BAIE DE NAVARIN

Cette magnifique baie (Κόλπο του Ναυαρίνου/Kolpo tou Navarinou) reste marquée par le souvenir de la bataille de Navarin. Elle s'étire sur 10 km de longueur et 4 km de largeur. Et elle est presque complètement fermée à l'ouest par l'île inhabitée de Sphactérie (3,2 km²) avec seulement deux ouvertures sur la mer Ionienne. Au nord, la passe de Sykia est quasi infranchissable : 100 m de largeur pour 2 m de profondeur. Au sud, le détroit de Pylos fait quant à lui 1,1 km de largeur et 35 m de profondeur, mais il est parsemé de récifs. C'est par ici que les 27 navires britanniques, français et russes s'engouffrèrent le 20 octobre 1827 pour affronter la grande flotte de 80-90 navires dirigée par les Ottomans et appuyée par des canons à terre. L'effet de surprise et la meilleure cadence de tir donnèrent une victoire totale aux coalisés, sans perdre un seul bateau. Au soir de la dernière grande bataille de la marine à voile, la perte de 60 navires et d'environ 6 000 marins par les Ottomans et leurs alliés égyptiens et tunisiens allait durablement priver de ravitaillement les troupes luttant contre les insurgés grecs et permettre à ces derniers de l'emporter enfin en 1829.

Sublime plage de Voïdokilia. Aujourd'hui encore, une promenade en bateau dans la baie permet de voir les épaves des navires en bois coulés il y a deux siècles, certains le long de la côte, faute d'avoir eu le temps de rompre leurs amarres. C'est aussi l'occasion de visiter les trois monuments rendant hommage aux 175 marins coalisés morts ce jour-là. Le plus impressionnant est celui des Français, installé depuis 1890 dans le détroit de Pylos, au sommet de l'îlot de Tsichli Baba. Sphactérie abrite quant à elle une église en bois et un monument russes, des cuves à carburant rouillées et les vestiges d'un petit fort antique : c'est ici que les Spartiates furent battus en tentant de repousser un débarquement des Athéniens en 425 av. J.-C. Au nord de la passe de Sykia, les ruines du château franc de Paleokastro (autrefois appelé Port-de-Jonc) sont juchées à 120 m au-dessus de la grotte de Nestor et de la plage de Voïdokilia, l'une des plus belles de Grèce : une forme de lettre oméga (Ω) parfaite, du sable fin et des eaux turquoises dignes d'un lagon tahitien. Pour y parvenir par la route (17 km de Pylos), il faut d'abord contourner l'un des hôtels de luxe les moins écolos du pays (le Mandarin Oriental Costa Navarino avec terrain de golf et marina), puis longer la plage de Gialova et ensuite faire le tour de la réserve naturelle du lac de Divari qui abrite 254 espèces d'oiseaux.