CHATEAU DE JABRIN
Edifié en 1670 pour servir de résidence secondaire à l'imam Bil’arab bin Sultan, le château de Jabrin est l'un des fleurons du sultanat, réputé pour ses plafonds peints, ses murs décorés d'arabesques aux motifs astrologiques, ses moucharabiehs en stuc ou en bois, ses portes magnifiquement sculptées : un bel exemple d'architecture omanaise. A sa grande époque, plus de 300 personnes vaquaient et venaient entre les murs crénelés de son enceinte, membres de la famille de l'imam et petit personnel. L'ensemble fut magistralement restauré de 1979 à 1983, et les habitants des environs délocalisés et relogés un peu plus loin, afin de faire place nette pour un parking. Pour découvrir ce palais résidentiel fortifié, rien de tel que les audioguides mis à disposition à l'entrée et permettant de s'orienter dans le dédale des escaliers, corridors et salles en enfilade.
Après la porte principale et une première cour, franchir une seconde porte de bois taillée d'un seul tenant et vaillamment gardée par deux canons. Tout de suite à gauche, un petit escalier mène à la salle des gardes. Juste après, un passage étroit conduit au tombeau de l’imam Bil’arab bin Sultan. Marcher jusqu'à la sépulture puis revenir sur ses pas. On pénètre alors dans la cour intérieure du château, prolongée d'un hall. La visite commence par celui-ci, au fond à gauche. En levant et en écarquillant bien les yeux, on devine des fentes pratiquées de chaque côté du plafond : ces interstices permettaient de surveiller les allées et venues à l’entrée du bâtiment. Si un indésirable essayait de passer le hall, on déversait sur lui de l’huile bouillante ou du miel de dattes très chaud en signe de « malvenue ». S'ouvre ensuite la pièce où étaient gardées les provisions. Admirer les coffres ainsi que les paniers en feuilles de palme et les jarres qui servaient au stockage du blé, des épices, du poisson séché...
Un escalier au fond du hall, à gauche, conduit au premier étage et à plusieurs salles de réception ornées de coussins à même le sol et de tapis aux ornements superbes. La bibliothèque et ses porte-Coran en bois sculpté se trouvent à ce niveau. Prendre le temps d'observer les plafonds gravés ou peints qui font la réputation de Jabrin et ont été restaurés avec brio : arabesques, motifs ornementaux, versets du Coran, poèmes. Quelques marches montent jusqu'à la salle de bains des femmes, tandis que d'autres redescendent à la tombe de l’imam.
Pour gagner le deuxième étage, on emprunte l’escalier principal, le seul dont le plafond soit constitué d'ogives magnifiquement gravées. Attention ! Sa quatrième marche est truquée et peut se retirer. Plusieurs vilains envahisseurs y laissèrent leurs mauvaises intentions et leur liberté. On comprend l’importance de ce piège quand on sait que les marches débouchaient directement dans les appartements de la famille du Sultan. On découvre les pièces des invités, jouxtée de la petite Salle des secrets ou najwa, où se chuchotaient les propos d'ordre confidentiel. Là encore, contempler les plafonds aux poutres joliment colorées. L’escalier qui mène au troisième étage donne sur les toits, tout en coins et recoins, avec vue panoramique sur la belle palmeraie adjacente. D'un côté, la salle de prières, de l'autre celle de lecture où s'enseignaient les fondements de l’islam.
C'est par une porte au fond de cette salle que l'on redescend de l’autre côté du château. Quelques marches plus bas, se diriger vers la gauche, où un escalier mène au deuxième étage de l’aile droite. Cette partie de l'édifice s'articule autour d’un superbe patio, en surplomb des cuisines. La première pièce à gauche est la salle de conférences dont la particularité était de posséder un double fond à chaque angle. Pouvaient y être postés des espions à l'ouïe fine, à l'écoute des conversations susurrées en aparté ! La deuxième pièce est la salle à manger, et la troisième, la salle de justice dotée d'une porte d'à peine 40 cm de haut par laquelle on faisait sortir les prisonniers… Autre curiosité : la salle des chevaux, qui était dévolue à l'animal personnel du maître des lieux. Une particularité qui en dit long sur l'adoration des Omanais (et des populations masculines arabes en général) pour les équidés. Au rez-de-chaussée se trouve la cuisine et, au fond de celle-ci une pièce spéciale où était confectionné le miel de dattes. Les fruits étaient empilés sur plus de deux mètres de haut dans de grands sacs en palme tressée, puis pressés. Le jus qui en sortait coulait dans une rigole au bout de laquelle il était récolté.
Ceux que la restauration des plafonds peints intéresse liront l'article consacré à celle-ci dans la revue Icomos Information I-1988 sur www.icomos.org. L'auteur et directeur des travaux, Jean Claude Bourret relate les étapes de cette complexe et fascinante réhabilitation. On apprend ainsi que « les peintres qui ont décoré les plafonds originels de Jabrin disposaient d'un grand nombre de motifs : calligraphiques, floraux, géométriques, entrelacs, arabesques, rosettes, étoiles, polygones, spirales, lignes courbes entrelacées, cadres, etc. » et que « trois couleurs dominantes réparties à égalité sur la surface ornementale étaient employées ». Pour la rénovation, ont été utilisés des « pigments en provenance de Roussillon, Gargace et Rustrel (dans le Vaucluse) où se trouvent les carrières de pigments dont les teintes étaient les plus proches des peintures des plafonds de Jabrin. Certains pigments ont toutefois été trouvés sur place, au pied du Djebel Akhdar ».
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Avis des membres sur CHATEAU DE JABRIN
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