PALAIS DES GRANDS MAÎTRES

Conçu par Cassar, ce palais des grands maîtres fut construit entre 1570 et 1580 afin de servir de résidence officielle des grands maîtres. Plus tard, il fut également utilisé par les gouverneurs anglais. Depuis 1921, ce palais abrite la Chambre des députés et depuis 1974 le cabinet du Président de la République. De ses deux cours intérieures, la plus grande est la cour de Neptune, dont vous pourrez admirer la statue en bronze qui a été commandée par le grand maître, Alof de Wignacourt. Elle ornait le marché aux poissons jusqu'à ce que le gouverneur anglais Le Marchand la fasse transporter au palais. Un cloître entièrement en pierre du pays entoure la cour. De jolies balustrades sont visibles au premier étage, celui où vivaient les nobles. Dans la deuxième cour, celle du Prince Alfred, l'horloge qui indique les heures, les jours, les mois et les cycles de la Lune est un cadeau du grand maître portugais, Manoel Pinto de Fonseca. Deux Maures en bronze sonnent les heures.
Au fond à droite après l'entrée, une plaque commémorative rappelle les noms des différents grands maîtres de Malte, le premier de la liste étant Philippe de Villiers de L'Isle-Adam. Dans le couloir d'entrée, des peintures de Niccolo Nasoni évoquent les batailles navales entre les chevaliers de l'Ordre et les Turcs. Les salles sont décorées par les portraits de grands maîtres et par des armures. Le sol fut recouvert de marbre à l'initiative du gouverneur anglais Le Marchand, au XIX^e siècle.
La Salle des Tapisseries expose une série complète de la célèbre manufacture des Gobelins, exécutée sur ordre du roi Louis XIV à la demande du prince de Nassau. Ces « tentures indiennes », qui avaient été commandées par le grand maître Ramon Perellos y Roccaful et créées en 1697, représentent une faune et une flore exotiques, plus ou moins imaginaires.
Ces superbes compositions de scènes colorées et exubérantes, pleines de vie et de mouvement, sont, pour la plupart, inspirées des voyages du prince qui, lors de ses chasses en Afrique ou durant ses campagnes en Méditerranée, était toujours accompagné d'un peintre. Ce dernier réalisa des croquis « pris sur le vif » pour que les artisans de la manufacture des Gobelins puissent ensuite s'en inspirer. Les connaisseurs apprécieront la précision et la minutie du travail : 256 fils au pouce carré, soit environ 6 cm², ce qui est la marque d'un tissage particulièrement serré.
Dans la State Banquet Hall, vous trouverez principalement des portraits de souverains anglais, notamment ceux d'Elizabeth II et de George IV. Aujourd'hui, des conférences y sont organisées. Dans la salle du Trône, une frise de douze fresques de Matteo Perez d'Aleccio, ancien élève de Michel-Ange, évoque le Grand Siège de 1565. On y retrouve un plan particulièrement précis de La Valette, avec la baie et les quatre promontoires. Dans cette belle salle tapissée d'or, des récompenses sont remises aux Maltais méritants. Vous verrez également le trône qui fut occupé par le grand maître, puis par le gouverneur anglais.
Le salon suivant est celui des Ambassadeurs, ou aussi appelé Salon Rouge, du fait de la couleur du damas qui recouvre ses murs. Il s'agit d'un salon rouge, dans un style XIX^e siècle, dans lequel le président reçoit ses visiteurs. Ici, une frise rappelle les principaux événements de l'histoire de l'Ordre à Rhodes, juste avant son arrivée à Malte.Le public n'a généralement pas accès à cette salle, sauf en groupe, si ce groupe est accompagné d'un guide, ou parfois individuellement lors d'une visite du musée. À noter, c'est ici que les ambassadeurs viennent présenter leurs lettres de créance. Un tableau d'Antoine de Favray montre Villiers de L'Isle-Adam (premier grand maître de Malte) recevant les clés de la ville de Mdina. Wignacourt, un apothicaire avec une pendule ramenée de l'île, ainsi qu'un portrait de Louis XVI à côté d'un autre, plus modeste, de Louis XIV.
La salle d'attente des Pages, ou salle Jaune, ainsi appelée pour la couleur de ses murs, est ornée d'une frise de Matteo Pérez d'Aleccio qui évoque l'histoire de l'Ordre de Saint-Jean en Terre Sainte, au XIII^e siècle. Elle est parsemée de symboles allégoriques. Dans cette salle, on peut encore voir un portrait du célèbre grand maître Parisot de La Valette, réalisé par Antoine de Favray. Entre le couloir d'entrée et la Chambre Jaune, des pendeloques évoquent encore l'histoire de l'Ordre à travers ses expéditions maritimes.
Dans le salon du grand maître, vous remarquerez les portraits de papes qui y sont exposés. La chapelle privée du grand maître, où des peintures représentent la vie de saint Jean-Baptiste, patron de l'Ordre, est devenue le bureau du secrétariat du gouverneur.
Les jardins apportent une note de fraîcheur à la bâtisse.

L'armurerie du Palais. Une partie de la restauration du palais débutée en 2019 s'est traduite par la réintégration de cette armurerie historique dans sa salle d'origine, l'ancienne salle du Parlement. Avec 5 000 pièces, allant du XVI^e au XVIII^e siècle, elle abrite une collection impressionnante : armures, épées, poignards... Vitrine de l'opulence de l'Ordre de Saint-Jean – farouche défenseur de la foi catholique contre les attaques de l'Empire ottoman – elle est considérée comme l'une des meilleures au monde et abrite aussi les armures des Grands Maîtres Alof de Wignacourt et Jean de Valette, armures et armes ottomanes.