La chanson francophone
Le sujet de la langue passionne les Québécois et les Canadiens. Rien de plus naturel dans une nation officiellement bilingue. Pour la partie francophone du pays, le français est un pilier de l’identité culturelle nationale que l’on se doit de valoriser et préserver via de nombreuses initiatives. Dans la musique, ça passe notamment par un quota de 65 % de chansons en langue française pour les radios francophones. En outre, chanter en français, c’est aussi l’opportunité de séduire le marché hexagonal, voire pour certains un choix militant. Au final, la chanson française est une grosse entreprise qui ne connaît pas la crise. Des premiers grands chansonniers du Québec comme Robert Charlebois, Félix Leclerc et Gilles Vigneault, jusqu’aux stars internationales que sont Céline Dion et Garou, en passant par les fameux Beau Dommage et Cowboys Fringants, chaque génération apporte sa pierre à l’édifice. Aujourd’hui, ce sont Cœur de Pirate, Pierre Lapointe, Louis-Jean Cormier ou Yann Perreau qui portent le renouveau de cette chanson francophone québécoise, souvent hors de leurs frontières.
Écouter des chansonniers sur scène est l'une des expériences les plus québécoises possible. Les meilleurs endroits pour en trouver toute la semaine sont les « boîtes à chansons ». C’est dans ces petites salles de spectacle aux allures de cafés qu’ont débuté des Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Robert Charlebois, et c’est toujours sur ces scènes que l’on croise le futur de la chanson locale. À Québec, les deux enseignes mythiques sont La P’tite Grenouille et Les Voûtes Napoléon. La première est installée dans l’arrondissement de Sainte-Foy (plusieurs autres succursales au Québec) et dispose d’une salle tout en bois plus spacieuse qu’il n’y paraît. Quant aux Voûtes Napoléon, elles se distinguent par le cachet des lieux : nichées dans un bâtiment bicentenaire autrefois restaurant puis discothèque, elles sont depuis 1993 l’une des scènes pour chansonniers les plus réputées du pays. Pour des concerts de voix confirmées de la chanson française, rien ne vaut en ville le Théâtre Petit Champlain. Charmante petite salle, elle se distingue par sa programmation infaillible, conviant aussi bien artistes connus qu’en devenir. Endroit porté sur l’amour du texte dans son ensemble, on y trouve aussi des spectacles d’humour et du théâtre.La musique classique
Avec une histoire relativement jeune, on ne peut pas parler de « tradition de la musique classique » au Québec. Cela dit, le genre est très populaire dans le pays depuis l’orée du XXe siècle où il a connu quelques grandes figures – majoritairement dans le contemporain. Entre les années 1950 et 1970, des noms comme Pierre Mercure, Serge Garant, Gilles Tremblay ou encore Claude Vivier, le génie sombre, et Jacques Hétu, compositeur canadien le plus joué à l’étranger, ont élaboré une musique contemporaine singulièrement québécoise. Aujourd’hui, le Québec souffre d’une légère désaffection du classique. Des salles ferment, le public s’amenuise, les financements fondent. Mais le classique est loin d’avoir quitté le pays et de grands artistes lui font honneur. C’est le cas de Louis Lortie, grand interprète de Chopin, Alain Lefèvre, star du piano, ou la violoniste Angèle Dubeau, particulièrement populaire. Côté direction, Yannick Nézet-Séguin est entre autres le directeur musical de l'Orchestre Métropolitain de Montréal et du Metropolitan Opera de New York, et Walter Boudreau, icône et iconoclaste, est à la tête de la Société de musique contemporaine du Québec.
Québec dispose d'un orchestre de chambre réputé mondialement : Les Violons du Roy. Spécialisé dans le répertoire classique baroque, l’orchestre ne s’interdit pas pour autant quelques incartades de temps à autre dans les répertoires des XIXe et XXe siècles. Pour les voir, il faut se rendre dans ce beau bâtiment du Vieux-Québec qu’est le Palais Montcalm, une salle fort réputée. Il est d’ailleurs toujours bon de feuilleter la programmation de cet établissement, car elle est très variée. Québec dispose aussi de son Orchestre symphonique. D’excellente réputation, il a accueilli quelques grands chefs d’orchestre et est dirigé aujourd’hui par le Français Fabien Gabel, loué pour la précision et l’intensité de ses interprétations. L’ensemble se produit au Grand Théâtre de Québec, imposant et très austère bâtiment qui est aussi la maison de l'Opéra de Québec. Le lieu propose des grands classiques à la mise en scène parfois kitsch, mais souvent interprétés par des voix québécoises de renommée mondiale : la contralto Marie-Nicole Lemieux, la soprano Marianne Fiset ou le baryton Jean-François Lapointe (ce dernier est devenu le directeur artistique de l'Opéra de Québec à l'automne 2020). Le Festival d’Opéra de Québec, fin juillet-début août, comblera également les mélomanes.La pop, le rock, l’électro
Portée par une scène montréalaise ultra dynamique en matière de musique indépendante, la scène québécoise anglophone se porte bien. On y trouve des monstres sacrés, de Godspeed You ! Black Emperor à Arcade Fire, et des icônes déroutantes de la pop moderne comme Grimes. Et côté francophone, la jeune création est loin de s’endormir. Au contraire, on assisterait plutôt à un réveil. On y trouve quelques pépites comme Marie Davidson et sa new wave très mécanique et sensuelle, Klo Pelgag et sa folk haute en couleur et puis des enfants de la ville de Québec : le prodigieux glam rock d’Hubert Lenoir et l’indie pop bouleversée de Safia Nolin.
Le centre névralgique du renouveau créatif de la ville de Québec, c’est Le Pantoum. Studio, salle de concert, maison de disques, l’endroit est essentiel à la création locale. L’autre passage incontournable pour les artistes émergents, c’est l’Impérial Bell. Cette salle emblématique possède une belle jauge (950 places) et affiche une programmation (pilotée par le Festival d’été de Québec) conviant de beaux noms locaux et étrangers. Les artistes adorent s’y produire et ça se sent. Dernier indispensable de la ville : L’Anti Bar & Spectacles. Si l’endroit a un petit faible pour les esthétiques doucement sauvages ou marginales, il met en valeur la scène locale dans son ensemble – rock, indie, hip-hop – et on y a même vu le chanteur d’Arcade Fire donner des DJ sets. Chouette et pas cher. Un dernier acteur important de la musique locale : le Festival d'été de Québec. Chaque année, le FEQ propose durant onze jours d’allier grandes pointures – Metallica, The Rolling Stones ou IAM – et jeunes talents locaux. Une belle visibilité pour la création de Québec.La musique autochtone
Plus unis qu’auparavant et entendus par un gouvernement Trudeau plus soucieux de ses minorités, les Autochtones acquièrent plus de visibilité. Naturellement, le mouvement suit dans le champ culturel. Les artistes autochtones sont de plus en plus présents sur la scène musicale québécoise grâce, notamment, à des festivals d'ampleur comme Innu Nikamu ou Présence autochtone, qui sont une véritable vitrine. Parmi les artistes autochtones québécois à suivre, les plus traditionnels sont à trouver au sein du groupe de chanteurs et joueurs de tambour Black Bear. Épatants. Étoile montante de la scène canadienne, Élisapie chante en français, anglais et inuktitut – sa langue maternelle – la culture et le peuple inuits d’aujourd’hui. Le militant et rappeur Samian est aussi une figure célèbre et révérée, très emblématique de la scène autochtone. Il n’y a pas une scène en particulier où voir et entendre de la musique autochtone à Québec, la plupart des salles consacrées aux musiques actuelles en diffusent. Autrement, on peut en écouter en ligne, via Nikamowin, une jeune plateforme de streaming consacrée aux artistes contemporains ou traditionnels du genre.
Le théâtre, l’humour et la danse
Le Québec est une terre de théâtre. Et en tant que Français, nous ne pouvons pas l’ignorer tant nous avons mis en scène, adapté, joué, édité, lu des dramaturges phares comme Wajdi Mouawad, Michel Tremblay, Larry Tremblay, Évelyne de la Chenelière ou Carole Fréchette. Naturellement la capitale nationale d’un pays amoureux de théâtre l’est tout autant. L’institution la plus importante en ville est le Théâtre du Trident, situé au Grand Théâtre de Québec. Proposant des pièces issues majoritairement du répertoire classique, le Trident valorise énormément les auteurs québécois (naturellement) et francophones avec un regard très frais. De la fraîcheur, on en trouve aussi dans deux théâtres voisins : le Théâtre Périscope et Premier Acte. Si le premier s’intéresse énormément au répertoire contemporain et valorise l’audace, l’expérimentation et la liberté, le second propose à la jeune création théâtrale un espace ouvert et libre où prendre des risques. Plus grand public, le Théâtre La Bordée est un nom important du théâtre québécois qui se consacre au répertoire local et axe sa programmation autour des questionnements sociétaux. Délicat d’aborder le théâtre contemporain québécois en écartant un de ses plus brillants metteurs en scène : Robert Lepage. Connu pour sa direction d’acteurs vibrante, fine et tranchante et des mises en scène pluridisciplinaires qui ont bousculé les standards, il dirige désormais Le Diamant, nouveau lieu de diffusion à son image.
Les Québécois sont aussi friands d’humour, à un point tel qu’une École nationale de l’humour – très réputée – fut fondée à Montréal en 1988. Moins pourvue que Montréal en « Comedy Clubs », Québec propose quand même quelques adresses. Et comme on ne peut pas quitter le Québec sans avoir vu d’impro, la Ligue d’Improvisation de Québec en propose au Palais Montcalm. Côté danse, notons l’excellente scène chorégraphique La Rotonde. Le lieu a beau être esseulé en ville, il rayonne dans tout le pays avec une programmation de danse contemporaine conviant le meilleur du Québec dans le domaine. Hyper audacieux et très proche du public.