CANAL DE CORINTHE

Ce beau canal artificiel (Διώρυγα της Κορίνθου/Dioryga tis Korinthou) sépare le Péloponnèse du reste de la Grèce continentale depuis 1893. Il s'étire en ligne droite sur 6,4 km à travers l'isthme de Corinthe, entre le golfe de Corinthe (mer Ionienne) et le golfe Saronique (mer Égée). Il est impressionnant avec des parois de roche claire s'élevant à 63 m au-dessus de l'eau et seulement distantes de 25 m. Conçu par les ingénieurs hongrois Béla Gerster et István Türr, le canal fut une révolution pour la navigation en Méditerranée : il évite aux navires de faire le tour du Péloponnèse, soit un gain de 185 milles marins (342 km). Toutefois, l'étroitesse et la faible hauteur d'eau (8 m) ne sont plus adaptées aux gros gabarits. De plus, les parois s'effritent : des chutes de pierre ont interdit le passage entre 2021 et 2023. Le « pont de l'Isthme », structure métallique située près du village du même nom (Gefyra Isthmou/Γέφυρα Ισθμού), offre les meilleures vues sur le canal. Pour y accéder de l'autoroute entre Athènes et le Péloponnèse, il faut prendre la sortie n^o 8 « Korinthos Isthmos ». Vous verrez peut-être passer ici une embarcation. Les plus larges (22,5 m maximum) sont tirées par un remorqueur et frôlent les parois.

Bunkers et Diolkos. Près du pont, vous trouverez un parking, des cafés-restaurants, l'agence de saut à l'élastique Zulu Bungy (qui propose de chuter sous le pont depuis 2003), un monument rendant hommage à Gerster et Türr, un centre d'information sur le Péloponnèse et des bunkers de la Seconde Guerre mondiale. Le 26 avril 1941, les parachutistes allemands s'emparèrent du canal défendu par des soldats néo-zélandais, australiens et britanniques. Mais le pont fut détruit, permettant l'évacuation des troupes alliées vers la Crète. Et il fut ensuite reconstruit par l'armée italienne. Au total, sept ponts enjambent aujourd'hui le canal : celui de l'Isthme, deux pour l'autoroute, deux pour les trains (dont un abandonné) et deux petits ponts mobiles (dits « submersibles ») placés à chaque extrémité. Le long du canal sont aussi visibles les traces du Diolkos : un chemin pavé utilisé du VII^e siècle av. J.-C. au I^er siècle apr. J.-C. pour faire passer les navires d'une mer à l'autre. Comme il était doté de rails, il est parfois présenté comme l'ancêtre des chemins de fer. Et, vers le golfe de Corinthe, sur la rive sud, subsiste aussi un mur romain qui était orné d'une statue de Néron. L'empereur fut le premier à tenter le percement du canal, en 67 apr. J.-C. Les travaux furent abandonnés à sa mort, dès l'année suivante.