La musique classique et le théâtre
Le Portugal a brillé une première fois lors de la période baroque grâce à des compositeurs comme Manuel Rodrigues Coelho, Duarte Lobo et surtout Carlos de Seixas. Figure musicale majeure et plus grand compositeur portugais pour clavecin du XVIIIe siècle, ce dernier est devenu très tôt un organiste talentueux et un pédagogue remarquable. Très prolifique, le compositeur a écrit plus de 700 toccatas. Aujourd’hui, on peut admirer ses œuvres à la Bibliothèque nationale de Lisbonne. Au tournant du XXe siècle, une nouvelle vague de compositeurs est apparue dans le sillage du pianiste et compositeur José Vianna da Motta. Luis Freitas de Branco, qui a contribué à la reconnaissance de la musique savante portugaise, mais aussi Fernando Lopes-Graça, Francisco de Lacerda, Ruy Coelho qui ont tous participé au rayonnement de la musique de leur pays. Élève de Luis de Freitas Branco, Joly Braga Santos est le plus grand compositeur de sa génération avec la création de six symphonies, de plusieurs opéras et de la musique de chambre, mais aussi de musiques de film.
Pour les mélomanes, Lisbonne renferme plusieurs lieux majeurs dédiés à la musique classique. Le Teatro Nacional de São Carlos, principale salle de théâtre de la ville, a connu son heure de gloire avec les célèbres représentations de La Traviata avec la Callas en 1958. Situé dans le centre historique sur une petite place pleine de charme, il propose surtout des spectacles de qualité à un faible coût, comparé aux autres salles d’opéra ailleurs en Europe. Profitez-en, vous pourrez y faire de belles découvertes. Un autre théâtre d’importance marque la vie lisboète : le Teatro Nacional Dona Maria II, un théâtre néoclassique situé sur la Praça do Rossio. Le Coliseu dos Recreios est une magnifique salle de concert datant de 1890 qui propose aux Lisboètes des récitals de grands musiciens classiques locaux ou internationaux. Le nouveau Centro Cultural de Belém accueille l’orchestre symphonique de la ville et présente un programme riche et varié, tout comme l’incontournable Fondation Calouste Gulbenkian et son Orchestra Gulbenkian de premier plan. Les amateurs de danse classique ou contemporaine se presseront au Teatro Luís de Camões qui abrite les entrechats de la Companhia Nacional de Bailado. Les propositions artistiques de ce Ballet national, du Centre culturel de Belém et de la Fondation Gulbenkian sont de niveau mondial et permettent d’assister à des spectacles de qualité.
Le fado
Le fado occupe une place particulière dans le cœur des Portugais depuis le XIXe siècle, lorsque le reste du monde a découvert son chant dans les rues de Lisbonne. Celui-ci exprime généralement la tristesse du peuple portugais, les difficultés de la vie, mais aussi l’espoir. Cette mélopée nostalgique est l’expression même de la saudade, ce vague à l’âme populaire chargé d’un spleen si difficilement traduisible. Il marque profondément les mœurs portugaises et on retrouve encore aujourd’hui, chez les habitants du pays, ce mélange entre espoir et mélancolie. Au milieu du siècle dernier, le fado s’est exporté, sous l’impulsion notamment de celle qui sera surnommée « la reine du Fado », la chanteuse Amália Rodrigues. Elle a développé l’aura du fado en interprétant de sa voix fiévreuse les textes de grands poètes portugais comme Luís de Camões. Par la suite, de nombreux fadistes l’imitèrent et permirent au fado de perdurer jusqu’à nos jours. Au cours des dix dernières années, la jeune génération du fado a fait évoluer le style en y incorporant des instruments différents ou en proposant des arrangements plus modernes à cette musique traditionnelle. De nombreuses maisons de fado proposent de vous faire entendre leur musique mélancolique. Dans le centre historique de Lisbonne, Fado in Chiado est une référence qui propose un chant inspiré, interprété à tour de rôle par une voix féminine et une voix masculine, accompagné d’une guitare portugaise et d’une guitare classique, comme le veut la tradition. Dans une autre ambiance, pour une soirée plus chic, vous pouvez choisir Clube de Fado. Sous de superbes voûtes, le guitariste, compositeur et interprète de fado, Mario Pacheco, a créé un restaurant où l’on joue du fado en live. Un lieu où les artistes vous feront vibrer.
La ville côté jazz
Même s’il reste souvent réservé à une élite, les amateurs de jazz à Lisbonne ne manquent pas. Peu d’artistes jazz ont émergé de la scène locale. Seul le contrebassiste Carlos Bica aux mélodies poétiques est parvenu à dépasser la scène locale avec le trio Azul. Avec cinq albums à son actif, le trio a acquis une renommée internationale. Si vous cherchez une expérience de jazz classique, le Hot Clube Portugal est une institution. Créé en 1948, le club est resté authentique. Dans ce lieu, voisin du club historique emporté par les flammes en 2009, ont été programmés les plus grands musiciens de jazz. Autre club à la programmation jazz des années 1930 à 1950, le Páginas Tantas s’est imposé comme un endroit confortable et select. Vous y viendrez pour écouter la musique et vous détendre dans une ambiance tamisée. Autre atmosphère, l’Alface Hall, également dans le Bairro Alto, à seulement une minute à pied de l’établissement précédent, est un club très vivant, qui propose chaque soir de la musique jazz live. Si ce café-concert ne paie pas de mine, allez-y pour l’ambiance particulièrement chaleureuse. Vous resterez scotché devant d’excellents musiciens qui interagissent avec le public. Depuis 2006, le festival Out Jazz permet d’assister à des concerts de jazz gratuits chaque dimanche à partir de mai et jusqu’à mi-septembre. Jazz em Agosto est un festival à destination des amateurs de jazz, organisé au mois d’août, près du Jardin Calouste Gulbenkian. Enfin, si vous recherchez quelque chose d’un peu plus alternatif, rendez-vous au Damas, situé dans la Rua da Voz do Operário. Très à la mode, Damas propose des concerts toute la semaine, axés sur le jazz expérimental.
Rock lisboète
Les légendaires Xutos e Pontapés aux prestations scéniques enflammées, ou UHF, emblématiques des années 1970, dominent la scène depuis plusieurs décennies. Dernièrement, la pop-rock d’A Naifa, Blasted Mechanism et ses costumes venus d’un autre monde, le groupe de musique instrumentale Dead Combo, ou encore The Legendary Tigerman et les Wraygunn et leurs univers atypiques font parler d’eux comme, en son temps, un certain António Variações, personnage original et inclassable, météorite des années 1980. À suivre également la discographie pertinente de Maria João et Mario Laginha : la première possède une voix exceptionnelle, le second l’accompagne avec intelligence. Pour écouter de la musique live, dirigez-vous vers la Galeria Zé dos Bois. À la fois galerie d’art contemporain et salle de concerts avec un club en sous-sol, le ZDB dispose d’une bonne programmation internationale. Des pointures comme Thurston Moore de Sonic Youth et Animal Collective y ont déjà joué. Lisbonne est l’un des lieux privilégiés du Portugal pour assister à des festivals de musique en plein air. Le célèbre Rock in Rio Lisboa, inspiré de l’édition du festival du même nom au Brésil, a lieu tous les deux ans. Il a généralement lieu en juin.
Hip-hop, Kuduro et Kizomba, des influences venues d’Afrique
À partir de la deuxième moitié des années 1990, les banlieues de Lisbonne comme Cova da Moura ou Chelas, où résident la majorité des immigrés africains des classes populaires, ont commencé à se faire entendre, avec le hip-hop de Da Weasel, Boss AC ou de Conjunto Ngonguenha. Puis au début des années 2000, la nouvelle génération a adopté un genre musical qui avait explosé en Angola : le kuduro (qui signifie littéralement « cul dur », mais aussi « environnement difficile »), qui puise ses influences dans le rap. Son apparition remonte à la fin des années 1980 en tant que danse, le kuduro avait ensuite évolué en tant que musique proche d’une afro-house proposant une musique électronique, mariée à des éléments traditionnels propres à la population la plus pauvre de l’Angola. Des boucles musicales de break ou de funk accueillent alors des paroles explicites qui racontent les journées des populations défavorisées du pays. Les paroles des chansons sont simples et pleines d’humour et de dérision. Elles sollicitent les jambes des danseurs, mais aussi leur tête, puisque le kuduro est aussi un coup de gueule social lancé depuis les bidonvilles. Le groupe Buraka Som Sistema incarne avec efficacité le kuduro version portugaise depuis 2006.
Afro-house, kuduro, kizomba, baile funk, fado… : les musiques que l’on entend lorsque l’on sort à Lisbonne rendent l’expérience totalement inédite. Si vous fréquentez les clubs de Lisbonne comme le Dock’s Club, vous ne pourrez éviter l’afro-house, de la house teintée de rythmes africains. Il ne s’agit pas d’un style musical proprement lusophone, car on le retrouve en Afrique du Sud et dans d’autres pays d’Afrique anglophone. Une véritable scène de musique électronique africaine a émergé ces dernières années dans la capitale du Portugal. La kizomba est un style musical et une danse venue d’Angola, qui trouve son origine dans la semba, l’ancêtre de la samba brésilienne, mais aussi dans des musiques typiquement angolaises comme le merengue angolais, la maringa ou le caduque. Dans les années 1980, le style a évolué pour devenir la kizomba qui s’est massivement imposée à Lisbonne ces dix dernières années. Les paroles sont généralement chantées en portugais, quelquefois en créole cap-verdien ou en angolais. Pour une expérience originale et totalement dépaysante, rendez-vous dans le quartier d’Alcantara au Mwangolé ou au Chiado Club, deux lieux qui invitent à danser une bonne partie de la nuit. Le Havana Soul, un bar assez petit, mais authentique, situé le long de la rivière Tejo, propose également une excellente kizomba dans un cadre décontracté. Le Barrio Latino est l’un des lieux de danse les plus courus de Lisbonne. Situé à Santos, le long du Tage, l’un des quartiers les plus animés de la vie nocturne, l’ambiance y est garantie. Barrio Latino offre deux pistes de danse et la musique varie chaque soir. Les jeudis, le club propose souvent des soirées de kizomba. Pour une initiation préalable, le Jazzy Dance Studios, une des écoles de danse les plus populaires de la ville, propose aussi tous les dimanches à partir de 17h ses Sunday Sessions Jazzy, des cours de salsa et de danse africaine. Quel que soit le quartier où vous êtes, il n’est pas rare de trouver des groupes qui dansent toute la nuit, sans qu’un style particulier de musique ne s’impose, du forró brésilien en passant par le kuduro africain. Martim Moniz et les kiosques de l’Avenida da Liberdade sont deux endroits populaires où l’on se rassemble pour danser le week-end. À Lisbonne, les DJ ont aussi l’habitude de toujours jouer des petites sessions de baile funk lors des soirées. Ce funk carioca est un style musical né dans les favelas de Rio de Janeiro, au Brésil. Son nom est trompeur, car il est entièrement différent du funk des États-Unis. Progressivement, les DJ de ces soirées ont commencé à diffuser d’autres rythmes de musique noire, notamment la Miami bass, du rap et du R'n'B. L’influence du freestyle venu du hip-hop s’est également imposée dans ces bals funk, pour devenir un style à part entière.
Musiques électroniques
Les amateurs de jet-set, de paillettes et de musique électronique peuvent explorer les boîtes de nuit de la ville. MusicBox et Lux Frágil sont deux spots populaires proposant un mélange de succès électroniques internationaux. La renommée de cette dernière réside dans le fait qu’elle est la copropriété de l’acteur américain John Malkovich. Située sur Rua Nova do Carvalho, dans le quartier de Cais do Sodré, MusicBox, c’est à la fois une discothèque, une scène musicale, un salon et un bar réunis dans un même espace. Pour pouvoir passer sa porte en bois, il vous faudra patienter dans une longue file d’attente. L’astuce est alors de venir d’abord au concert de début de soirée. Ce club propose une programmation éclectique, mais assez pointue. Un autre lieu qui propose de la musique intéressante est le Titanic Sur Mer, qui accueille des live ainsi que des sets de DJ pouvant durer jusque tard dans la nuit. Le lieu est réputé pour sa samba (pour laquelle il propose des cours) et pour ses ateliers musicaux. Brunch Electronik est un festival de musiques électroniques en plein air qui se déroule sur 12 semaines au cœur de l’été.