Musée qui présente l'une des plus belles collections de peintures hollandaises du XVII siècle dans un cadre intimiste à La Haye
Le Mauritshuis est à lui seul une excellente raison de visiter La Haye. Situé au bord du Hofvijver, et du Binnenhof, il présente l'une des plus belles collections de peintures hollandaises du XVIIe siècle, dans un cadre intimiste exceptionnel. Achevé en 1644, ce très beau bâtiment de style classique fut construit selon des plans de Jacob van Campen pour le compte de Johan-Maurits de Nassau-Siegen. Arrière-neveu de Guillaume le Taciturne, Johan-Maurits fut gouverneur du Brésil, ce qui valut au Mauritshuis ses petites touches exotiques encore perceptibles.
Dans le hall d'entrée et près des escaliers, une véritable galerie des portraits de famille du Mauritshuis, ses tableaux rendent hommage aux fondateurs du musée ainsi qu'à ses donateurs (Johan-Maurits de Nassau-Siegen, princes de la famille d'Orange, stadhouders dont Guillaume V…).
Rez-de-chaussée : maîtres flamands et étrangers. On y verra quelques très belles toiles de primitifs flamands (XVe et début XVIe), dont une Descente de Croix (1463), du Bruxellois Rogier Van der Weyden, un des maîtres incontestés du Moyen Âge flamand et l'un des premiers à introduire le paysage et à représenter le donateur dans des scènes religieuses s'éloignant de l'académisme par une dramatisation de composition. Également dans la salle Van der Weyden, on remarquera un Portrait d'homme, de Hans Memling. Influencé par Van der Weyden, Memling, peintre brugeois de la seconde moitié du XVe siècle fut l'un des premiers à se spécialiser dans le portrait de la bourgeoisie de sa ville. Ici, dans la lignée de son maître, le fond est constitué par un paysage dont le caractère paisible contraste avec l'expression concentrée du visage.
Dans la salle suivante (salle Boschaert), si les peintres flamands sont encore à l'honneur avec de belles natures mortes, il s'agit de maîtres plus tardifs pour la plupart (seconde moitié du XVIe), qui se sont réfugiés en Hollande après la chute d'Anvers. Vient ensuite le salon Doré, décoré en 1718 par le Vénitien Pellegrini dans un style néo-Renaissance.
La première salle des Flamands abrite des œuvres de Petrus-Paulus Rubens, le maître d'Anvers qui parvint à synthétiser les divers courants majeurs de son temps pour produire dans tous les genres (portraits, tableaux mythologiques, natures mortes, paysages, scènes religieuses…) une peinture véritablement universelle. Dans cette salle, appelée aussi salle Rubens, on pourra voir notamment une esquisse à l'huile préparant le célèbre retable de la cathédrale d'Anvers : Assomption de la Vierge de Jacob Jordaens. Ce dernier fut l'un de ceux qui introduisirent aux Pays-Bas les techniques du Caravage, qui révolutionnèrent le travail du clair-obscur, si fondamental pour l'émergence de la peinture proprement hollandaise.
Dans la seconde salle des Flamands, le tableau intitulé Adam et Ève au Paradis est peint par Rubens et Jan Bruegel, dit de Velours (les personnages sont de Rubens, le paysage et les animaux de Bruegel). Y sont également exposées des œuvres d'Antoine Van Dyck, autre grand maître flamand de la première moitié du XVIIe siècle, particulièrement brillant dans le rendu des matières et des drapés.
Cette pièce nous réserve également une petite merveille de Willem Van Hecht : L'Atelier d'Apelle. Ce tableau opère une mise en abîme de la représentation, redoublée par la présence en arrière-plan, sur les cimaises, d'une multiplicité de toiles parmi lesquelles on reconnaît des œuvres de Rubens, de Van Dyck, de Quentin Metsys ou encore de Titien.
Premier étage : maîtres du siècle d'or hollandais. On y trouve certaines des plus belles toiles des maîtres hollandais, à commencer par La Chasse aux poux et La Jeune Fille écrivant (salle Vermeer), de Gerard ter Borch, grand peintre de genre du milieu du XVIIe siècle, aujourd'hui un peu éclipsé par son grand contemporain Johannes Vermeer. Une salle consacrée à ce dernier présente, outre une œuvre de jeunesse à sujet mythologique, deux de ses plus grands chefs-d'œuvre : La Jeune Fille à la perle et Vue de Delft. Le premier est sans conteste l'un des plus beaux portraits jamais peints. Tous ses éléments (combinaison des bleus, jaunes et ocres ; traits fins et pleins d'un visage à la fois féminin et adolescent ; regard doux et posé que rien ne semble pouvoir assombrir…) concourent à l'harmonieuse expression d'une tendresse sans bornes. Quant à la Vue de Delft, cette toile incomparable à la luminosité incomparable et troublante, elle inspira de nombreux commentaires (dont de magnifiques pages de Proust, dans À la recherche du temps perdu), elle représente plus un moment de la ville qu'une vue à proprement parler : sa lumière matinale et froide tombe sur une cité qui semble encore ensommeillée, dégageant une harmonie muette de tons pâles que ne relèvent que quelques touches de couleurs vives, dont le fameux tout petit pan de mur jaune. Dans cette pièce, vous trouverez aussi un intérieur d'église d'Emmanuel de Witte, maître incontesté de la peinture architecturale. La peinture de genre, déjà très bien représentée, est encore à l'honneur dans la salle suivante avec neuf toiles de Jan Steen (1626-1679), remarquable pour ses descriptions de scènes populaires pittoresques ; Vie de l'homme, Comme les vieux chantent, piaillent les jeunes, La Joyeuse Compagnie, La Mangeuse d'huîtres…, autant de toiles où le réalisme est racheté par un humour et une tendresse pour ces existences simples. Les fans de Donna Tartt ne manqueront pas d'admirer le sublime Chardonneret de Carel Fabritius dans cette même salle.
Ici se trouvent quatre superbes Frans Hals, dont la Tête d'un jeune garçon, particulièrement caractéristique de l'art vif du maître (salle Jan Steen et salle de l'escalier), un très beau Pieter Codde et quelques Rembrandt dont le superbe Portrait d'un vieil homme. Les quatre salles suivantes (le cabinet du début du XVIIe, la salle Potter, le cabinet de la fin du XVIIe et la salle de l'escalier par laquelle se termine la visite) offrent un intéressant panorama de la richesse et de la diversité thématique de la peinture hollandaise, que ce soit dans les paysages (en particulier de Simon Van Ruysdael et Jan Van Goyen, deux des maîtres du genre), dans les natures mortes ou dans les scènes religieuses. Le célèbre taureau de Paulus Potter, datant de 1647, est impressionnant tant par sa taille que par l'attention portée aux détails, comme la minuscule grenouille au premier plan.
Viennent ensuite deux salles consacrées à Rembrandt. La première expose ses œuvres de jeunesse, dont la fameuse Leçon d'anatomie du professeur Tulp, où le jeune peintre démontre avec brio que le portrait collectif n'a pas nécessairement à être figé pour être fidèle. La seconde salle contient des toiles de la maturité et montre à quel point Rembrandt s'est progressivement détaché du souci du détail pour chercher expressions et tensions dramatiques à travers une matière plus épaisse, presque empâtée, et une touche large, comme, en particulier, dans le sublime Saül et David, ou dans les Deux Nègres, probablement le premier portrait de Noirs de l'histoire de l'art occidental, ou encore dans Autoportrait au turban, une œuvre de l'année de sa mort et dont la facture contraste particulièrement avec celle de la salle précédente.
À noter que Mauritshuis est devenu le premier musée au monde entièrement pixelisé. Sur le site Web, vous pourrez ainsi faire une visite incroyable qui ne remplacera pas toutefois une visite « en vrai ».
Le musée organise régulièrement des expositions temporaires qui font l'événement. Il comprend un atelier de restauration dans ses greniers. Une plongée dans un monde méconnu qui permet de garder un musée de niveau exceptionnel avec des œuvres constamment préservées. Il y a quelques années, le musée avait fait l'événement avec son étude, en direct et en public, de son tableau star La Jeune Fille à la perle. Depuis, d'autres musées lui ont emboîté le pas, conscients de ce spectacle unique pour le public. Récemment, le musée a naturellement prêté les tableaux de Vermeer pour l'expo du siècle organisée au Rijksmuseum.
À noter : le billet donne également accès à la superbe Galerie Willem V et, depuis le 1er septembre 2024, il n'est plus possible de payer en espèces son entrée. N'oubliez pas votre carte !
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
Avis des membres sur MAURITSHUIS
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.
Museo facile da raggiungere vicino al centro storico della città, merita una visita.