CAP TÉNARE

Ce cap (Ακρωτήριο Ταίναρο/Akrotirio Tainaro) est le point le plus au sud de la Grèce continentale. Aussi appelé cap Matapan, il descend légèrement plus bas que le cap Malée de la péninsule voisine d'Épidaure-Limira, à l'est. Il est aussi plus au sud que la Sicile, Tunis et Alger. Toutefois, c'est seulement le deuxième point le plus au sud de l'Europe continentale : il est situé 50 km plus au nord que Tarifa, en Espagne. Du fait de son emplacement, le cap Ténare fut considéré comme l'entrée du royaume des morts par les Anciens. L'endroit abritait aussi Tainaron, colonie spartiate qui était réputée pour son marché aux mercenaires et son marbre vert aux veines rouges et noires. La route venant de Porto Kagio traverse des paysages arides. Elle s'arrête à Kokkinogia, dernier hameau du Magne avec 9 habitants permanents. On trouve ici des chevaux en semi-liberté, une taverne, une maison d'hôtes rudimentaire et le parking donnant sur la petite plage de Porto Sternes, un ancien port.

Porte des Enfers et oracle des morts. Sur la plage de Porto Sternes : une grotte peu profonde. Elle est appelée la « porte d'Hadès ». Elle était considérée comme l'entrée du domaine du dieu du Monde souterrain et des Enfers. Dans la mythologie, c'est là qu'Héraclès pénètre pour aller capturer Cerbère. Et, au-dessus, commence le site archéologique de Tainaron (accès libre). Les premiers vestiges sont ceux du sanctuaire de l'oracle des morts de Poséidon (IV^e-III^e siècle av. J.-C.), où se déroulaient des cérémonies pour les défunts et d'affranchissement d'esclaves. Le temple a été transformé en chapelle durant la période byzantine. Mais sous une arche, des visiteurs continuent de déposer de menues offrandes (plus ou moins sincères) pour apaiser la colère de Poséidon Asphalios : « l'Inébranlable », celui qui protège des séismes. Il faut ensuite repartir du parking pour suivre le sentier vers le sud. Après 250 m, vous attend une belle mosaïque circulaire aux motifs de vagues. Datant du I^er siècle de notre ère, elle ornait le sol de thermes romains. Elle est surnommée « Étoile d'Aria » en référence à une nymphe (et amante d'Apollon) associée au culte des « eaux invisibles ».

Plage d'Aria et phare français. S'il y avait ici des bains, le cap Ténare ne possède aucune source. Pour leurs besoins en eau, les habitants de Tainaron/Taenarum créèrent donc plein de petites citernes pour récupérer l'eau de pluie, dont celles creusées dans la roche autour de la mosaïque. Se baigner sur la petite plage voisine d'Aria est une bonne idée en été : il reste 1,7 km de marche pour parvenir à la pointe sud des Balkans. Prévoyez de bonnes chaussures, de l'eau et de la crème solaire. Le vent souffle, le soleil tape, mais vous ne risquez pas de vous perdre. La péninsule devient de plus en plus étroite. Et elle s'achève par un phare de 16 m de hauteur perché sur des rochers, 25 m au-dessus des vagues rugissantes. Il fut conçu par des ingénieurs français et achevé en 1887. Le site est grandiose : l'immensité des flots, les vues sur Cythère, le cap Malée et les bateaux qui croisent au large. Mais le cap Ténare fut le témoin de bien des drames. En 1717, la première bataille de Matapan causa ici la perte de centaines de marins des flottes vénitiennes et ottomanes. Et, en 1941, la seconde bataille de Matapan, remportée par la Royal Navy, fut, elle, la plus grande défaite navale de l'Italie, avec la mort de 2 300 marins et cinq grands navires coulés.