Histoire Histoire

Budapest, capitale de la Hongrie, en plein bassin des Carpates, est traversée par le Danube. Si la ville « unifiée » ne date que de 1873, Eravisques, Scythes, Illyriens et Thraces s’y succédèrent déjà au Ier siècle avant notre ère. Les Romains laissèrent des traces durables de civilisation après avoir occupé Óbuda du Ier siècle au Ve siècle apr. J.-C. Les tribus magyares, arrivées supposément en 896, s’organisent rapidement en monarchie. Convertie au catholicisme, celle-ci s’allie et prospère en Europe centrale, avant que les Ottomans ne se saisissent de Buda, entre 1541 et 1686. La Hongrie est alors libérée par les Habsbourg qui s’en emparent à leur tour. Le pays s’autonomise au sein de l’empire autrichien à partir de 1867 et s’industrialise à vitesse grand V. Démembrée et appauvrie à la suite des guerres mondiales, la Hongrie rejoint l’Union européenne en 2004, après avoir connu quarante-deux ans de dictature communiste.

20 apr. J.-C.

Installation du camp romain d’Aquincum, érigé en métropole de la Pannonie inférieure en 106.

406

Les Huns chassent les Romains de la province de Valeria à laquelle Aquincum était rattaché.

Fin du IXe siècle (896 ?)

Arrivée des sept tribus magyares menées par leur chef Árpád, qui s’installent à Óbuda et dans l’île de Csepel.

1er janvier 1001-1189

Baptême d’István (Étienne), descendant de la lignée árpádienne, qui se fait couronner roi de Hongrie. Il s’installe à Székesfehérvár (à 70 km à l’ouest de Budapest). Sous le règne de Béla III (dynastie des Árpádiens), en 1189, la cour s’installe de nouveau à Óbuda.

Mars 1241-1242

Invasion de Pest d’abord, puis de Buda et d’Óbuda par les Mongols. La ville est en ruines. Cinq ans plus tard, la construction du château royal de Buda démarre. Au XIVe siècle, les Angevins puis les Luxembourg reprennent le flambeau dynastique. En 1445 s’achève l’agrandissement du palais royal à Buda où s’installe Sigismond de Luxembourg.

1458-1490

Règne de Mátyás Corvin. Sa femme, Béatrice d’Aragon, importe de son Italie natale la Renaissance. Grand mécène des arts et des sciences, le souverain hongrois reçoit à sa cour d’importantes personnalités étrangères telles que Filippo Lippi ou Botticelli.

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1526

Après la bataille de Mohács en 1526, la Hongrie passe sous domination ottomane, une occupation qui dure jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Buda devient la capitale d'une province de l'Empire ottoman, tandis qu'Óbuda, gravement touchée par l'invasion, décline au rang de simple village.

Pendant cette période, les Ottomans introduisent leur administration, perçoivent des impôts et bâtissent des infrastructures caractéristiques, notamment des bains et des mosquées. L'influence ottomane marque durablement l'architecture de Buda, bien que de nombreux édifices aient disparu après la reconquête habsbourgeoise.

Aujourd'hui, plusieurs vestiges de cette époque subsistent à Budapest : les bains Rudas et Király, ou encore le tombeau de Gül Baba.

1686

Conquête de Pest, puis de Buda par Eugène de Savoie, général des Habsbourg qui chasse les Turcs. La dynastie des Habsbourg règnera jusqu’en 1918. Budapest se repeuple. L’ancien centre de Pest, réduit à néant, accueille l’afflux des Allemands.

1703-1711

Insurrection de Rákóczi

La guerre d'indépendance de 1703-1711, dirigée par Ferenc Rákóczi II, marque une tentative de soulèvement des Hongrois contre la domination des Habsbourg. Ce mouvement naît du mécontentement croissant face aux lourdes taxes et aux restrictions imposées par la monarchie autrichienne après la reconquête de Buda en 1686. Soutenu par la noblesse et une partie des paysans, Rákóczi parvient à mobiliser une armée, remportant plusieurs victoires contre les troupes impériales.

Cependant, le soulèvement s'essouffle progressivement. La guerre de Succession d'Espagne, qui occupe l'Autriche, ralentit initialement la riposte des Habsbourg, mais une fois ce conflit résolu, Vienne reprend l'avantage. En 1711, le traité de Szatmár met fin à la révolte : en échange de certaines garanties sur les libertés hongroises, les insurgés doivent déposer les armes. Rákóczi, refusant de se soumettre, choisit l'exil et finit sa vie en Turquie.

Durant cette période, Budapest reste marquée par les destructions laissées par les conflits précédents.

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1825-1848

Période des réformes de modernisation de la ville et du pays menée par le comte István Széchenyi, « le plus grand des Hongrois ». C’est à lui que revient la création de l’Académie hongroise des sciences, la construction du tunnel qui passe sous le château, ainsi que le pont des Chaînes (premier pont permanent reliant Pest à Buda).

1848-1849

Révolution des Hongrois contre les Habsbourg. Sándor Petőfi, l’un des plus grands poètes hongrois, élevé au rang de héros national, et ses compagnons font circuler un texte de douze points, contenant les réformes libérales exigées ainsi que des copies du chant national. Mais l’échec de la guerre d’indépendance, écrasée par les armées habsbourgeoises et tsaristes, accentue le despotisme autrichien.

1867

Le compromis austro-hongrois de 1867 marque la transformation de l'Empire d'Autriche en une double monarchie, l'Empire austro-hongrois. Sous la pression des élites hongroises, François-Joseph accepte de reconnaître l'autonomie de la Hongrie, tout en maintenant l'unité impériale par le biais de trois ministères communs : la Guerre, les Finances et les Affaires étrangères.

Chaque moitié de l'Empire (Cisleithanie pour l'Autriche et Transleithanie pour la Hongrie) obtient son propre parlement et son propre gouvernement, mais une coopération économique est instituée, renouvelable tous les dix ans. Ce compromis vise à apaiser les tensions nationalistes hongroises après la révolution de 1848, tout en consolidant le pouvoir des Habsbourg.

Le 8 juin 1867, François-Joseph et son épouse Élisabeth (Sissi) sont solennellement couronnés roi et reine de Hongrie lors d'une cérémonie grandiose en l'église Mathias (Notre-Dame-de-l'Assomption de Budavár) à Budapest. En signe de gratitude, la noblesse hongroise leur offre le château de Gödöllő, qui deviendra l'une des résidences préférées de l'impératrice.

Ce compromis renforce la Hongrie au sein de l'Empire, mais il laisse de côté d'autres nationalités, notamment les Slaves, alimentant ainsi des tensions qui perdureront jusqu'à la chute de l'Empire en 1918.

1873

Unification de Buda, Pest et Óbuda en une seule et unique ville : Budapest, qui atteint rapidement le million d’habitants.

1896

Les festivités du millénaire de l'arrivée des tribus magyares dans le bassin des Carpates ont marqué un tournant dans l'histoire de la Hongrie moderne, au point qu'on pourrait les considérer comme un moment fondateur, symbolisant en quelque sorte la « création » du pays tel qu'il se conçoit alors.

Grâce à une loi spécifique encadrant leur financement et leur organisation, Budapest a obtenu, de manière unique, une foison de nouveaux bâtiments et monuments prestigieux, tels que le Musée hongrois des arts décoratifs, le Musée des beaux-arts, le Műcsarnok ou encore le pont Ferenc József (aujourd'hui pont de la Liberté). C'est aussi à cette occasion qu'a été inaugurée la première ligne de métro (M1) souterraine de l'Europe continentale.

1914-1918

La Première Guerre mondiale entraîne la défaite des Autrichiens et des Hongrois. Une grave récession économique, politique et sociale frappe la Hongrie. La République hongroise est proclamée à la capitulation. Un an plus tard, Béla Kun proclame sa république communiste des trois mois.

1920

Le Traité de Trianon, signé le 4 juin 1920 au Grand Trianon, un palais situé à Versailles, en France, met fin à l'appartenance de la Hongrie à l'Empire austro-hongrois et redéfinit ses frontières.

La Hongrie perd environ 72 % de son territoire et plus de 60 % de sa population, dont une grande partie se retrouve sous domination étrangère. La Transylvanie et une partie du Banat sont attribuées à la Roumanie, tandis que la Slovaquie et la Ruthénie subcarpathique reviennent à la Tchécoslovaquie. Le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes (future Yougoslavie) reçoit la Voïvodine et une autre partie du Banat, alors que l'Autriche récupère le Burgenland.

Ce redécoupage territorial, perçu comme une injustice par les Hongrois, provoque un fort ressentiment national qui influencera la politique hongroise dans l'entre-deux-guerres. En plus de ces pertes territoriales, la Hongrie doit accepter des restrictions militaires et le paiement de réparations de guerre, ce qui affaiblit considérablement son économie et son influence en Europe centrale.

Aujourd'hui encore, le traité de Trianon reste un sujet sensible en Hongrie, où il est souvent considéré comme une tragédie nationale.

1938

La Hongrie, sous Miklós Horthy, promulgue ses premières lois antijuives. En 1941, le pays entre en guerre aux côtés de l’Allemagne. Mais l’amiral Horthy pratique une politique de « balançoire » et promet de ne pas se livrer aux déportations tout en continuant la guerre aux côtés de l’Allemagne nazie.

16 octobre 1944

Miklós Horthy est chassé par l’occupant nazi, les Croix fléchées, parti fasciste hongrois, prennent le pouvoir. Début des déportations juives. Tardives, elles seront néanmoins massives.

1945

Les troupes soviétiques libèrent Budapest. Trois ans plus tard, le régime communiste est instauré.

Du 23 octobre au 10 novembre 1956

Révolution hongroise ou Insurrection de Budapest

Soulèvement contre le stalinisme écrasé par les chars soviétiques, les batailles font rage à Budapest, 200 000 Hongrois quittent le pays.

1963-1980

Le régime communiste de Kádár instaure une dictature molle et un certain confort économique.

1989

Chute du communisme en Hongrie et retour de la démocratie. Dix ans plus tard, la Hongrie entre dans l’OTAN.

7 et 21 avril 2002

Élections législatives marquées par un taux de participation record depuis les premières élections libres en 1990 (73,47 % au second tour). La gauche, dirigée par Peter Medgyessy, remporte la victoire. C’est une défaite amère pour la coalition dirigée par Viktor Orbán – premier ministre de 1998 à 2002 – qui ne remporte que 188 sièges sur 386.

2004

Intégration de la Hongrie dans l’Union européenne. Ferenc Gyurcsány (membre du Magyar Szocialista Párt, MSZP) succède à Peter Medgyessy au poste de Premier ministre, à la suite d’une crise gouvernementale. En 2006, la coalition de centre gauche au pouvoir remporte la majorité au Parlement. Ferenc Gyurcsány est reconduit.

2006

Dans un enregistrement interne diffusé sur la radio publique, Ferenc Gyurcsány reconnaît sans détour n’avoir fait « que des conneries » depuis son arrivée au pouvoir et avoir délibérément menti aux électeurs. Dans la nuit du 18 au 19 septembre, plusieurs milliers de manifestants révoltés tentent de saccager les locaux de la télévision publique. Les affrontements font plus de 150 blessés, dont une centaine parmi les forces de l’ordre. L’événement marquera la politique hongroise pour plus d’une décennie.

1er janvier 2008

La Hongrie entre dans l’espace Schengen.

Avril 2009

Le Premier ministre Gyurcsány finit par démissionner et laisse sa place à Gordon Bajnai. La Hongrie est touchée de plein fouet par la crise économique de 2008 et met en place des plans d'austérité (gel des salaires, suppression du treizième mois…).

2010

Victoire du Fidesz (droite conservatrice) aux élections législatives d'avril, Viktor Orbán (re)devient Premier ministre : il dispose de la majorité constitutionnelle (deux tiers des sièges) au parlement. À l'automne, les élections municipales à travers le pays confirment l'avancée du Fidesz. Budapest devient, pour la première fois depuis 1990, une ville de droite avec l'élection d'István Tarlos (allié du Fidesz).

2011-2012

La loi sur les médias, controversée et modifiée en partie sur demande de la Commission européenne, entre en vigueur. Elle sera suivie quelques mois plus tard par une nouvelle Constitution, qui suscite de nombreuses critiques dans le pays comme à l'extérieur.

2014

Les élections parlementaires largement remportées par le Fidesz-KDNP (nouvelle majorité des deux tiers) reconduisent Viktor Orbán à la tête de l'exécutif hongrois. Fin 2014, 100 000 manifestants obtiennent le retrait du projet de loi visant à taxer l'usage d'Internet en Hongrie.

Septembre-octobre 2015

La Hongrie clôture sa frontière avec la Serbie et la Croatie pour endiguer le flot de réfugiés foulant son sol (400 000 entrées illégales en 2015). Un an plus tard, le gouvernement Orbán lance un référendum sur les quotas de répartition de réfugiés, initiés par la Commission européenne. Les électeurs rejettent massivement l'idée de quota mais le résultat est invalidé faute d'une participation suffisante. Quelques jours plus tard, le plus grand quotidien d’opposition, le Népszabadság, cesse d'être diffusé, à cause des soi-disant difficultés économiques du titre.

2018-2022

Élections parlementaires remportées par le Fidesz-KDNP, Viktor Orbán entame son troisième mandat consécutif. Sa coalition au pouvoir dispose à nouveau des deux tiers au Parlement. Fin 2018, Nikola Gruevski, ancien Premier ministre nord-macédonien condamné à deux ans de prison dans son pays, reçoit l'asile politique en Hongrie. À l'automne 2019, à la surprise générale, les élections municipales à Budapest portent un candidat de l'opposition (gauche/écologiste) à la mairie. Un mois plus tard, l'Université d'Europe centrale fait son déménagement à Vienne, l'accréditation de ses diplômes américains n'ayant pas été renouvelée par le gouvernement de Viktor Orbán. En avril 2022, pour la première fois depuis 2010, Viktor Orbán a affronté une opposition unie dans les urnes qui a tenté de lui ravir sa quatrième élection consécutive. Pourtant, son parti a remporté à 54 % les élections législatives.

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2023

Cent cinquante ans d'unification

L'année 2023 marque les 150 ans de l'unification de Buda, Óbuda et Pest. À cette occasion, près de 100 événements sont organisés et s'étendent jusqu'en 2024. Par exemple, le pont des chaînes rouvre à l'automne 2023, le marathon de Budapest accueille les coureurs du monde entier en octobre, le musée d'Histoire propose une nouvelle exposition, des hôtels rouvrent ou sont inaugurés…

La Hongrie connaît par ailleurs des tensions avec l'Ukraine, suite notamment au transfert de soldats ukrainiens originaires de Transcarpatie, début juin 2023.

2024

Des tensions accrues avec l'UE

Sur le plan national, le gouvernement de Viktor Orbán a adopté des réformes controversées, notamment une refonte des circonscriptions électorales et une loi restreignant le financement étranger des ONG, ce qui a alimenté les accusations d'autoritarisme. La montée du parti d'opposition Tisza, mené par Péter Magyar, un ancien du parti d'Orbán, représente une menace significative pour le Fidesz, parti au pouvoir. Mais ce parti est aussi critiqué pour ses anciens liens avec Orbán.

À l'international, Orbán s'est dangereusement rapproché de la Russie et de la Chine, suscitant des critiques au sein de l'Union européenne. En juillet, il a rencontré Xi Jinping pour renforcer la coopération sino-hongroise et a également intensifié ses contacts avec Vladimir Poutine, défiant la ligne politique de l'UE, notamment sur la guerre en Ukraine.

La Hongrie a pris la présidence du Conseil de l'UE du 1er juillet au 31 décembre : Orbán a été critiqué pour sa rhétorique anti-européenne, sa gestion de l'immigration et sa position ambiguë sur l'Ukraine. Les tensions avec la Pologne, un ancien allié régional, se sont intensifiées après que la Hongrie a accordé l'asile à un ancien ministre polonais accusé de corruption ; la Hongrie n'a pas été invitée pour la cérémonie inaugurale de la présidence du Conseil de l'UE de la Pologne, qui lui succède pour 6 mois, du 1er janvier au 30 juin 2025.

1740-1780

Règne de Marie-Thérèse d'Autriche et guerre de Succession

Le règne de Marie-Thérèse d'Autriche (1740-1780) en Hongrie commence dans un climat de tension. Son père, Charles VI, avait instauré la Pragmatique Sanction (1713) pour permettre à une femme d’hériter des terres des Habsbourg, y compris la Hongrie. Cependant, plusieurs puissances européennes contestent son droit au trône, ce qui déclenche la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748).

Pour assurer son pouvoir, elle se tourne vers la noblesse hongroise et convoque la Diète de Hongrie (l'assemblée nationale de l'époque) en 1741. Dans un célèbre discours, elle demande leur soutien, et en échange, elle promet de respecter leurs privilèges. Grâce à cette alliance, elle parvient à stabiliser son règne.

Une fois en paix, Marie-Thérèse entreprend des réformes pour moderniser la Hongrie. Elle améliore l’administration, développe l’économie et met en place un système scolaire avec le Ratio Educationis (1777). En 1771, elle ordonne la reconstruction du palais royal de Buda, marquant le début du renouveau de Budapest. Son règne renforce la place de la Hongrie au sein de l’Empire des Habsbourg, tout en maintenant un équilibre entre Vienne et la noblesse hongroise.

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