FORT DAUPHIN
FORT DAUPHIN © STEPHAN SZEREMETA

C'est à un peu plus de 1 000 km de la capitale malgache, sur la côte des Contrastes (première zone de peuplement de l'île, dans le sud-est), que l'on fait la rencontre de Fort Dauphin, chef-lieu de la verte région d'Anôsy.

Fort Dauphin : entre histoire, patrimoine et nature

Les pluies, ici particulièrement abondantes, participent en effet à l'épanouissement d'un très riche écosystème, entre les fertiles et escarpées pentes du pic Saint Louis (529 m) d'une part et les sereines plages de sable blond se fondant dans l'océan Indien d'autre part : à Lokaro, Libanona ou Manafiafy, la température oscille autour de 23 °C tout au long de l'année...

Si Tôlagnaro – le nom malgache de Fort Dauphin – et ses 60 000 habitants, évoluant entre blanches demeures à colonnades et fortins décatis plantés de palmiers, ont la vie plutôt douce, les atouts de cette cité tropicale ne doivent pas éclipser ceux de ses alentours ! Aujourd'hui, le Petit Futé vous emmène à la découverte d'une ville malgache singulière aux charmes surannés mais aussi d'une population accueillante, d'une faune et d'une flore ébouriffantes de diversité, d'une gastronomie marine unique, le tout au cœur de paysages bouleversants de beauté. Bienvenue en terres Antanosy !

Sur la côte, des villages de pêcheurs authentiques et de belles rencontres.
Sur la côte, des villages de pêcheurs authentiques et de belles rencontres. © STEPHAN SZEREMETA

Avant d'aller flâner dans les allées lascives de la cité coloniale, posez vos valises dans le boutique-hôtel le plus charmant de ce coin du pays : le Talinjoo, parfait rendez-vous pour les couchers de soleil arrosés de cocktails fraîchement frappés, surplombe plein ouest la baie de Libanoa ! Matériaux bruts et traditionnels se conjuguent en un design contemporain épuré dans la quinzaine de chambres avec terrasse et salle de bain ouverte, mais aussi du côté de la piscine à débordement et du Joo Spa, réputé pour ses massages et sa vue sur mer ! Le Joo bar-restaurant est par ailleurs bien connu des locaux, aussi bien pour son ambiance chill – canapés, bibliothèque de voyage et vue dégagée sur le ciel et sur les flots tranquilles – que pour ses atouts gastronomiques : romazava (plat malgache à base de viande, poisson, crevettes et brèdes mafana) et sashimis ultra-frais, burgers et pizzas, grillades (la langouste est un must !), tout est travaillé avec subtilité et servi dans un cadre bohème-chic dont on tombe instantanément amoureux !

Passé la première nuit au son rassérénant des vagues en contrebas, enfilez votre galurin et vos souliers puis mettez le cap sur Fort Dauphin : il est grand temps de se plonger dans l'histoire passionnante de cet ancien comptoir français. Pour faire connaissance, un passage par le musée Fort-Flacourt peut être bienvenu. Dans les ruines de cette ancienne fortification – la porte d'entrée date de 1643 – a été aménagée une exposition très complète décrivant aussi bien les us et coutumes du peuple autochtone de la région (Antonasy) que son rapport conflictuel avec les colons européens. Outre les vestiges restaurés d'un bastion vieux de plus de deux siècles et demi, on découvre via des documents de première main ce que fut l'histoire de Fort Dauphin. Si 80 marins portugais s'installèrent sur un îlot non loin en 1504 et vécurent, dit-on, en harmonie avec les Antonasy pendant une dizaine d'années, presque un siècle et demi plus tard, c'est au tour des Français – en la personne du jeune capitaine Jacques Pronis – de débarquer sur ces terres australes avec l'ambition d'annexer la « Grande Île », repère stratégique sur le Route des Indes. Les péripéties sont nombreuses dès l'édification du comptoir de Fort Dauphin – ainsi nommé en hommage au jeune monarque Louis XIV qui vient alors tout juste de monter sur le trône – et les rapports avec les Malgaches plutôt ambivalents. Pronis finit par être mis aux fers par le naturaliste Flacourt, envoyé dans la colonie pour y remettre de l'ordre, avant d'être libéré et de reprendre Fort Dauphin, puis de mourir, épuisé, à 36 ans. En 1665, quatre vaisseaux et 500 hommes arrivent de Brest, font fructifier la colonie et bâtissent une muraille dite imprenable. Mais bientôt les Français se marchent sur les pieds et la colonie périclite à nouveau, tout comme les rapports avec les royaumes Antanosy.

Le design de l’hôtel Talinjoo apporte
une touche encore plus magique au séjour.
Le design de l’hôtel Talinjoo apporte une touche encore plus magique au séjour ​​​​​© STEPHAN SZEREMETA

Depuis le Talinjoo Hotel, vous pourrez par ailleurs facilement accéder au quartier de la communauté indo-pakistanaise – au rôle économique majeur dans l'île – et sa fringante mosquée garnie de coupoles émergeant non sans majesté de la canopée. Rejoignez ensuite la rue dite Circulaire et la corniche pour vous laisser glisser le long de la fausse baie des Galions puis vers la plage de Faux-Cap : si la chance vous sourit, peut-être apercevrez-vous des dauphins voltigeant dans le lointain ! Quelques vestiges d'architecture coloniale sont à signaler ici, comme la vaste et blanche demeure de la famille Kaleta, entourée d'une luxuriante végétation, ou encore les colonnades des bâtisses ocre et décaties se trouvant à proximité de la poste.

Un passage par Ampotatra, le quartier des pêcheurs de Fort Dauphin, est tout aussi recommandé ! Au-delà de son patrimoine colonial, Fort Dauphin réserve quelques surprises naturelles de toute beauté, à l'image de la plage de Libanona ou de Lokaro, tout comme l'îlot de Portugais et ses manguiers centenaires ou l'Anse Monseigneur et ses pêcheurs figés dans un décor intemporel auprès desquels on achète aujourd'hui, comme hier, la pêche du jour – langoustine et poissons – avant de les cuisiner à la malgache. Autant dire de la meilleure manière qui soit !

Une nature exubérante

Afin de vous faire une idée de la richesse de l'écosystème local, le mieux reste encore de vous diriger vers la réserve de Nahampoana, à 7 km de Fort Dauphin : en moins de 2h de promenade au cœur de ce parc de 50 hectares, vous en prendrez plein les mirettes... et les narines ! C'est que côté flore, les essences aux arômes puissants ou délicats sont légion : mimosas pudicas, niaoulis, oreilles d'éléphants, cerisiers du Brésil, sans oublier cet albizia plébiscité par les primates du parc, ni cette opulente allée de camélias (deuxième collection de l'océan Indien), ou encore ces envoûtantes et charnues gousses de vanille... Et que dire de cette forêt de bambous géants qui peuvent gagner jusqu'à 25 cm par jour !

Côté faune, les principaux hôtes de ces bois sont les facétieux lémuriens, les crocodiles du Nil et les tortues, tous prospérant dans le cadre tropical et gorgé d'eau de Nahampoana, piscine naturelle et cascade faisant foi.

À ne pas manquer non plus, la halte restauration non loin des cinq litchis centenaires et une pause photo au pied de l'arbre endémique de Fort Dauphin : le palmier triangulaire !

La restauration dans la demeure historique de la réserve de Nahampoana est savoureuse.
La restauration dans la demeure historique de la réserve de Nahampoana est savoureuse ​​​​​© STEPHAN SZEREMETA

Autre excursion nature immanquable dans les environs : le site d'Ambinanibe. Lui aussi situé à 7 km de Fort Dauphin, le village est installé en bordure du lac Andriambe, situé à l'embouchure d'un fleuve. Son autre nom – Ambinanibe – signifie d'ailleurs en malgache « la grande passe » car il communique à la fois avec le fleuve et avec l'océan. C'est d'ailleurs précisément pour cette raison que l'on y pêche (observez les ingénieux pièges fixés à des pilotis le long des berges) l'une des crevettes les plus convoitées de la région ! Lorsque les pêcheurs ne sont pas occupés à récupérer leur butin, vous les verrez rafistolant leur pirogue sur les plages de sable blanc, que des vagues très réputées dans le monde du surf viennent aplanir plus encore. Les dunes de la presqu'île d'Ehoala, non loin du lac (qui est aussi un spot renommé de kitesurf), on les surfe aussi ! c'est en tout cas ce que font les enfants, à l'aide... de feuilles de cocotier ! Si vous avez la possibilité d'admirer un coucher de soleil sur le lagon encadré d'impassibles montagnes, vous vous en souviendrez longtemps.

Les paysages de la côte à proximité de Lokaro sont époustouflants.
Les paysages de la côte à proximité de Lokaro sont époustouflants © JUSTINEMACE - STOCK.ADOBE.COM

Évoquant l'Irlande pour certains, la Baie de Lokaro, sauvage et sublime, est un autre joyau de Lokaro. Dominé par la silhouette du pic Saint-Louis, cet imbroglio de lagunes et de canaux tressé d'une flore fertile forme un tableau saisissant. Au départ de la pittoresque bourgade d'Evatraha (1 500 âmes), l'expédition d'une demi-journée vous mènera de criques en cocoteraies, entre une mer sereine et une terre définitivement tropicale. Prendre son temps et faire la discussion avec les habitants demeure néanmoins l'expérience la plus marquante qui vous attend : la générosité simple de vos interlocuteurs aura tôt fait de vous attendrir.

Infos futées

Quel est le meilleur moment pour se rendre à Fort Dauphin ?

La saison sèche, c'est à dire d'avril à novembre – et à plus forte raison l'hiver austral (juin-septembre) – est une saison particulièrement agréable pour visiter la région de Fort Dauphin et Madagascar en général. Inversement, l'été austral (décembre-mars) correspond à la saison des pluies : les températures sont alors très élevées et les pistes sont souvent impraticables ! La zone de Fort Dauphin est d'ailleurs la plus humide. À éviter donc !

Combien de temps prévoir sur place à Fort Dauphin et dans la région ?

Pour profiter au mieux de la région sans courir après le chronomètre, une semaine voire 10 jours ne seront pas de trop : consacrez quelques jours à Fort Dauphin, son patrimoine colonial et ses restaurants, puis offrez-vous des embardées dans les environs directs de la ville. Pour des immersions authentiques et réparatrices en pleine nature, le temps est votre meilleure ressource !

Quel budget prévoir pour un voyage à Fort Dauphin et dans la région ?

Tout dépend d'où vous arrivez (le transport coûte environ 1 000 € depuis l'Europe). Si vous êtes déjà à Madagascar, un aller-retour en avion Antanarivo-Fort Dauphin vous coûtera dans les 300 à 350 €. Ajoutez à cela 70 à 100 € par jour pour manger, dormir, vous déplacer et vos activités.

Public

Amateurs de grands espaces, de nature vierge et sauvage, de rencontres nouvelles, de gastronomie marine, de vacances actives et d'histoire : Fort Dauphin est fait pour vous !

Les plus

  • Un patrimoine colonial remarquable.
  • Une nature éblouissante
  • Une faune et une flore singulières.
  • Une gastronomie marine rafraîchissante.

Les moins

  • Une saison des pluies très humide.

Comment aller à Fort Dauphin et dans la région ?

Pour rejoindre Antanarivo depuis Paris, comptez 11h à 12h et 850 à 1 500 € selon la saison, en vol direct avec Air France. Une fois arrivé dans la capitale, le plus sûr et le plus rapide pour rejoindre Fort Dauphin reste encore d'opter pour un vol national. Il vous en coûtera 1h40 et 300/350 € avec Air Madagascar.

Où dormir à Fort Dauphin ?

Tel. : +261 34 05 212 35

La meilleure base arrière pour visiter Fort Dauphin est à n'en point douter le Talinjoo Hôtel : localisation exceptionnelle permettant de jouir des plus beaux couchers de soleil, infrastructures confortables et de bon goût, service de restauration de qualité et centre de soins. Dès 75 € la chambre double.