SITES ARCHEOLOGIQUES DE BAT, AL-KHUTM ET AL-AYN

Le Jebel Misht en toile de fond, dans un paysage d'une saisissante et immédiate noblesse, vingt et une tombes « nid d'abeille » se dressent sur une arête caillouteuse, sentinelles de l'éternel repos depuis plus de 3 000 ans (4 000 à 5 000 ans selon d'autres sources). Nous sommes sur le site d'Al-Ayn, devant l'un des plus beaux spectacles naturels et historiques d'Oman. Ce site – et l'ensemble qu'il compose avec les nécropoles, habitats ruraux et tours de Bat et de Al-Khutm – fut le premier du pays à être accepté dans le registre du Patrimoine mondial à valeur universelle de l'Unesco et ce n'est pas un hasard. Pour l'atteindre, on quitte l'axe principal reliant Bahla à Ibri pour rouler vers Amla pendant 21 km. Puis, par un sentier de chèvres sans aucun fléchage, on gagne les tombes, semblables à des têtes d'obus alignées sur le ciel bleu au pied du Misht, cet alien géologique de grès semblable – d'où son nom – à un gros peigne. Afin de protéger l'endroit, les autorités n'ont jamais fait d'effort de signalisation et communication et bien peu d'Omanais en connaissent l'accès, pourtant aisé.

Datant du III^e millénaire av. J.-C. (certaines même du IV^e), les sépultures d'Al Ayn sont probablement un peu plus récentes que les cairns à chambre unique identifiés sur les pentes du Jebel Hafit aux Emirats. Décrites pour la première fois ici en 1975, elles se caractérisent par de multiples cloisons concentriques en pierres serrées sans mortier, sur une plate-forme basse. On suppose que ces tombes étaient destinées à des personnages importants tels que des hommes de loi. Les défunts étaient enterrés avec des offrandes, des fleurs, de l’eau destinées à agrémenter leur séjour futur. Par ailleurs, la découverte sur place de couteaux provenant de l’ancienne Egypte semble témoigner de l’importance des échanges économiques pratiqués dans la région à cette époque.

A environ 25 kilomètres à l'ouest dans l'océan minéral, sur un trajet offrant de somptueux panoramas sur les chaînes montagneuses, les tombes de Bat sont plus éparpillées et moins bien conservées que celles d'Al Ayn. Elles constituent cependant, selon l'Unesco, « un témoignage caractéristique et unique de l'évolution des pratiques funéraires en vigueur pendant le premier Age de bronze de la péninsule d'Oman. Le pays de Magan était le principal centre d'extraction du cuivre, que l'on exportait vers la Mésopotamie 3 000 ans av. J.-C. Le site protohistorique s'étend au nord du village et de la palmeraie de Bat : au nord du confluent d'une petite rivière et du Wadi al Hijr, on trouve cinq tours de pierre, des structures très représentatives du premier Age de bronze dans la péninsule omanaise. L'une des tours a été entièrement dégagée et on a évalué sa construction entre 2595 et 2465 av. J.-C. Depuis la tour, qui sert de point de repère du site, on distingue tout de suite, sur une pente vers l'est, une série de maisons rectangulaires avec une cour centrale et, vers le nord, une vaste nécropole qui peut être divisée en deux parties distinctes. La première est située au sommet d'une pente rocheuse. Ses tombes faites de pierres sèches – dont certaines datent du 4^e millénaire – sont disséminées le long du chemin reliant Bat à Al Wahrah. La deuxième partie, bien plus concentrée, s'étend sur des terrasses de culture du riz, au sud-est du wadi et comprend plus de 100 tombes en pierres sèches, selon une structure en nid d'abeilles ; ces tombes semblent être disposées selon un plan d'ensemble. Les plus anciennes sont tournées vers le nord. Elles n'ont qu'une entrée et une chambre funéraire et étaient une sépulture commune à un petit nombre de défunts. Vers le sud, les sépultures deviennent plus imposantes. Elles ont deux entrées ouvrant sur une, deux et parfois quatre chambres funéraires et étaient destinées à une grande quantité de défunts. »

Selon l'Unesco toujours, il apparaît que, « comme dans beaucoup d'autres civilisations anciennes, les monuments de l'ancienne Oman étaient généralement construits avec des pierres taillées régulièrement. Les vestiges d’anciennes carrières d'où les matériaux de construction étaient extraits sont uniques à Bat et à Al-Ayn, ainsi que les nombreux ateliers qui témoignent des opérations complètes, depuis les carrières, jusqu’à la maçonnerie et les techniques de construction des bâtiments. Les activités de sondage continu et systématique augmentent constamment les types et le nombre de monuments et de sites qui doivent être documentés et protégés, et qui comprennent des villages et plusieurs tours, des carrières associées à des ateliers de maçonnerie de pierre de l'Age du bronze, des nécropoles de l'Age du bronze, un fort et des tombes de l’Age du fer, et deux mines de silex du néolithique connectées avec des zones d'ateliers pour la fabrication d'outils de pierre ».

Afin de protéger le site et d'en faciliter et promouvoir la compréhension, le ministère de la Culture et du Patrimoine omanais a lancé en 2004 un grand projet d'étude en collaboration avec plusieurs musées internationaux. A terme, à une date encore indéterminée tant il est difficile d'obtenir ce type d'information au sultanat, certaines tombes seront restaurées, un musée et centre des visiteurs construits. Nous le signalons au cas où, par malchance, le site se trouvait temporairement fermé ou protégé de barrières lors de votre passage...