ÉGLISE AGIA SOFIA DE THESSALONIQUE

Cette grande église aux murs ocre du VII^e siècle (Ιερός Ναός Αγίας Σοφίας/Ieros Naos Agias Sofias) fait partie des 15 monuments de Thessalonique inscrits au patrimoine mondial de l'Unesco. Abritant de précieuses mosaïques, c'est un des plus importants édifices byzantins de Grèce. Comme son illustre modèle, Agia Sofia de Constantinople (VI^e siècle), elle est dédiée à sainte Sophie, incarnation de la Sagesse divine. Elle fut érigée à partir des années 620, après l'effondrement d'une basilique du IV^e siècle, et prit sa forme actuelle entre le VIII^e et le XII^e siècle pour devenir l'église métropolitaine (diocésaine) de Thessalonique. Presque carrée (31 x 29 m) et coiffée d'un dôme central, elle adopte un plan transitoire entre celui en croix inscrite et celui de la précédente basilique à trois nefs. L'église fut brièvement convertie en cathédrale catholique par les Francs (1205-1224), puis en mosquée par les Ottomans (1523-1912) sous le nom d'Ayasofya Camii. Gravement endommagée par un incendie en 1890, elle fut restaurée en 1909 par le byzantiniste français Charles Diehl. Mais elle fut épargnée par le grand incendie de 1917 qui ravagea les deux-tiers de la ville : les flammes s'arrêtèrent à l'entrée de sa grande cour rectangulaire.

Mosaïques et baptistère. Le dôme est orné d'une mosaïque dorée datant de 885. Elle représente l'Ascension du Christ : Jésus est porté par deux anges avec, au registre inférieur, les apôtres entourés d'oliviers et la Vierge en prière (bras ouverts) flanquée de deux archanges. Sur l'alcôve de l'abside trône une majestueuse Vierge à l'Enfant qui fut réalisée en 1038. On observe aussi des mosaïques non figuratives : datant des années 780, elles témoignent de la période iconoclaste (726-883) durant laquelle la vénération des images saintes fut proscrite. Quelques fresques subsistent sur des arches du narthex. Peintes au XI^e siècle, elles représentent des moines et saints locaux comme Théodora de Thessalonique, moniale du IX^e siècle dont les reliques « miraculeuses » sont conservées au monastère Agia Theodora, reconstruit en 1935, à deux pas, dans la rue Ermou. À l'extérieur, l'église Agia Sofia conserve la base de l'ancien minaret. Et, au sud, se trouvent les catacombes et le baptistère Timios Prodromos (Saint-Jean-Baptiste) : fermé pour travaux en 2024, le site comprend une fontaine romaine (visible de la rue) convertie en lieu de baptême chrétien et une chapelle souterraine du V^e siècle.