MUSÉE ARCHÉOLOGIQUE DE DELPHES
L'un des deux plus beaux musées archéologiques de Grèce avec celui d'Athènes. Parmi les œuvres majeures : l'Aurige de Delphes !
Ce musée (Αρχαιολογικό Μουσείο Δελφών/Archaiologiko Mousio Delfon) est le plus riche de Grèce avec le Musée national archéologique, à Athènes. Il ne présente pourtant que des découvertes faites sur un périmètre très restreint, celui de l'ancien sanctuaire d'Apollon de Delphes. Mais le site jouissait d'une telle aura que les cités grecques ont ici amassé certaines des plus belles œuvres d'art de toute l'Antiquité. Ainsi, malgré les destructions, les incendies, les glissements de terrain et l'épreuve du temps, les archéologues français et grecs ont, depuis le XIXe siècle, mis au jour l'un des grands trésors de l'humanité. La muséographie des années 1980, bien qu'un peu datée, continue de très bien mettre en valeur ce patrimoine exceptionnel avec, en outre, des explications en français. Il faut compter environ 2h pour une visite complète. Notre conseil en été : parcourir le site archéologique dès l'ouverture et profiter ensuite de la fraîcheur du musée aux heures les plus chaudes. En hiver, faites le contraire pour être ici au chaud le matin et bénéficier du soleil de la mi-journée en extérieur. Le musée dispose d'un café, d'une boutique et de fontaines à l'entrée.
Origines de Delphes. Les trois premières salles reviennent sur les origines du sanctuaire depuis le IIe millénaire av. J.-C. Salle 1, outre de belles têtes de griffon en bronze, il faut surtout remarquer la terre cuite d'une divinité mycénienne installée sur une chaise à trois pieds : elle annonce ce qui deviendra, à partir du VIIIe siècle av. J.-C., le symbole de la Pythie de Delphes : le trépied. Dans la salle 2, un petit kouros, « jeune homme » de 15 cm de hauteur réalisé en Crète v. 620 av. J.-C., préfigure les deux premiers grands kouroï sculptés en Grèce v. 580 av. J.-C. présentés dans la salle suivante : les frères Cléobis et Biton d'Argos, de solides lutteurs de 1,97 m de hauteur dont le physique trapu contraste avec leurs yeux fins en amande et leur chevelure féminine.
Période archaïque. Les salles 4 et 5 témoignent du développement de l'art grec à la période archaïque. Parmi les objets découverts le long de la voie sacrée, il faut noter l'exceptionnelle « trilogie apollinienne » du VIe siècle av. J.-C : les statues chryséléphantines (d'or et d'ivoire) d'Apollon, de sa jumelle Artémis et de leur mère Léto. Les œuvres de ce type ont presque toutes disparu. Mais on peut ici admirer le travail des artistes, sans doute de l'île de Samos : cheveux et bijoux en or, dont la magnifique Gorgone gravée d'Artémis, expression des visages en ivoire (sauf celui de Léto, ravagé par les flammes). Le taureau de Corfou (v. 480 av. J.-C.) est aussi très impressionnant avec son corps de 2,5 m de longueur en feuilles d'argent, sa tête et ses sabots en or. Les Cyclades sont ensuite à l'honneur avec les belles frises du trésor de Sifnos (v. 525 av. J.-C.) ornées de superbes scènes de combat (guerre de Troie, affrontement des dieux et des Géants) et la sculpture en marbre la plus célèbre de Delphes : le sphinx de Naxos (560 av. J.-C.). Mesurant 2,20 m de hauteur, cette créature ailée à corps de lionne et visage de femme était installée au sommet de la colonne des Naxiens (10 m de hauteur), le long du « mur polygonal ». Sur la base de la statue une inscription a été ajoutée au IVe siècle av. J.-C. Elle renouvelle la promantie accordée aux citoyens de Naxos : le privilège de consulter la Pythie en priorité.
Temple et trésors. Entre les salles 6 à 10 sont présentés les plus beaux décors sculptés mis au jour à Delphes. Malgré l'édit de Thessalonique, en 392, qui provoqua la destruction des lieux de culte polythéistes, de nombreux éléments du sanctuaire ont été conservés. De la dernière version du temple d'Apollon nous est ainsi parvenue la frise de la guerre de Troie (v. 330 av. J.-C.) qui conserve certains de ses pigments. Tandis que les combattants s'affrontent, sur la droite sont assis les dieux favorables aux Grecs : Athéna, Héra et Déméter. Sur la gauche se tiennent ceux qui soutiennent les Troyens : Arès (bouclier à la main), Aphrodite, Artémis, Apollon (aux traits féminins et tourné vers sa sœur) et Zeus (qui a perdu sa tête). Sur place a aussi été retrouvée une partie du décor du précédent temple du Ve siècle, dont un lion dévorant sa proie et une représentation peu habituelle de Niké (divinité de la Victoire) les genoux à terre. Les salles 7 et 8 sont consacrées au trésor des Athéniens (v. 490 av. J.-C.) avec les bas-reliefs de la frise extérieure presque complète : Amazonomachie (combat des Grecs contre les Amazones), exploits de Thésée et travaux d'Héraclès. Le même bâtiment a aussi livré les Hymnes delphiques : deux des plus anciennes partitions musicales connues au monde. Il s'agit de textes gravés en 138 et en 128 av. J.-C. où les mots sont accompagnés d'indications précises pour les mélodies. Et, c'est dans les salles 9 et 10 que sont présentées les découvertes du sanctuaire d'Athéna Pronaïa, en particulier onze fragments en marbre de Paros de la frise du trésor des Massaliotes (v. 510 av. J.-C.) : scènes de la Gigantomachie (combat de Zeus et des dieux contre les Géants) et de l'Amazonomachie avec notamment une belle tête de guerrier.
Statues et sculptures. Les salles 11 et 12 regroupent des œuvres sculptées entre les périodes classique et romaine. La plus impressionnante est la colonne dite des « danseuses de Delphes » (v. 330 av. J.-C.) qui soutenait la pierre de l'Omphalos au sein du temple d'Apollon. Pleines de grâce, les trois figures féminines de 1,95 m de hauteur sont suspendues au-dessus de grandes feuilles d'acanthe, vêtues d'un chiton (tunique courte) aux plis d'un réalisme saisissant et tiennent d'un bras le calathos (panier) où trônait le symbole du centre du monde. L'Omphalos a été déposé à côté. Il s'agit d'une des nombreuses versions du « nombril » qui existèrent à Delphes. Celui-ci se présente sous la forme d'une ogive recouverte d'un filet de laine. C'est une évocation de la naissance de Zeus : le dieu trompa son père Cronos qui voulait l'avaler avec une pierre emmaillotée comme un nouveau-né. De la période romaine, il faut surtout noter le nu d'Antinoüs (v. 130 apr. J.-C.). Ce jeune Grec amant de l'empereur Hadrien fut divinisé après sa noyade dans le Nil. Il est ici représenté avec des formes parfaites selon le modèle des anciennes statues grecques.
L'Aurige de Delphes. La plus formidable œuvre en bronze du monde gréco-romain trône seule et majestueuse dans la salle 13. Ce conducteur de char de 1,82 m de hauteur faisait partie d'un ensemble réalisé pour Polyzalos, roi de la cité grecque de Gela, en Sicile, afin de célébrer sa victoire à la course de char des Jeux pythiques de Delphes en 478 ou 474 av. J.-C. Elle a été mise au jour par les archéologues de l'École française d'Athènes en 1896 entre le temple d'Apollon et le théâtre. Deux choses rendent cette sculpture exceptionnelle. Tout d'abord, la plupart des statues en bronze ont été fondues au fil des siècles. Ainsi, l'Aurige de Delphes fait partie des cinq grands bronzes de la période classique qui nous soient parvenus, avec notamment le dieu de l'Artémision et le Poséidon de Livadestra exposés au Musée national archéologique, à Athènes. Ensuite, c'est le plus ancien bronze représentant un personnage habillé. Les plis du xystis (tunique longue) ont nécessité un travail méticuleux de la part de l'artiste anonyme qui a réalisé cette œuvre. Mais le souci du réalisme est là avec le bandeau de la victoire et les lanières nouées sous les aisselles pour empêcher la xystis de prendre le vent pendant la course. Il faut noter que la main gauche est absente, de même que les billes en verre à la place des yeux et que les rênes tenus de la main droite sont une reconstitution. Il faut aussi rappeler que si l'aurige a remporté la course, c'est Polyzalos, en tant que propriétaire de l'attelage, qui reçut le titre de champion. Il en allait de même pour toutes les épreuves hippiques de la Grèce antique. Une évocation subtile présente aussi, à base d'éléments éparses, ce à quoi devait ressembler l'œuvre complète : l'aurige debout sur la plateforme du char à deux roues, les quatre chevaux et un jeune palefrenier posté devant eux.
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