SITE ARCHÉOLOGIQUE DU SANCTUAIRE D'ÉPIDAURE

Réputé pour son théâtre, le site archéologique du « sanctuaire d'Asclépios en Épidaure » (Αρχαιολογικός Χώρος Ασκληπιείου Επιδαύρου/Archaiologikos Choros Asklipiiou Epidavrou) est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1988. Sous le mont Kynortion (686 m d'altitude) et sur 1 400 ha s'étendent les vestiges d'un complexe qui appartenait à la cité d'Épidaure (15 km à l'est). Ce fut un lieu de culte dédié au dieu de la Médecine Asclépios, mais aussi un lieu de soins, le plus ancien sanatorium connu à ce jour. Le premier édifice fut un temple mycénien (XVI^e siècle av. J.-C.) érigé sur une colline en l'honneur d'une déesse guérisseuse. Vers le VIII^e siècle av. J.-C., la même colline accueillit un temple dédié à Apollon Maleatas, ici honoré en tant que dieu de la Purification et de la Guérison. Ses vestiges (en cours d'aménagement) se trouvent 2 km à l'est de l'entrée du site.

Miracles et Jeux d'Asclépios. Au VI^e siècle av. J.-C., un nouveau culte se développe : celui d'Asclépios. Épidaure devient alors le principal asclépiéion (sanctuaire d'Asclépios) du monde grec. Les guérisons « miraculeuses » attribuées au dieu, les conseils prodigués par les prêtres et les soins pratiqués par des médecins vont attirer des pèlerins et patients de toute la Méditerranée pendant douze siècles. Le sanctuaire doit aussi sa renommée aux Jeux asclépiens : à partir du V^e siècle av. J.-C., des compétitions sont organisées tous les quatre ans en l'honneur d'Asclépios avec des épreuves sportives (au stade) et musicales (au théâtre). Le site est pillé par les Hérules au III^e siècle, mais les Jeux perdurent jusqu'en 355. Malgré un raid des Goths en 395, le sanctuaire continue de fonctionner. Il sera abandonné après deux séismes en 522 et en 551.

Fantastique théâtre. Commencez la visite par le théâtre dès l'ouverture afin d'éviter la foule. Adossé à une colline, il fut construit à partir de 330 av. J.-C. Ce fut le plus beau théâtre du monde gréco-romain et c'est celui qui est le mieux préservé. Sa cavéa (hémicycle) de calcaire gris se déploie sur 58 m de rayon avec 55 rangées de gradins réparties en 22 sections desservies par 23 escaliers et par la diazoma. Ce couloir horizontal marque la séparation entre la partie originelle et la partie haute ajoutée au II^e siècle av. J.-C. La capacité passa alors de 6 210 à 12 300 spectateurs. Au centre, l'orchestra (scène) de 20 m de diamètre accueillit les chanteurs et danseurs de l'Antiquité, mais aussi Maria Callas, en 1960 et 1961, dans le cadre du Festival d'Athènes-Épidaure. Les comédiens jouaient, quant à eux, en retrait, sur le proskénion (estrade). Celui-ci a perdu sa haute façade qui servait à installer les décors et pour propager le son vers la cavéa. L'acoustique demeure toutefois spectaculaire : le calcaire atténue le murmure du public et amplifie les sons provenant de l'orchestra et du proskénion. Faites le test : en prononçant quelques mots à voix normale dans l'orchestra, ceux-ci peuvent être entendus distinctement en haut des gradins.

Auberge, restaurant et stade. En sortant du théâtre, le chemin longe le musée. Comme celui-ci se trouve près de l'entrée/sortie du site, mieux vaut le visiter en fin de parcours pour être à l'ombre quand le soleil atteint son zénith. Derrière le musée commence la vaste aire regroupant les vestiges des édifices conçus pour les rites, les soins et l'accueil des pèlerins. Le premier est le katagogion (IV^e siècle av. J.-C.), une auberge qui comptait 160 chambres. Environ 100 m plus loin se trouvent les bains grecs (IV^e siècle av. J.-C.) et l'hestiatorion (v. 300 av. J.-C.). Cette salle de banquet fut le plus grand bâtiment du sanctuaire (70 x 75 m). L'entrée se faisait au nord par un monumental propylée et il comprenait un odéon ajouté au II^e ou III^e siècle apr. J.-C. L'hestiatorion est l'un des trois édifices du site à faire l'objet d'une restauration en anastylose : avec des fragments originaux et des matériaux modernes, volontairement de couleur distincte. À l'ouest, le stade (IV^e siècle av. J.-C.) s'étend sur 180,7 m de longueur. Il conserve une partie de ses tribunes ainsi que des bornes qui marquaient le départ des coureurs.

Zone rituelle. Au nord-ouest, la zone religieuse commence par le petit « temple égyptien » (III^e ou II^e siècle av. J.-C.) où Asclépios, Apollon et Hygie (fille d'Asclépios, déesse de la Santé et de l'Hygiène) étaient associés à Osiris (dieu des Morts qui redonne la vie), Isis et Horus/Harpocrate (protecteurs des mères et enfants). S'ensuivent les vestiges des temples d'Artémis (IV^e siècle av. J.-C.) et d'Asclépios (V^e siècle av. J.-C.). Ce dernier, de style dorique, abritait une statue chryséléphantine (d'or et d'ivoire) réalisée par Thrasymèdes de Paros au IV^e siècle av. J.-C. Le « temple » le plus impressionnant est la tholos (IV^e siècle av. J.-C.), bâtiment circulaire de 21,80 m de diamètre et 12 m de hauteur où vivaient les serpents sacrés d'Asclépios. Ses 26 colonnes doriques externes et 14 colonnes corinthiennes internes font l'objet d'une spectaculaire restauration en anastylose. La même technique a été utilisée pour certaines colonnes de l'abaton (IV^e-III^e siècles av. J.-C.), étroit édifice de 70 m de longueur où se déroulait le rite de l'incubation : les patients attendaient ici couchés pour apercevoir Asclépios en rêve et recevoir des instructions pour leur guérison.