Découvrez TANGER : A l'écran (Cinéma / TV)

Véritable lieu d’inspiration pour les cinéastes, la ville a donné son nom à de nombreux films : Tangier (1946), Mission à Tanger (1949), Vol sur Tanger (1953)… De grandes stars sont passées par là, comme Alfred Hitchcock pour L'Homme qui en savait trop (1934), David Lean pour Lawrence d’Arabie sorti en 1963, ou encore le casting français de Astérix, Mission Cléopâtre, réalisé par Alain Chabat avec Gérard Depardieu, Christian Clavier, Jamel Debbouze... En tout, plus d’une cinquantaine de films y ont été tournés. Le Sud du Maroc, dans la région de Ouarzazate, accueille de nombreuses équipes de tournages internationales. Des studios et une école de cinéma y ont notamment été créés. Aujourd’hui, Tanger tente de suivre la même voie, dans un registre plus « art et essai » que grand public. Son architecture atypique, ses paysages variés, sa lumière particulière et son soleil toute l'année, font d’elle une destination de tournage prisée.

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L’arrivée du cinéma au temps de l’empire colonial français

L’histoire débute avec les frères Lumière qui, en 1897, auraient tourné les premières images du Grand Socco (souk) et du Petit Socco, qui figurent dans le film Le Cavalier marocain. Par la suite, et ce jusqu’aux années 1940, la plupart des films produits à Tanger et en général au Maroc sont issus du cinéma colonial français. Ce cinéma aborde souvent les mêmes thèmes : des conflits entre « tribus », le rôle civilisateur de la métropole française, mais aussi le quotidien des médecins et militaires, etc., à travers des documentaires, mais aussi des fictions. Ce type de films se développe autant à des fins de propagande que de divertissement. C’est au Maghreb que la production est la plus féconde, pour ensuite se propager aux autres colonies françaises d’Afrique et d’Asie.

Sur place, les films sont d’abord diffusés dans des caves de cafés, des baraques foraines, des théâtres avant que les premières salles de cinéma n’apparaissent dans les années 1930.

Démocratisation du cinéma

Côté salles, le Cervantes, l’Alcazar, le Rif, le Paris… Les grands écrans se multiplient à cette époque et accueillent des westerns spaghettis, des films américains, mais aussi des films arabes, égyptiens, libanais, et des productions de Bollywood, puis des films de kung-fu hongkongais à partir des années 1970-1980.

Dès 1944, les premières structures de production voient le jour au Maroc avec le Centre cinématographique marocain à Rabat, équivalent de notre CNC. Mais il faut attendre après l’indépendance du pays pour qu’en 1958 voit le jour le premier long métrage marocain réalisé par Mohamed Ousfour intitulé Le Fils Maudit, qui raconte l’histoire d’un jeune devenu malfrat à force d’être confronté, par la négligence de ses parents, à la délinquance. Peu à peu, c’est l’escalade, jusqu’au crime. Dans ce film de cinquante minutes, Mohamed Ousfour tient de nombreuses casquettes : scénariste, réalisateur, producteur et directeur de la photographie.

En 1968, c’est à Tanger que le premier festival du film méditerranéen a été organisé. Depuis lors, l'industrie cinématographique tient une place de choix dans le pays.

Néanmoins, Casablanca imposant peu à peu sa loi dans la distribution des films (les copies sont d’abord diffusées à Casablanca avant d’arriver à Tanger, parfois en mauvais état), les Tangérois désinvestissent les salles qui ont mauvaise réputation et certaines sont contraintes de fermer. Aujourd’hui encore, les salles sont parfois vues comme peu fréquentables. Le piratage massif des films est également un frein à l’exploitation des films en salles.

La Cinémathèque de Tanger, un repère

Si durant la première moitié du XXe siècle, Tanger fut un lieu de bouillonnement culturel intense, depuis la ville s’est clairement alanguie. Mais un groupe d’artistes est bien décidé à rallumer la flamme ! A l’initiative de l’artiste tangéroise Yto Barrada, du réalisateur et producteur marocain Latif Lahlou et du producteur français Cyriac Auriol, l’institut a été créé en 2006. Depuis lors, la cinémathèque tâche de remplir sa mission de diffusion de la culture cinématographique marocaine à l’échelle nationale et internationale grâce à une collection composée de films documentaires, de films d’artistes et de films expérimentaux, tout en proposant des ateliers pédagogiques, des tables rondes et des rencontres avec les professionnels. La Cinémathèque est avant tout un lieu de rencontres et d'ouverture à la culture.

Depuis quelques années, Tanger accueille en plus le festival du court-métrage méditerranéen qui redonne peu à peu vie au 7e art, preuve d’une réelle volonté de faire bouger la vie culturelle de la région.

FIlms internationaux

Malgré la censure qui sévit parfois pour des raisons religieuses lors de leur diffusion en salle, de nombreux films étrangers ont été tournés au Maroc, surtout dans les studios de Ouarzazate mais aussi parfois à Tanger même. Notons Tuer n’est pas jouer (1987) dans la série des James Bond, mais aussi Gladiator (1999) de Ridley Scott, et The Bourne Ultimatum en 2006 avec Matt Damon. Dans une ambiance plus nocturne, Only Lovers left Alive de Jim Jarmusch, montre Eve alias Tilda Swinton qui se réveille dans sa chambre de Tanger, remplie de livres. On voit dans le film des rues tangéroises de nuit, dont l’ambiance mélancolique convient parfaitement pour cette histoire de vampires. En 2015, James Bond revient au Maroc dans Spectre. Le palais de Abdeslam Akaaboune a été aménagé pour l’occasion en Hôtel « L’Américain »., tandis que de nombreux hôtels locaux ont accueilli toute l’équipe du film dont le Minzah, le Mövenpick, la Villa Joséphine… pour seulement 10 minutes de film localisées à Tanger.

André Téchiné revient lui régulièrement dans cette ville où sont situés certains de ses principaux films : Loin (2001), et la même année Le Café de la plage dont il a écrit le scénario pour le réalisateur Benoît Graffin.

Tout dernièrement, The Rhythm Section (2020), avec Blake Lively et Jude Law passe par Tanger et rappelle la saga Jason Bourne.

Production nationale

Côté production nationale, une nouvelle génération de réalisateurs explore des sujets intimes et complexes, comme le réalisateur franco-marocain Nabil Ayouch, dont le film Ali Zaoua, prince de la rue (2001) a été récompensé à plusieurs reprises. Le film raconte le destin d’enfants des rues qui rêvent d’une vie meilleure. Les sujets de l’auteur, qui traitent souvent de points sensibles de la société marocaine, lui valent une certaine méfiance de la part des autorités marocaines. En 2021, son long métrage Haut et Fort participe à la 74e édition du festival de Cannes et devient le deuxième film marocain (hors documentaire) à être retenu en compétition pour la Palme.

D’autres jeunes réalisatrices comme la talentueuse Narjiss Nejjar, directrice de la cinémathèque de Rabat depuis 2018, avec son film Les Yeux secs, sorti en mai 2005 et suivi de Wake up Morocco sorti en 2006, ou bien encore Leila Marakchi, avec son film Marock, ont fait changer la tendance et osent parler de sujets encore tabous aujourd’hui dans la société marocaine : sexualité, prostitution, pauvreté ou encore jeunesse dorée. La censure, qui jusqu’alors sévissait parfois, devient de moins en moins systématique grâce à des co-productions étrangères, notamment françaises.

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