Medina et Casbah
La médina. Elle représente le cœur de la ville. Ancien centre géographique de Tanger, encerclée par les remparts de la casbah, elle est un lieu de vie et de rencontres. Elle contient entre ses murailles tous les vestiges des différentes colonisations. Depuis toujours, les artistes et écrivains ont plébiscité la médina de Tanger : Camille Saint-Saëns, Tennessee Williams ou Truman Capote. Quand on se promène dans ses ruelles pittoresques baignées de lumière, on comprend qu'ils y aient puisé leur source d’inspiration. La médina est en cours de restauration depuis 2020 dans le cadre du programme de rénovation et de valorisation des sites culturels et touristiques du nord du Maroc. On ne saurait trop vous conseiller de vous perdre dans la médina les premiers jours. C’est là que grouille la vie. Encore peu touristique, contrairement à certaines médinas des villes voisines. Une visite au cœur de ces ruelles qui serpentent est un véritable voyage à travers le temps.
La casbah était le quartier résidentiel de la vieille ville, moins peuplé et moins animé que les rues bouillonnantes de la médina. Elle concentre les principaux vestiges de l’histoire, ce qui en fait aujourd’hui le plus beau quartier de la ville. C’est depuis les terrasses des maisons de la casbah que vous aurez la plus belle vue sur le port de Tanger. A l’image de celle de Marrakech, elle voit sa cote grimper d’année en année, surtout depuis que d'importants travaux de restauration ont été entrepris (en parallèle de ceux de la médina) pendant la pandémie pour un coût total de 850 millions de dirhams. C’est aujourd’hui le lieu privilégié des voyageurs qui aiment y flâner et des expatriés qui y ont élu domicile.
Ville nouvelle
Le centre de Tanger, réservé surtout à l’administration et aux affaires, est aisément reconnaissable à ses grands immeubles et ses avenues bien dégagées. La place du Grand Socco fait la jonction entre vieille ville et ville nouvelle qui se prolonge vers l’ouest par des quartiers résidentiels. Le Marshan, au nord-ouest s’étend sur le petit plateau dominant la médina. Le quartier de San Francisco, plus aéré, regroupe des immeubles autour de la cathédrale dont l'édifice, imposant, rappelle que Tanger a eu pendant longtemps une importante communauté espagnole. Emsallah, quartier populaire, situé en contrebas autour de la rue du Mexique forme un ensemble animé dont le bouillonnement rappelle l'ambiance de la médina. A l’écart de cette partie centrale et active de l’agglomération, se sont développés à la sortie de la vielle des nouveaux quartiers résidentiels tentaculaires dont les immeubles sont destinés à répondre à la problématique de la hausse des demandes de logements. Ces ensembles de bâtiments forment une banlieue discontinue avec des constructions aux matériaux souvent bon marché, parfois inachevées et pas toujours esthétiques.
Place du Grand Socco. « Du matin jusqu’au soir, marchands, acheteurs et curieux se rencontrent en plein soleil, en plein vent, sur le Grand Socco, parmi les guenilles aux cent couleurs et la rumeur aux mille cris », écrit Joseph Kessel en 1952. Le Grand Socco est désormais nommé place du 9-Avril, en l’honneur du discours historique pour l’indépendance du Maroc prononcé par Mohammed V en 1947. A l’origine, cette place était une large esplanade où reposaient caravanes, chameaux et ânes. Petit à petit, elle devient le premier marché hors les murs de Tanger et un véritable lieu d’échange entre la ville et l’arrière-pays. Si le marché permanent a disparu, le Grand Socco est toujours un point de rencontre, le plus souvent devant les marches de la Cinémathèque, dont le café et sa vaste terrasse attirent la jeunesse cinéphile de la ville et les flâneurs.
Le Marshan est un prolongement de la Casbah. C’est un quartier plus récent qui relie la casbah au centre-ville. Les vieilles familles tangéroises amoureuses de leur ville y résident depuis toujours mais des artistes et des écrivains s’y sont installés. On peut y voir plusieurs monuments remarquables comme le célèbre café Hafa, le palais Forbes, le stade offert par le dictateur Franco ainsi que le deuxième palais royal, qui fait office de bureaux et de lieu de réception lors des visites officielles de Chefs d'Etat. Le charme du quartier vient de ses anciennes demeures bourgeoises souvent de plain-pied et de ses ruelles étroites bordées de grands arbres et de fleurs, ce qui fait parfois défaut à la ville nouvelle.
California. Il s’agit d’un quartier résidentiel situé à l’ouest de la ville, dans le prolongement de la rue de Belgique, en longeant le quartier espagnol (Ecole espagnole, consulat d’Espagne, etc.). Vous y verrez de belles villas qu’habillent bougainvillées, chèvrefeuilles et pins parasols. Pour la plupart, elles ont été bâties pendant la grande époque internationale de Tanger dans les années 20. Elles se sont transmises de génération en génération et les héritiers actuels tentent de conserver ces symboles d’une splendeur d’antan.
Le port de pêche de Tanger. En juillet 2017, les travaux de reconstruction et d’aménagement du nouveau port de pêche de Tanger ont touché à leur fin. Le port accueille désormais l’ensemble des bateaux de pêche (hauturière et artisanale). Les nouvelles installations sont de bien meilleure qualité. Le port prévoit d’accueillir un plus grand nombre de bateaux, car sa superficie a multiplié par 3 (13 hectares de terre-pleins et 13 hectares de bassin). Tous les équipements tels que fabriques de glace, entrepôts, halles aux poissons, tous les ateliers de réparation navale ainsi que les bâtiments administratifs sont désormais logés dans la même zone. Si les travaux ont duré plusieurs années et ont représenté un coût majeur pour Tanger, la ville préfère se concentrer sur l’aspect positif de cet investissement. Il permet la relance économique du secteur de la pêche, mais aussi des avancées sur le plan social. Ces infrastructures permettent de faciliter un certain nombre de tâches et participent à l’amélioration des conditions de travail des dockers et pêcheurs.
La corniche. Depuis le port jusqu’au quartier de Malabata, la plage de Tanger fait partie intégrante de la ville. A partir de n’importe quelle hauteur, vous pouvez contempler la mer azur et apercevoir l’Espagne si proche. Malgré la dégradation qu’elle a subie durant ces cinquante dernières années, la baie de Tanger, autrefois désignée comme l’une des plus belles du monde, est en plein réaménagement. A la suite de premiers travaux dans les années 2000, la corniche a été embellie. Tout au long de celle-ci, hôtels, restaurants et cafés animent cette partie du centre-ville, notamment en été et durant les soirées de ramadan. On peut effectuer une jolie balade tout au long de la baie, depuis le boulevard Mohamed-VI ou en suivant l’allée qui longe le sable. Le programme Tanger-Métropole (projet ayant coûté 8 milliards de dirhams), lancé en septembre 2014, ambitionne de positionner la capitale du détroit comme destination phare du tourisme de croisière et de plaisance en Méditerranée. La plus grande mosquée de la ville a été édifiée également à cet endroit. Les habitants attendent désormais l’installation d’un téléphérique qui facilitera l’accès entre le centre de la ville, la marina, le nouveau port de pêche et la kasbah. Si les travaux ont été menés à un rythme soutenu ces dernières années, tout n’est pas encore terminé. La crise du Covid a porté un coup d’arrêt à de nombreux développements. Les Tangérois attendent l’aval du roi, le seul à pouvoir officiellement inaugurer ces nouveaux espaces. Des améliorations sont encore attendues dans les années à venir.
Malabata. Près du casino de Tanger et de l’ancien Club-Med, à l’est du port, Malabata est un quartier résidentiel longtemps laissé à l’abandon. Il a subi de réels changements ces dernières années. Il est aujourd’hui directement relié à la Corniche et se voit aujourd’hui submergé par les projets touristiques et hôteliers. En empruntant la route de Ksar es Sghir, à quelques kilomètres du centre, se dresse le phare du cap Malabata, entouré de magnifiques plages très fréquentées malgré le vent d’est.
Cap Spartel et la périphérie
La vieille montagne. Elle s'érige tel un rempart inébranlable face aux tumultes de l’océan. Cette colline haute de 345 mètres abrite de vastes demeures isolées dont le luxe discret se cache à l’abri des frondaisons luxuriantes d’une belle forêt. Le roi Mohammed VI y possède l'un de ses palais, entouré d'épais murs qui dérobent au regard des vues somptueuses sur le détroit et les côtes espagnoles sublimées au loin par un soleil blanc. On ne peut rouler très loin sur la route de la Vieille Montagne car on arrive rapidement dans un cul-de-sac. De cette impasse, les amateurs de sentiers pédestres rejoindront le cap Spartel, point de rencontre de l’océan Atlantique et de la mer Méditerranée en deux heures en empruntant une ancienne voie romaine.
Cap Spartel. A 12 kilomètres à l’ouest de la médina de Tanger, la réserve naturelle du Cap Spartel offre une grande bouffée de verdure très appréciée par les Tangérois le week-end. Le parc Rmilat, desservi par le bus et les taxis, fait le bonheur des familles et des couples d’amoureux. Il abrite l’étonnant château Perdicaris, ancienne demeure d’un riche diplomate américain devenue un musée. Plus loin, le promontoire rocheux du phare du Cap Spartel est battu par les eaux tumultueuses de l’océan Atlantique. En prolongeant vers le sud, on atteint la grotte d’Hercule, un haut lieu touristique du grand Tanger. A l’ouest de la ville, le phare du Cap Spartel bâti en 1854 guide les bateaux dans le détroit de Gibraltar. L’endroit est aussi un lieu prisé des Tangérois, qui aiment à s’y rendre pour siroter un thé à l’heure où le soleil se couche.