SITE ARCHÉOLOGIQUE DE DELPHES
Ancien sanctuaire d'Apollon inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco : nombreux vestiges, vues grandioses mais parcours en pente.
Ce site de 51 ha (Αρχαιολογικός Χώρος Δελφών/Archaiologikos Choros Delfon) est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco et fait partie du parc national du mont Parnasse. Ancien sanctuaire dédié à Apollon, c'est l'un des plus beaux sites archéologiques de Grèce. Il profite de paysages grandioses mais requiert une bonne condition physique pour la visite (comptez 3h avec de bonnes chaussures, un chapeau, de l'eau ainsi qu'un vêtement chaud en hiver). Il s'étale entre 490 et 660 m d'altitude sur le flanc du mont Cirphis (1 503 m) et offre un large panorama sur la vallée du Plistos, la mer d'oliviers d'Itea-Chrisso et le golfe de Corinthe, tandis qu'au-dessus dominent les deux pics des Phédriades (« les Brillantes »), à 700 m d'altitude, et le mont Parnasse, à 2 460 m. C'est dans ce décor enchanteur que se développa à la période mycénienne le culte de Gaïa, la déesse Mère. Selon la mythologie, Gaïa enfanta le serpent Python qui gardait ici l'oracle de son sanctuaire. Mais Apollon, qui résidait sur le mont Parnasse, tua Python et s'appropria l'oracle afin de guider les hommes. C'est ainsi que se développa durant l'Antiquité l'institution de la Pythie : une femme pure choisie pour ses pouvoirs de divination que les pèlerins de Méditerranée venaient consulter pour connaître leur avenir. Les Anciens considéraient aussi Delphes comme l'Omphalos : le « nombril », le centre du monde.
Agora romaine et voie sacrée. Le site se divise en trois zones : le sanctuaire d'Apollon proprement dit, le stade des Jeux pythiques, sur les hauteurs, et le sanctuaire d'Athéna Pronaïa, légèrement à l'écart. Le centre du sanctuaire est le temple d'Apollon, à mi-pente. Pour y parvenir, il faut d'abord passer devant l'agora romaine (IVe siècle apr. J.-C.). Cette place marchande conserve une dizaine de colonnes d'une galerie qui abritait les boutiques où les pèlerins achetaient des offrandes à déposer en chemin ainsi qu'une chèvre à sacrifier devant le temple. Commence ensuite la voie sacrée. Ce chemin pavé de 250 m de longueur a été créé au VIIe siècle av. J.-C. Il est bordé d'édifices de différentes périodes, qui sont pour la plupart des trésors ou des monuments votifs offerts par les cités. On remarque tout d'abord l'exèdre des rois d'Argos (v. 370 av. J.-C.) : deux hémicycles de part et d'autre de la voie sacrée qui accueillaient les statues des héros de batailles remportées par Argos contre Sparte. Ensuite, autour du premier virage se concentrent une vingtaine de « trésors » : des bâtiments en forme de petits temples qui abritaient des biens précieux des cités et où les pèlerins déposaient des offrandes.
Trésor et portique des Athéniens. Dans le premier virage de la voie sacrée, le trésor des Athéniens profite du meilleur emplacement et c'est le seul à avoir été reconstitué par les archéologues. Ce bâtiment dorique (6,5 x 9,7 m) en marbre de Paros a été érigé après la bataille de Marathon, en 490 av. J.-C. Il est encadré par les vestiges du bouleutérion (au-dessus, à droite), où siégeait le Conseil du sanctuaire, et par une copie de la sculpture conique de l'Omphalos (en dessous, à gauche), qui symbolisait le centre du monde. Le long de la voie sacrée, à gauche, se succèdent ensuite le rocher de la Sibylle (lieu de prophéties archaïques de l'ère mycénienne), la base de la colonne des Naxiens (qui était surmontée d'un sphinx, visible au musée) et le portique des Athéniens (Ve siècle av. J.-C.). Cette galerie de 26 m de longueur, dont trois des huit colonnes ont été relevées, servait à exposer les offrandes d'Athènes après ses victoires navales. Elle est adossée au « mur polygonal », ouvrage de soutènement de 83 m de longueur constitué de pierres polygonales élégamment ajustées sur lequel repose la terrasse du temple d'Apollon. En face du rocher de la Sybille, sur la droite de la voie sacrée, se trouve une aire religieuse primitive où avaient lieu des rituels reproduisant la scène du meurtre de Python par Apollon.
Terrasse du temple d'Apollon. La voie sacrée débouche au cœur du sanctuaire avec des vues magnifiques à la clé. À droite, le carrefour des Trépieds accueillait les plus belles offrandes, sous forme de trépied, symbole de la Pythie. Ici se dresse la réplique de la « colonne serpentine », dont l'originale est installée à Istanbul depuis le XVIIIe siècle. Elle était ornée du trépied de Platées, offert par la coalition des cités grecques après la victoire contre les Perses à Platées, près de Thèbes, en 479 av. J.-C. En face, le temple est précédé par les vestiges de deux édifices : à gauche, l'autel d'Apollon où étaient sacrifiés des animaux, et, à droite, le pilier de Prusias, qui soutenait une statue équestre de Prusias II, roi de Bithynie (à l'est d'Istanbul) au IIe siècle av. J.-C. Interdit d'accès, le temple (23,8 x 60,3 m) conserve six colonnes doriques relevées en 1940. Il s'agit de la cinquième version du bâtiment érigée au IVe siècle av. J.-C., les précédentes ayant été détruites par le feu et des éboulements des Phédriades. Sur le fronton était gravée la maxime « Connais-toi toi-même » attribuée à Apollon. À l'intérieur se tenaient deux objets sacrés : la pierre de l'Omphalos (conservée au musée) et une statue de Dionysos qui « remplaçait » Apollon en hiver. Le temple abritait aussi la Pythie, qui, dans les vapeurs de soufre, entrait en transe pour interroger Apollon (ou Dionysos) et donner une réponse énigmatique à chaque pèlerin.
Théâtre et stade. Le chemin au nord du temple d'Apollon longe d'abord l'Ischegaon (« mur qui retient la terre ») où se trouvait l'époustouflante statue de l'Aurige exposée dans la salle 13 du musée. Le théâtre, bien préservé, fut remanié au IIe siècle av. J.-C. Aujourd'hui interdit d'accès, il pouvait accueillir 4 500 spectateurs, notamment lors des épreuves artistiques des Jeux pythiques en l'honneur d'Apollon organisés à l'origine tous les neuf ans : cithare, flûte, chants, tragédies et comédies. Il faut ensuite grimper sur 400 m en longeant le théâtre pour parvenir au stade. Faites une halte en chemin pour admirer le panorama. Situé au sommet du sanctuaire, le stade antique de Delphes est un des mieux conservés de Grèce. Construit au IVe siècle av. J.-C., il est doté d'une piste de 178 m de longueur et de tribunes ajoutées par les Romains pour environ 6 500 spectateurs, l'une en marbre, dont subsistent quelques rangs au sud, l'autre taillée dans la roche au pied des Phédriades. C'est dans cette enceinte que se déroulaient les épreuves sportives des Jeux pythiques : stadion (course d'une longueur de stade), hoplitodromos (course en armes et en armure), saut en longueur, lancer de disque, pancrace (mélange de lutte et de boxe), etc. Il faut ensuite repartir en sens inverse et sortir du site principal pour prendre la route vers le sud-est sur 800 m.
Vers le sanctuaire d'Athéna Pronaïa. Environ 200 m après la billetterie, vous pouvez faire comme les pèlerins de l'Antiquité : une pause au pied d'une grande faille rocheuse, à la fontaine de Castalie. Celle-ci doit son nom à une nymphe qui trouva ici refuge pour échapper aux avances d'Apollon. La route domine ensuite les vestiges du gymnase, en contrebas et interdit d'accès. Datant du IVe siècle av. J.-C., remanié par les Romains en l'an 120 et plus tard converti en monastère, ce long édifice et ses dépendances servaient à l'entraînement des athlètes des Jeux pythiques. La visite s'achève au petit sanctuaire d'Athéna Pronaïa. À l'origine dédié à Gaïa, il fut consacré à la déesse de la Sagesse à partir de 650 av. J.-C. et doit son épithète au fait d'être situé « avant le temple » (pro naos) d'Apollon pour les pèlerins qui arrivaient d'Athènes. Il faut quitter la route pour suivre un chemin qui zigzague entre les oliviers jusqu'à la terrasse du sanctuaire. Peu de choses subsistent du temple d'Athéna (v. 360 av. J.-C.) qui sert de lieu de stockage pour des colonnes et blocs sculptés. En revanche, les archéologues ont relevé trois des vingt colonnes de la tholos (temple circulaire) du IVe siècle av. J.-C. en marbre de Paros où était honorée Gaïa. Et, à proximité, se trouvent les murs du trésor des Massaliotes, construit vers 510 av. J.-C. par les colons phocéens de l'actuelle Marseille.
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