KHOR RORI ET LA CITÉ DE SUMHURAN
Le port et la cité fortifiée de Sumhuram ont été fondés au IIIe siècle av. J.-C. Dans la pierre, sur le bronze, ses occupants ont laissé d’émouvantes traces écrites en sudarabique, cette langue aujourd’hui disparue. Établi pour contrôler le commerce de l’encens du Dhofar, le site est identifié au Ier siècle comme le Moscha Limen du Périple de la mer Érythrée, où les marins indiens qui apportaient la toile de coton, le maïs et l’huile en échange de l’encens passaient l’hiver, attendant les vents favorables de la mousson pour rentrer chez eux. Pendant les Ier et IIe siècles de notre ère, le port est le cœur du peuplement marchand installé sur cette côte, enrichi par ses liens étroits avec la puissante Shabwa de l’Hadramaout au Yémen. À cette époque, c’est une petite ville ceinte de murailles de deux mètres de large, couvrant 1 hectare environ sur éminence naturelle. Le déclin commence à la première moitié du IVe siècle pour s’achever à la fin du siècle.
Sur place, on découvre des fondations qui devaient autrefois soutenir un palais protégé de murailles et orné d’escaliers grandioses, et qui abritait sans doute de grands magasins de stockage d’encens. Des fouilles ont révélé des pièces de monnaie au profil d’Alexandre, des pots en faïence, des bocaux de conservation (dont certains de style romain), des objets en bronze et un grand encensoir. La précieuse gomme résineuse était acheminée par caravanes nomades de l’intérieur des terres et se trouvait embarquée à destination de la mer Rouge, de la Méditerranée et des Indes. En échange, accostaient des navires chargés de produits en provenance d’Asie.
On se déplace en liberté dans ces ruines bruissant de tous les fracas de l’histoire, sans oublier, près du parking à droite, de suivre aussi le chemin qui conduit à un petit temple proche de l’eau – une construction assez récemment identifiée sans que l’on puisse savoir avec certitude quel culte y était pratiqué.
Façonné et occupé pendant 800 ans, le site domine la superbe lagune de Rori, séparée de la mer par un banc de sable pendant la saison sèche et immergée pendant la mousson. On ne saurait parler de Khor Rori sans mentionner les dizaines de chameaux qui y viennent, attirés par sa verdure et sa fraîcheur, ainsi que les nombreux volatiles. La lagune est en effet une réserve naturelle qui sert d’habitat à plus d’une centaine d’espèces d’oiseaux dont des pélicans, cigognes, spatules, flamants roses, ibis, grèbes, cormorans, etc. Alimentée par le wadi Darbat, elle abrite aussi plusieurs variétés de poissons et de plantes.
Après le coup de chaleur de la visite et les quinze minutes que l’on consacrera au petit musée situé à 300 mètres du site, il sera temps d’aller vers la mer. Depuis le parking du musée, prenez la piste en direction de l’embouchure. Selon les capacités de son véhicule, on s’approche plus ou moins et on termine à pied pour gagner l'une des plus belles plages du sultanat : 200 mètres de sable vierge entre les mâchoires de grès qui barrent partiellement l’entrée de la lagune. A votre gauche, l’éperon rocheux se nomme Al Hamr Al Sharqiya et les archéologues y ont trouvé les restes d’un mur défensif de 700 mètres de long ponctué de tours face au large, témoignage d’une occupation tardive entre le VIIIe et le Xe siècle, à une période où la cité de l’encens était abandonnée depuis longtemps. A cœur de ce site habité de fantômes, vous prendrez un bain magistral !
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