Découvrez ISTANBUL : Constantinople : Vous avez dit Byzance ?

Tout commence avec une petite cité située sur les rives de la Corne d’Or, fondée par un Grec venu de Mégare, Byzas, et à laquelle il donna son nom. Il n’imaginait pas que des siècles plus tard elle deviendrait la nouvelle capitale de l’Empire romain d’Orient. C’est en 330 que l’empereur romain Constantin décide de déplacer la capitale de Rome à Byzance, car il lui fallait un endroit stratégique plus central pour faire face aux menaces qui pesaient sur l’Empire. Face au déclin de l’Empire romain d’Occident, Constantin souhaite également redonner une certaine grandeur à l’Empire et, d’ailleurs, la ville de Constantinople sera également appelée la « Nouvelle Rome ». Carrefour commercial entre l’Asie et l’Occident, la ville va devenir extrêmement riche, et donc toujours convoitée et menacée par les invasions. Centre politique, symbolique, mais également religieux (avec la tenue de plusieurs conciles importants), Constantinople devient alors la « ville des villes ». Aujourd’hui encore, lorsqu’on se promène dans Istanbul, la colonne de Constantin, les stèles que l’on trouve au musée de l’archéologie ou les mosaïques de Saint-Sauveur-in-Chora sont autant de témoignages de la grandeur de l’ancienne capitale impériale.

Constantinople, la nouvelle Jérusalem

Sous le règne de l’empereur Justinien (527-565), Constantinople n’est pas seulement la capitale politique d’un immense empire (qui s’étend du Caucase jusqu’à l’Atlantique !), mais aussi une capitale religieuse. L’empereur, représentant de Dieu sur terre, fait ériger ce qui sera le plus grand édifice religieux pendant mille ans (jusqu’à la construction de Saint-Pierre de Rome) : la basilique Sainte-Sophie. Son nom vient du grec hagiasophia et signifie la « sagesse divine ». Non seulement l’édifice est gigantesque, mais il est surplombé d’une coupole emblématique de l’architecture byzantine. Cette coupole est une représentation simple de la sphère céleste : le ciel avec son roi, Dieu, représenté par son fils et, à la verticale, plus bas, dans la nef, l’empereur qui est le lieutenant de Dieu sur terre. Plus de mille ans la séparent des autres mosquées de la ville, auxquelles elle a servi de modèle. Elle sera transformée en mosquée par Mehmet II, avant qu’Atatürk n’en fasse un musée que des millions de visiteurs viennent découvrir chaque année. La Sainte-Sophie que nous contemplons aujourd’hui est la somme des arts byzantins et ottomans. Parmi les œuvres byzantines les plus abouties, on peut citer l’église orthodoxe Saint-Sauveur-in-Chora (en grec ancien, hora signifie « hors de la ville », « à la campagne »). Si la basilique Sainte-Sophie peut impressionner par son caractère immense, elle est à échelle humaine et permet plus de proximité avec ses chefs-d’œuvre, notamment de magnifiques mosaïques. Elle a été construite au XIe siècle (les mosaïques datent du XIIIe siècle) et sera transformée en mosquée sous la période ottomane. Pendant cette période, les mosaïques ont été recouvertes de chaux, ce qui a permis de les garder intactes. Notons que c’est dans cette église que la couleur noire a été utilisée pour la première fois dans l’art de la mosaïque. Pour les amateurs de mosaïques byzantines, le musée des mosaïques du Grand Palais se trouve en plein cœur de la cité historique. Il dispose d’un des plus importants ensembles de mosaïques des Ve et VIe siècles, parfaitement conservé. Les mosaïques, les fresques, les icônes, ou encore les miniatures occupaient une place très importante dans le domaine de la connaissance et de l’éducation. Elles représentaient l’histoire biblique et constituaient ainsi une sorte de livre pour les analphabètes, leur permettant de mieux appréhender la doctrine chrétienne. Par la suite, entre le VIIIe et le Xe siècle, les représentations religieuses seront interdites. Au sein des temples, l’or, l’argent, les mosaïques, le marbre poli, les pierres précieuses produisent des rayonnements qui représentent la lumière divine.

Autres vestiges de l’Empire

Un autre haut lieu de la capitale est le gigantesque hippodrome, pouvant accueillir entre 30 000 et 50 000 personnes. S’y retrouvaient les « supporters » des cochers dont ils portaient les couleurs : le vert et le bleu. Les affrontements prenaient parfois des tournures politiques : les verts voulaient des réformes, les bleus étaient plus traditionalistes. Les Ottomans ne s’intéressant pas aux courses de chevaux, l’hippodrome n’a pas été sauvegardé. Ce lieu est appelé à l’époque At Meydanı (Place aux Chevaux), et les murs et les gradins ont laissé place à d’autres constructions telles que le palais d’Ibrahim Pacha et la Mosquée bleue. Aujourd’hui, il reste de l’hippodrome l’obélisque de Théodose (provenant du temple de Karnak en Égypte) autour duquel les chevaux tournaient. Recouvert de hiéroglyphes sur les quatre faces, il mesure 25 mètres de haut. La colonne serpentine est l’un des plus anciens monuments d’Istanbul. Datant du Ve siècle av. J.-C., elle était à l’origine dressée devant le temple d’Apollon à Delphes. Elle représentait 3 serpents entremêlés, formant 26 spirales sur 8 mètres de hauteur. Il n’en reste, hélas, plus grand-chose et les têtes des serpents ont disparu, car la ville a connu deux grands incendies et des tremblements de terre. Du règne de Constantin subsiste également la colonne de Constantin érigée au IVe siècle et qui atteint 32 mètres. Cette colonne était à l’origine cerclée de bronze, remplacé ensuite par des anneaux de métal lui ayant donné son nom en turc : Çemberlitaş (colonne cerclée). Elle se trouvait au centre du forum de Constantin, occupé aujourd’hui par des caravansérails, un hammam et une mosquée.

La capacité de construction de l’Empire est essentielle à sa survie. Ses immenses murailles ont supporté une multitude d’assauts, jusqu’à l’apparition des canons. Sous le règne de Constantin, de nouvelles fortifications défensives furent érigées et consolidées ensuite par Théodose II en 413. La totalité de la ville se trouvait protégée par 6,5 km de remparts composés de murs allant de 12 à 15 mètres de haut, disposant de 13 portes et de 188 tours. Cette structure a permis de faire face à un envahisseur redoutable : Attila, qui ne prendra jamais Constantinople. À la suite de l’invasion des Ottomans, la muraille fut négligée. Ces dernières années, une restauration a été entreprise, mais abandonnée par la suite. Il faut dire qu’elle n’a pas très bonne réputation. Elle est habitée par les sans-abri, bouteilles et détritus jonchent le sol et la base de ses murs est noircie par les feux allumés çà et là. Autres exemples de constructions, les aqueducs et les citernes capables d’alimenter une population approchant les 500 000 personnes. La citerne-basilique (Yerebatan Sarnıcı) datant de 542, construite sous Justinien, est encore intacte. Située à l’emplacement d’une ancienne basilique, d’où son nom, elle fut découverte par hasard par les Ottomans qui l’utilisèrent pour alimenter en eau le palais de Topkapi. Lorsqu’on vient la visiter, il faut l’imaginer remplie de 78 000 m3 d’eau. À l’intérieur, on compte 336 colonnes similaires à l’exception de trois d’entre elles : « La colonne aux yeux de paon », dotée de gravures rappelant des yeux de ce volatile, rendrait hommage aux esclaves ayant creusé la citerne. Les visiteurs viennent la toucher, les yeux encore humides de larmes. Puis les deux colonnes à tête de Méduse en guise de socle situées au fond de la citerne : l’une a la tête en bas et l’autre sur le côté. Il n’y a pas de réelle explication quant à la présence de ces figures mythologiques, mais il est probable qu’il s’agisse de réemploi d’anciens monuments de l’époque romaine. Certains disent qu’elles servaient à éloigner les esprits maléfiques. Avant de partir, il est de coutume de jeter une pièce aux carpes qui nagent dans les eaux de la citerne, elles exauceront vos vœux ! Il n’est pas étonnant que son décor aux allures mystérieuses ait inspiré les cinéastes, et certaines scènes de films y ont été tournées (Bons Baisers de Russie, Inferno).  La citerne a rouvert ses portes en 2022 après 2 ans de rénovation, il s'agit d'une vraie réussite. Elle devenue ainsi plus résistante à d'éventuels séismes. Par ailleurs, il existe deux autres citernes accessibles au public : la citerne de Théodose II, Serefiye Sarnıcı, est ouverte au public depuis 2018. Elle accueille des expositions temporaires et parfois des concerts y sont organisés. Elle est beaucoup plus petite que la citerne-basilique, mais plus ancienne, car construite sous Théodose II au Ve siècle. Ce n’est qu’en 2010, lors de travaux, qu’elle fut découverte. L’autre citerne connue sous le nom de la citerne aux 1001 colonnes (il n’y en a que 224 !) est malheureusement utilisée pour l’organisation d’événements privés. Néanmoins, elle peut être visitée et les colonnes qui la composent, pouvant atteindre 13 à 15 mètres, sont plus hautes que dans les autres citernes. On peut remarquer des symboles gravés sur les colonnes, ce sont des monogrammes laissés par les ouvriers. Un peu au-dessus de la citerne-basilique, dans un coin caché, se trouvent les seuls vestiges du Million de Constantinople construit sous Constantin (Milyon Taşı). Ce monument, érigé durant toute la durée de l’Empire romain d’Orient (soit plus de mille ans), constituait le point d’origine des distances pour toutes les routes de l’Empire qui menaient jusqu’à Thèbes, Pétra, Cordoue, Gênes, Carthage… Cet édifice représentait le centre du monde sous l’Empire byzantin. Toutes les distances géographiques étaient mesurées à partir de ce « point zéro ».

La ville a connu les attaques des Perses, des Huns, des Bulgares, mais à partir du VIIe siècle, les Arabes et leur religion nouvelle deviennent une menace. Cependant, ils ne prendront jamais Constantinople même s’ils l’ont assiégée très tôt. La capitale garde une suprématie absolue sur les mers, notamment grâce à la technique du feu grégeois. Au milieu du IXe siècle, les Bulgares se convertissent au christianisme et une lutte farouche et sanglante s’engage entre les deux peuples, se soldant par la victoire du plus puissant empereur depuis Justinien : Basile II (d’où son surnom « le tueur de Bulgares »). N’oublions pas la seule impératrice de l’Empire, Irène d’Athènes, qui, à la mort de son père, Léon IV, en 780, arrive à écarter ses beaux-frères et se fait reconnaître comme régente de l’Empire. Son fils Constantin VI, n’ayant que dix ans, n’est pas apte à gouverner. On raconte que, par la suite, elle l’aurait fait aveugler pour pouvoir régner seule sur l’Empire. Elle ne se fera pas appeler Impératrice (épouse de l’Empereur), mais Empereur.

La longévité de cet Empire s’explique par les choix judicieux de Constantin qui lui a donné des ressources exceptionnelles. Une autre raison de cette survie est l’idéologie d’un Empire universel, consolidé par le christianisme, ce qui lui a permis de résister jusqu’au bout dans des conditions parfois très rudes. Constantinople n’a été prise qu’une fois, en 1204, par des chrétiens venus de Venise lors de la quatrième croisade, et qui vinrent la piller. Aujourd’hui, le quadrige que l’on admire à Venise sur la basilique Saint-Marc appartenait autrefois à l’hippodrome de Constantinople. Ensuite, l’Empire va encore vivre 250 ans, mais Constantinople perd de sa grandeur jusqu’à sa prise par le sultan Mehmet II. Dès lors, elle devient la capitale d’un nouvel Empire et porte le nom d'Istanbul. Lorsque le sultan pénètre dans la ville le 29 mai 1453, il a conscience de faire partie de la lignée des grands empereurs qui l’ont précédé. L’héritage de Constantinople demeure, il appartient à Istanbul et fait partie de la ville. Ce mélange entre l’Empire romain et l’Empire ottoman résume bien la ville et, aujourd’hui encore, Istanbul continue à unifier les influences.

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