OASIS D'AL AÏN
Inscrite au patrimoine mondial de l'humanité, poumon vert de la ville d'Al Ain, cette oasis aux 147 000 dattiers offre du bonheur.
Voici la plus grande des oasis d'Al Aïn. A l'accueil, une grande carte en papier est distribuée et très utile pour se repérer dans ce labyrinthe vert. Si vous souhaitez découvrir l'oasis à vélo, prévoyez un peu de monnaie car les cartes bleues ne sont pas acceptées. S'il ne fait pas encore trop chaud, c'est un bonheur que de déambuler dans ce poumon de 147 000 dattiers. Les 1 200 hectares de cette oasis, qui à l'instar des 5 autres de la ville, est inscrite au Patrimoine mondial de l'Humanité, comportent 550 vergers qui appartiennent à autant de propriétaires, dont le président des Emirats arabes unis, Sheikh Khalifa Bin Zayed. Les oasis ne ressemblent pas à celles de Tintin au pays de l'or noir. Ici pas d'étendue d'eau entourée de palmiers et des tentes bédouines autour. Les oasis d'Al Aïn, plusieurs fois centenaires, sont des parcelles parfaitement entretenues. A droite de l'entrée, rendez-vous à l'éco-centre avant de vous enfoncer dans l'oasis. Les films et animations didactiques sont utiles pour comprendre où vous êtes.
Un peu d'histoire. A l'époque, chaque oasis était un village. On en comptait 9. Chacune avait une mosquée, souvent un fort et des bâtiments fortifiés avec à sa tête un cheikh. Cet ensemble défensif protégeait non seulement les habitants, mais aussi les cultures et surtout l'eau… L'été les Bédouins du désert s'y installaient, pouvant y trouver de l'eau et un peu d'ombre en échange d'un loyer. Des travailleurs qui ne faisaient pas partie des tribus appelés bidar s'occupaient de leur entretien. Des neuf oasis, sept subsistent : Al Jahili, la plus petite, Al Muatared, Al Jimi, Al Muaiji, Al Qattara, Al Hili et Al Aïn Oasis, la plus grande d'entre elles. Cette dernière a été nommée « système agricole traditionnel d'importance mondiale » par l’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Et les vrais rois de ces oasis sont les palmiers : tout est valorisé dans le palmier, car les branches s'utilisent dans la vannerie, les troncs des plus vieux finissent comme poutres, gouttières ou piliers. Bien sûr, la priorité de la phœniciculture est le fruit. Dans la palmeraie les mâles sont en minorité : un pour cinquante à cent femelles, alors pas question de laisser à la nature seule le soin de décider le fruit de la récolte. Chaque printemps, l'homme, avec grande agilité, monte aux arbres et aide à la pollinisation. Il détache précieusement les épillets mâles pour les ligoter dans l’inflorescence femelle après éclatement des spathes. Il est roi, mais pas seul, car on cultive aussi les arbres fruitiers (mangues, citrons, oranges, bananes), des légumes, du blé et des arbres aux vertus médicinales comme le ghaf (Prosopis cineraria). Et rien de tout cela n'aurait été possible sans le développement unique des aflaj qui a permis le développement des oasis depuis plus de trois mille ans.
La production de dattes : les dattes d’Al Ain se déclinent en différentes variétés de couleurs rouges et jaunes. Leurs qualités dépendent de la saison de récolte. Il y a des dattes fraîches tandis que d’autres sont plus sèches et presque déshydratées. En tant qu’aliment de base fondamental dans les caravanes nomades, la datte a des qualités extraordinaires, car les palmiers concentrent des minéraux tels que le potassium, le soufre, le phosphore, le fer, le sodium, le magnésium et le zinc dans le fruit. Elle est très nutritive car elle contient des vitamines A, B, C, E, des acides gras, des sucres et des protéines. Certaines espèces sont presque complètement sans sucre et sont donc utiles dans les régimes alimentaires pour diabétiques.
Le falaj (au pluriel aflaj), qui en arabe signifie « division » ou « canaux », est un ancien système d'irrigation très ingénieux qui a permis la sédentarisation de la population et son développement dans une région privée de rivières.
Les systèmes de falaj à Al Ain étaient de deux types : l’un puisait de l’eau des puits mères enfoncés et l’autre connu sous le nom de « ghait » coulait de l’eau de surface des ruisseaux saisonniers. Une fois que l’eau atteint l’oasis, elle est alors distribuée aux propriétaires de terres arables par le biais de la chari’a, un système de division conforme à un plan complexe d’allocation de l’eau. Le falaj est avec le temps devenu un élément culturel. Ce patrimoine donne lieu à une promenade avec un charme incomparable dans la palmeraie. Captant les reflets de la lumière, le falaj enchante les lieux du son de l’eau qui court… et s’y rafraîchir les mains ou les pieds lorsqu’il fait très chaud est un vrai délice ! Mais d'où vient cette eau ? La chaîne de montagnes Al Hajar qui domine la ville d'Al Aïn apparaît au premier regard si aride qu’il est impossible de deviner qu’elle abrite plusieurs réservoirs souterrains naturels d'eau de pluie (aquifère) qui stockent cette dernière depuis des millions d'années. C’est de cette source que le falaj, tunnel souterrain qui peut être long de plusieurs kilomètres, achemine l'eau par simple gravité. Il rejoint la surface aux abords des plantations où il se divise alors en plusieurs canaux qui parcourent les cultures ou les palmeraies. Selon les besoins, les canaux sont ouverts ou fermés, ainsi vous pourrez voir certaines branches où l’eau circule, tandis que d’autres canaux dans les parcelles voisines seront à sec. L’eau ainsi acheminée est cependant d’abord utilisée pour la consommation humaine, animale puis pour les ablutions, enfin pour la toilette et les tâches ménagères et en dernier lieu seulement pour l'arrosage des plantations. Ce savoir-faire est plusieurs fois millénaire ! Les hommes qui ont creusé ces galeries ont su depuis des temps immémoriaux mettre en œuvre un certain nombre de compétences techniques pour assurer le bon fonctionnement du système. Il leur a notamment fallu calculer le degré de la pente afin de favoriser le débit optimal : si l’eau s’écoule trop doucement, elle stagne et dépose des sédiments, si elle arrive trop rapidement, la pression risque de provoquer l’écroulement des murs. Outre les dizaines d’années de labeur nécessaires pour creuser les galeries, il a aussi fallu creuser depuis la surface des puits verticaux à intervalles réguliers pour ventiler et nettoyer la galerie, mais aussi y accéder pour d’éventuelles réparations. Dans la ville d'Al Aïn, des dizaines d'aflaj ont été creusés. Les aquifères sont presque tous à sec et aujourd’hui si la plupart des vingt et un aflaj portent encore un nom connu, ils sont malheureusement asséchés. Cinq d'entre eux fonctionnent toujours et trois ont été découverts suite à des fouilles archéologiques notamment. Datant de l'âge de bronze et vieux de 3 000 ans, ils ont été classés en 2001 comme site culturel au Patrimoine mondial de l'Humanité et sont reconnus comme les plus anciens exemples de falaj découverts jusqu'à présent.
L’eau a toujours été un enjeu capital ! En 1946, lorsque Sheikh Zayed bin Sultan Al Nayhan devient gouverneur d'Al Aïn à l'âge de 28 ans, il entame immédiatement une réforme de l'eau, la rendant gratuite pour tous les habitants et abolissant de ce fait tout commerce autour d'elle. L'eau est bien la partie la plus importante d’un jardin. De ce fait, l’irrigation est la caractéristique la plus importante dans une oasis. Les jardins sont à un niveau inférieur à celui du paysage environnant. Avec la gravité, l’eau s’écoule vers la surface par des canaux souterrains à partir d’un sol plus élevé et atteint chaque palmeraie, où elle est déviée par des barrières qui la font couler vers chaque coin de la terre. Les champs ont une géométrie précise, définie par l’écoulement de l’eau qui descend et irrigue les cultures. Elle est distribuée le long des canaux à travers de grands et importants clapets. Pour les personnes qui travaillent dans l'oasis, l’irrigation est un rituel quotidien. Les jardins de l'oasis d'Al Ain sont en petites dépressions, chacun avec un chemin surélevé sur la rive surélevée environnante, qui protège chaque jardin et ses cultures. Cette protection est ensuite renforcée par des murs. Le jardin est toujours protégé, construit, entouré d’un mur, et le niveau de protection final est fourni par la canopée en feuilles de palmier. Le jardin est construit comme une capsule, un écosystème clos.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
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Avis des membres sur OASIS D'AL AÏN
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.