CITADELLE DE METHONI

Cette citadelle de 10 ha (Κάστρο Μεθώνης/Kastro Methonis) est l'une des plus belles de Grèce. Nommée Modone par les Vénitiens, elle occupe la péninsule Agios Nikolaos, au nord de la baie de Methoni, et se prolonge par l'îlot fortifié de Bourdzi qui offre de belles vues sur l'île inhabitée de Sapientza (9 km²) située à 1,6 km au sud. La péninsule fut sans doute occupée par la cité antique de Pedasus et devint un important port byzantin, avant d'être prise par le seigneur de Champagne Geoffroi de Villehardouin en 1204, qui la céda deux ans plus tard aux Vénitiens. Ceux-ci entreprirent d'importants travaux à partir de 1209 pour en faire une ville fortifiée, un relais pour leurs galères et un comptoir commercial. La citadelle tomba aux mains des Ottomans au terme d'un siège long et sanglant le 9 août 1500. Le futur doge Francesco Morosini la reprit en 1686 et Methoni resta aux mains des Vénitiens jusqu'en 1715. Durant la guerre d'indépendance, la citadelle servit de quartier général, d'abord aux Égyptiens alliés aux Ottomans, puis aux Français venus soutenir les insurgés grecs.

Dans les pas de Chateaubriand. On franchit les douves par un étroit pont en pierre à 14 arches construit par les troupes du général Maison en 1828 et encadré par les bastions Loredan (à gauche) et Bembo du XV^e siècle. Après une première cour, on entre dans la vaste esplanade où se trouvait la ville, détruite lors du siège de 1500. À gauche se dresse la « colonne de Morosini » qui était probablement ornée d'un lion de saint Marc. À droite, le long des remparts, la structure conique de la « Pyramide » était la poudrière de la garnison ottomane. Mais le seul bâtiment intact est l'église de Metamorfosi tou Sotiros (« de la Transfiguration ») : une ancienne église catholique convertie en mosquée, puis en lieu de culte orthodoxe grec. On découvre ensuite les vestiges de bains ottomans, de citernes et d'une mosquée. Au sud, deux tours de 16 m de hauteur gardent la digue en pierre de 70 m de longueur menant à l'îlot de Bourdzi (nom dérivé de l'arabe bordj signifiant « fortin »). Celui-ci fut fortifié par les Ottomans au XVI^e siècle avec une tour octogonale de deux étages couverte d'un dôme qui offre un superbe panorama au coucher du soleil à partir du mois d'août. On peut alors s'imaginer dans les pas de Chateaubriand. Arrivant de Trieste, l'écrivain débarqua ici, seul, le dimanche 10 août 1806 pour son unique et court voyage en Grèce, du Péloponnèse à Athènes. Un périple narré et largement romancé dans Itinéraire de Paris à Jérusalem (1811).