MONASTERE SAINTE-CATHERINE
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Le monastère Sainte-Catherine, appelé aussi monastère de la Transfiguration, constitue un ensemble magnifique perché à 1 570 m d’altitude. Classé au Patrimoine mondial de l'Unesco, c'est l'un des plus anciens monastères au monde encore en activité et certainement l'un des beaux d’architecture byzantine. La quasi-totalité de ses murs remonte à sa construction, ordonnée par l’empereur Justinien (en 527). Le monastère était destiné à protéger les ermites des pillards. L’architecte Ailisios, chargé de l’ouvrage, choisit un terrain où une chapelle marquait l’emplacement du buisson-ardent. Pour ne pas avoir à la détruire, il l’englobe dans la construction d’une nouvelle église et protège l’ensemble d’une puissante muraille avec des murs de 2,6 m d'épaisseur, réalisant ainsi autant un monastère qu'une forteresse. Ailisios fut, dit-on, condamné à mort et exécuté pour n’avoir pas placé le monastère au sommet du mont Moïse. Son choix s’est pourtant avéré judicieux, car le couvent a résisté aux pillages, à l’usure du temps et aux tremblements de terre. Deux cents familles originaires de Macédoine, Roumanie, d'Egypte et d'Arabie furent dépêchées sur place pour assurer la protection des moines et l’intendance. A partir des VIIIe et IXe s., les descendants de ces familles se convertirent en masse à l’islam, pour former de nos jours une tribu bien spécifique et très localisée, les Jebelyeh (montagnards). Quoique musulmans, ils reconnaissent l’autorité spirituelle de l’archevêque de Sainte-Catherine.
Tout au long de leur existence, des édits (dont certains signés par d’augustes mains, celles du prophète Mohammed ou du général Bonaparte pour ne citer que les plus célèbres) ont protégé les moines, que seuls les Bédouins ont eu quelque mal à respecter. La plus grande menace est venue d’Egypte au XIe siècle, lorsque le calife Hakim se présenta dans la vallée, avec l’intention de raser le monastère. Fanatique, ce souverain avait déjà détruit de nombreux édifices chrétiens. Mais cette fois, il renonça in extremis à son projet, et obtint en contrepartie qu’une mosquée soit érigée dans l’enceinte même du monastère. Durant la campagne d’Egypte, Bonaparte fit restaurer quelques parties de l’enceinte, dont le mur orienté au nord. Le percement d’une porte d’entrée rendit inutile l’ascenseur de bois qui seul, auparavant, autorisait l’accès à l’intérieur des murs. La potence en bois et sa poulie sont encore visibles.
Environ un tiers du bâtiment est ouvert au public. Vous verrez la basilique, dont les parties les plus anciennes remontent au VIe siècle. Outre ses 12 massives colonnes de granit qui représentent les 12 apôtres, elle est riche de superbes icônes... La Mosaïque de la Transfiguration est remarquable : réalisée en mémoire de la femme de Justinien, ses 500 000 pièces datent du VIe s. Pierre Loti décrit ainsi sa visite émouvante : « On ouvre devant nous les deux battants d’une porte de cèdre qui fut sculptée il y a 1 300 ans et nous entrons dans les étonnements de ce lieu unique au monde… La vue, au premier instant, est éblouie et déconcertée par la profusion des lustres, des lampes d’argent… On se sent plongé dans un passé naïf et magnifique, si lointain et pourtant si présent qu’il inquiète l’esprit… »
Le buisson ardent est situé à l’extérieur de l’église, devant l’abside. Le pape Jean-Paul II est venu se recueillir devant le buisson, c’était la première visite d’un pontife romain en terre copte orthodoxe, en 2000. La chapelle du buisson-ardent, située derrière le chœur de l’église, est considérée comme le lieu le plus sacré de tout le monastère. L’autel est érigé sur les racines du buisson, ce qui en fait le lieu le plus sacré du monastère. Comme Moïse, il faut se déchausser avant d’entrer.
Ce que vous ne pourrez pas voir : le trésor, d’une grande richesse, constitué de présents offerts par les dévots (calices d’or, chandeliers, croix et crosses d’évêque…) ; la mosquée, le réfectoire, la collection d’icônes… (il y en aurait plus de 2 000) ; la bibliothèque, considérée comme la deuxième au monde après celle du Vatican, en termes de manuscrits et d’incunables. Elle contient plus de 32 000 manuscrits, la plupart écrits ou recopiés par les moines du monastère au fil des siècles (visite possible sur demande). Afin de préserver ses archives, le Monastère a entrepris la numérisation de l'ensemble des documents. Ne vous étonnez pas de ne pas entendre les neuf cloches offertes par l’Eglise russe, elles ne sonnent que lors de fêtes. Quotidiennement c’est une cloche de bois qui ponctue la journée.
La communauté du monastère est composée d’une vingtaine de moines, sous la férule de leur abbé, dont la particularité dans le monde orthodoxe est d’être autocéphale (une tête indépendante). En effet, depuis qu’un décret impérial leur a donné ce privilège, l’abbé du monastère n’est soumis à aucune juridiction plus haute que la sienne. Appartenant à l’Eglise grecque orthodoxe dont le patriarche n’a, en principe, aucune autorité sur l’abbé du monastère.
A l’extérieur de l’enceinte se situe un ossuaire. Ce sont les restes des moines décédés dans le monastère. Pour ne pas gaspiller le peu de terre cultivable qu’ils possèdent, les moines ne disposent que d’un tout petit cimetière. Ils y sont inhumés puis, quelques décennies plus tard, leurs ossements sont déposés dans cette pièce. L'ossuaire ne se visite plus depuis 2020.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
Avis des membres sur MONASTERE SAINTE-CATHERINE
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