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Le cinéma suédois est connu en général pour être grave, abordant des thèmes autour de la nature ou de la condition humaine. Cependant, loin de se cantonner aux drames, le septième art suédois a contribué au cinéma mondial de façon remarquable et a offert quelques grands noms : Greta Garbo, icône du cinéma muet et star hollywoodienne des années 1930, mais aussi l’actrice oscarisée à trois reprises, Ingrid Bergman, et surtout l’un des cinéastes les plus significatifs, Ingmar Bergman, auteur prolifique de plus de quarante films. Après les années 1960, profitant d’une réforme qui favorise la production cinématographique, on assiste à l’émergence de réalisateurs de talent, tels Bo Widerberg, Jan Troell ou Kjell Grede. Côté studios, la Suède est dotée de la commune de Trollhättan, surnommée Trollywood. Dogville (2003) du danois Lars von Trier avec Nicole Kidman, ou encore Fucking Åmål (1998), grand succès de Lukas Moodysson, y ont notamment été tournés.

Débuts

Le cinéma est arrivé en Suède à la fin du XIXe siècle, avec une première projection à Malmö en 1896. Ernest Florman (1862-1952), un photographe de Stockholm est considéré comme le premier cinéaste de l’histoire suédoise avec L’Arrivée du roi du Siam à Stockholm, une courte séquence filmée le 13 juillet 1897.

Le producteur Charles Magnusson, et les réalisateurs Victor Sjöström et Mauritz Stiller – celui qui découvrit la divine Garbo – lancent le cinéma muet suédois, à travers la compagnie Svenska Biografteatern, créée en 1907. The Phantom Carriage (1921), drame fantastique de Sjöström est un bel exemple de cet âge d’or.

Ingmar Bergman, le maître suédois

Né à Uppsala, en 1918, le cinéaste et metteur en scène de théâtre est sans conteste LE monument du cinéma national suédois. Dès l’âge de 10 ans, il découvre sa vocation grâce à une lanterne magique, un procédé de projection d’images animées développé au XVIIe siècle et couramment utilisé comme jouet au XIXe siècle, avec lequel il mettait déjà en scène des histoires de son invention. Par la suite, il eu une carrière prolifique, avec pas moins de quarante œuvres à son actif, parmi lesquelles : Le Septième Sceau (1957), Au seuil de la vie (1958), Persona (1966), Cris et Chuchotements (1972), Scènes de la vie conjugale (1973), Fanny et Alexandre (1982). Sa filmographie est parcourue de plusieurs thèmes, comme le sens de la vie, le bien et le mal, Dieu, l’incommunicabilité du couple... Marqué par sa relation conflictuelle avec ses parents, il s’inspire inlassablement de ses souvenirs d'enfance. En 2002, Bergman a fait don de ses archives à l’Institut du film suédois. Cet ensemble de documents est géré par la Fondation qui porte son nom.

Période post-guerre

Sans renier le génie du maître Bergman, une nouvelle génération de cinéastes désire tourner la page du cinéma classique et s’imposer par une certaine créativité technique. Bo Widerberg fait partie de ce renouveau. Écrivain devenu cinéaste, il écrit dans les années 1950 des romans et des nouvelles, parmi lesquels Le Dragon vert dont il fera un film en 1966. Ses premières œuvres sont d’inspiration réaliste tandis que ses films plus tardifs comme Ådalen 31 (1963), Joe Hill (1971) ou Elvira Madigan (1967) adoptent un ton plus lyrique.

Autre figure des années 1960, le réalisateur Jan Troell a débuté sa carrière en tant que directeur de la photographie sur les films de Widerberg. Ses œuvres majeures, Utvandrarna (1971) (Les Emigrants) et son sequel Nybyggarna (1972) (Le Nouveau Monde), sont adaptées des romans du même nom de l'écrivain Vilhelm Moberg, et s’intéressent à la trajectoire d’une famille paysanne de la province de Småland vers le Minnesota au milieu du XIXe siècle.

Nouvelle génération

La génération de cinéastes nés dans les années 1970 met en scène une critique de la société suédoise, entre tragique et comique, parfois clivante. Josef Fares est connu pour sa comédie Jalla! Jalla! (2000). Succès du box office mais aussi succès critique, il raconte l’histoire de Roro, joué par son frère, l’acteur libano-suédois Fares Fares, en proie au doute lorsque sa petite copine suédoise et blanche demande à rencontrer sa belle-famille.

Avec un regard à la fois cruel et satirique sur les Suédois et notre société contemporaine en général, Ruben Östlund est certainement le cinéaste suédois le plus reconnu de sa génération. Happy Sweden (2008), Snow Therapy (2014) ou encore The Square (2017) (Palme d’or à Cannes) détricotent les mœurs et les faux-semblants des milieux blancs et bourgeois. En 2022, il rejoint le club très fermé des cinéastes à avoir remporté deux Palmes d'or au festival de Cannes grâce à son film Sans filtre. Décidément adulé par la Croisette, c'est lui qui a été choisi pour présider le jury de la 76e édition du festival, en 2023.

Côté documentaires, Malik Bendjelloul s’intéresse à la musique et réalise plusieurs films sur Elton John, Rod Stewart, Björk ou encore, Kraftwerk. Il a reçu l’Oscar du meilleur documentaire en 2013 pour Searching for Sugar Man, qui retraçait la carrière atypique du chanteur américain Rodriguez.

Les séries

Les séries suédoises sont nombreuses et bénéficient d’une belle réputation à l’étranger. La trilogie policière Millénium de l’écrivain Stieg Larsson, adaptée en Suède à partir de 2009 par Niels Arden Oplev et Daniel Alfredson avec les acteurs Michael Nyqvist et Noomi Rapace, puis aux États-Unis à partir de 2011 par David Fincher avec Daniel Craig et Rooney Mara, a fait un carton au cinéma, si bien qu’une série télévisée en 6 épisodes est sortie en 2010, diffusée par Canal+, avec le même duo d’acteurs suédois.

Citons également Real Humans (2012) de Lars Lundström qui est devenu un classique des séries sur les robots humanoïdes, exportée dans plus de 50 pays. Mais on compte encore The Bridge (diffusée entre 2011 et 2018), Jour polaire (2016), Svartsjön (2016), ou encore Jordskott, la forêt des disparus (2015). Sur Netflix, les séries Love and Anarchy (2020) et Kalifat (2020) tournées à Stockholm, et en 2021 la série L'Improbable Assassin d'Olof Palme sur le meurtre de l'ancien Premier ministre suédois, adaptation du roman The Unlikely Murderer.

Quelques acteurs et actrices

Dès le début du XXe siècle, les acteurs et actrices en provenance de Suède ont su se faire une place de choix dans le cinéma mondial. Propulsée au rang d’icône hollywoodienne par le producteur américain Louis B. Mayer, Greta Garbo obtient son premier rôle important en 1924 dans le film La Saga de Gösta Berling, d’après le roman de Selma Lagerlöf. Parmi ses grands rôles, on peut citer La Reine Christine, Grand Hôtel, La Dame aux camélias et Ninotchka.

L’actrice Ingrid Bergman connaît le succès international avec trois films d'Alfred Hitchcock : La Maison du docteur (1945) Edwardes, Les Enchaînés (1946) et Les Amants du Capricorne (1949). Elle tourne Stromboli (1950), de l’italien Roberto Rossellini, pour qui elle quitte son mari. Son autobiographie, Ma vie, retrace ses mémoires.

Le comédien Max von Sydow, après sa performance dans Le Septième Sceau, de Bergman, est devenu un de ses acteurs fétiches. On le retrouve également, entre autres, dans Pelle le Conquérant, de Bille August, et L’Exorciste de William Friedkin.

Bénéficiant d’une belle carrière dans le paysage du cinéma contemporain, la famille Skarsgård se compose entre autres du père, Stellan, acteur fétiche de Lars Von Trier, pour qui il a joué dans Dogville, Nymphomaniac, Breaking the Waves, et du fils, Alexander, très en vogue depuis qu’il a interprété Eric Northman dans la série True Blood, mais aussi Tarzan pour David Yates, et qui joue également pour Lars Von Trier dans Melancholia.

Alicia Vikander est une figure montante du cinéma contemporain. Elle a notamment remporté l’Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle, pour le film The Danish Girl (2015) et poursuit sa carrière avec notamment deux films d’action : Jason Bourne en 2016, par Paul Greengrass, avec Matt Damon, et Tomb Raider en 2018.

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