant les grands sites tels les jardins botaniques ou les grandes réserves nationales. L’idée étant de sensibiliser les industriels et d’organiser des concours aux plus offrants et aux plus ambitieux… Ainsi, par l’intermédiaire de projets comme le Skyrise Greenery, le gouvernement accorde désormais des subventions aux projets d’intégration de verdure dans le paysage urbain, en sélectionnant ingénieurs, botanistes, architectes proposant des projets innovants. L’objectif consiste désormais à transformer la cité-jardin en une cité dans un jardin !

Des infrastructures délirantes devenues symboles

Parmi les symboles de Singapour, outre le fameux Merlion et le luxueux hôtel Marina Bay Sands, vous ne pouvez passer outre les Gardens by the Bay. Le projet reste sans doute le plus bel exemple de la stratégie du gouvernement dans la promotion de la cité-jardin. Composé de trois jardins, au sud, au centre et à l’est, le parc Gardens by the Bay s’étend sur une superficie de 100 hectares. Un concours fut lancé en 2006 par le gouvernement pour attirer les meilleurs projets internationaux. Le résultat est stupéfiant et attire chaque année des millions de visiteurs. Le plus grand des trois, Bay South, ouvert en 2012, est né du projet de l’architecte suisse Luc Schuiten. Véritable parc futuriste, la biodiversité semble ici faire sa loi… Deux serres gigantesques, le Flower Dome et Cloud Forest reproduisent les climats méditerranéens et montagnards, le tout entouré de cascades, de milliers d’espèces d’arbres et de plantes admirablement bien entretenus. Le clou du spectacle reste sans doute les fameux Supertree Grove, une promenade aux allures d’Avatar parmi de gigantesques arbres métalliques recouverts d’une végétation de plus en plus luxuriante. Singapour semble avoir bien entamé la voie du développement durable avec un plan résumé en 5 piliers : ville dans la nature, avenir durable, économie verte, réinitialisation de l'énergie et avenir résilient (www.greenplan.gov.sg). Beau challenge !

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