MARCHÉ DE TIANQIAO

Un peu au sud du Panjiayuan, ce marché est l’un des rares à avoir encore aujourd'hui survécu à la modernisation forcée de la ville. On y trouve des oiseaux, des poissons, mais également des criquets ou encore quelques chats et chiens d’élevage. Pour ces marchés aussi, il faut vous y rendre le dimanche matin et participer à l’enthousiasme collectif d’un Chinois devant tel oiseau chanteur ou tel autre aux belles couleurs.

Les oiseaux sont dans de jolies cages en osier suspendues aux basses branches des arbres ou encore posées les unes sur les autres, perruches, mainates, loriots, des oiseaux blancs au bec rouge poétiquement baptisés « oiseaux perles », puis l’oiseau aux cent âmes, une espèce rare venue de Mongolie qui est la coqueluche du marché… La valeur des oiseaux est liée non pas à leur beauté mais à la qualité et à la pureté de leur chant. Les Chinois (surtout les plus âgés) sont très attachés à leurs oiseaux, et vous les verrez sûrement, dans les parcs, le matin de bonne heure, balancer à bout de bras les cages de leur chanteur, les promenant ainsi en les berçant vigoureusement de la même manière que l’on secouait un panier à salade chez nous avant l’apparition des essoreuses !

Les poissons : A côté, vous admirerez la grande variété de poissons qui ondulent gracieusement dans les dizaines d’aquariums. Des noirs, des néons bleus fluorescents, des rouges avec d’interminables nageoires qui leur donnent l’allure de danseuses de voiles, des poissons tête de crapaud, œil du dragon rouge, petit perroquet, autant de sobriquets amusants que de variétés pour ces rois du bocal.

Le criquet : Et enfin, vous entrerez dans le marché aux criquets. Le criquet est apparu avec les Mandchous pour lesquels il était plus qu’un symbole de bon augure, un véritable compagnon. Souvenez-vous dans le film Le Dernier Empereur de l’attachement que porte Puyi à son criquet ; il va même jusqu’à tourner le dos à tous les notables chinois en pleine cérémonie pour chercher sous son fauteuil, la petite boîte renfermant le criquet. Les Chinois d’aujourd’hui sont tout aussi soucieux de la santé de leur grillon que l’étaient les vieux Mandchous ; il existe de nombreuses recettes consignées dans Le Livre du grillon (rédigé il y a 400 ans environ), qui expliquent comment nourrir son grillon, le soigner s’il tombe malade, etc. Dans le marché vous tomberez sous le charme des minuscules boîtes à criquets, en porcelaine, en ivoire finement sculpté ou en bambou, de même que des petites cages en osier si fines… des pinceaux terminés par un ou deux poils de souris, qui servaient à exciter les insectes lors des combats organisés qui les opposent (et donnaient lieu dans le temps à des paris entre les spectateurs). Attention à ne pas confondre le grillon noir, plus petit de taille et destiné à combattre, avec le criquet vert, beaucoup plus gros et apprécié pour la qualité de son chant. Vous verrez un homme sortir fièrement sa boîte à criquet de dessous sa veste, où l’insecte chanteur passe de longues heures au chaud en hiver. Certains ont une taille assez impressionnante qui avoisine les 8 cm. L’espérance de vie du criquet est de 90 à 100 jours.