Principe et Castelletto

L'ouest du centre-ville de Gênes réunit, paradoxalement, quartiers bourgeois et quartiers ouvriers : le quartier du Pré, à proximité du port et historiquement populaire, est bordé au nord par la Via Balbi. Celle-ci est alignée de palais Renaissance qui ont été transformés en universités au XIXe siècle et qui mène à la Piazza Acquaverde et la gare ferroviaire de Principe. Au-delà, et en peu en retrait, le petit village del Carmine est encore une poche populaire qui connaît une gentrification rapide. C'est ici que vous trouverez le Gênes populaire d'autrefois qui perdure. Le quartier d'Il Carmine s'accroche à la colline élégante et bourgeoise de Castelletto, qui domine Gênes de toute sa superbe.

Il Prè. Dans la partie basse du quartier, le long du port, la Via di Prè (rue des Prés, en patois) a gardé le charme et l'authenticité d'une rue qui a longtemps maintenu une réputation douteuse. La rue menait autrefois vers les quartiers occidentaux de Gênes, ceux qui, paupérisés, étaient situés en dehors de l’enceinte de la ville. Aujourd'hui coloré et cosmopolite, le quartier du Prè est devenu le foyer des immigrés les plus récemment établis à Gênes. Longtemps laissée à l’abandon, la Via di Prè a retrouvé son charme médiéval ces dernières années grâce à un projet de revalorisation du quartier.

Via Balbi et Principe. La rue parallèle à la Via di Pré est la Via Balbi : elle relie la Piazza dell'Annunziata et son imposante église à la gare Principe. C'est ici que se concentrent les principales facultés littéraires de la ville. Une succession de palais anciens donne à cette artère un charme désuet, moins officiel ou austère que les palais de la Via Garibaldi. Les étudiants s'y croisent, des sandwicheries les nourrissent et de petits cafés s'y succèdent. La piazza Acquaverde conserve elle aussi un charme d'antan un peu dépassé avec sa belle gare et son grand hôtel rose bonbon, le Grand Hôtel Savoia. Depuis la place de la gare, un ascenseur mène au Castello D'Albertis. Etudiants, touristes et voyageurs se croisent dans ce quartier qui a su garder les pieds sur terre.

Il Carmine. Petite poche populaire entre les palais de la Via Balbi et les villas bourgeoises de Castelletto, le quartier d'Il Carmine s'élève sur les flancs de la colline du quartier le plus cossu du centre de Gênes. Au départ de la jolie Piazza del Carmine, des ruelles pavées et piétonnes desservent des cours intérieures, des maisons pastel et un village préservé qui résiste à une gentrification toujours plus forte. Prenez le temps d'une après-midi ensoleillée pour errer par ici. Seuls les locaux qui vivent dans le quartier prennent la peine d'y prendre un café et d'y flâner. Rejoignez-les pour apprécier ce quartier encore réellement authentique du centre-ville.

Castelletto. Perché sur sa colline, Castelletto tire son nom d’un château défensif qui depuis le Moyen Age s’élevait sur ces hauteurs. La forteresse fut définitivement démolie en 1849 et, depuis, Castelletto est devenu un quartier résidentiel bourgeois aux élégantes villas noyées dans des parcs verdoyants. D'ici, la vue est incomparable sur Gênes, la côte ligure et la mer. C'est surtout pour celle-ci que vous ferez le déplacement dans le quartier qui n'offre par ailleurs aucun site d'intérêt ouvert à la visite. Pour accéder directement au belvédère qui fait la réputation de Castelletto, empruntez l'ascenseur Art nouveau depuis la Piazza del Portello ou grimpez par les ruelles d'Il Carmine.

Porto Antico et Centro Storico

Pendant des siècles, le port de Gênes a été le cœur de la ville, le noyau de son histoire et l'origine de sa fortune politique et économique. Le centre historique, fait de ruelles médiévales étroites et chaotiques, monte en fer à cheval vers les hauteurs depuis le port et la mer.

Le Porto Antico est la véritable origine de Gênes. Il a été longtemps séparé du centre-ville, d’abord par les bâtiments des douanes et plus tard par la Sopraelevata, la route surélevée traversant Gênes.

En 1992, à l’occasion de la célébration des 500 ans de la découverte de l’Amérique, le Porto Antico a fait l’objet de l’un des plus grands projets de revalorisation du territoire en Italie, signé par le célébrissime cabinet d’architecte Renzo Piano. Ces impressionnants travaux de réaménagement ont réconcilié la ville avec son port en créant un pôle muséal, des attractions touristiques et un espace public.

Aujourd'hui, on distingue trois espaces où l'on circule librement : le port à proprement parler avec la marina et l'aquarium de Gênes ; le front de mer avec la promenade, la Piazza Caricamento et les bâtiments, entrepôts et palais qui bordent la ville ; les arcades de la Sottoripa et ses échoppes.

Centre historique. Derrière la Sottoripa s'élève un des centres médiévaux parmi les plus étendus d’Europe. Il s’agit d’un concentré d'urbanisme et d’architecture unique au monde. Incroyablement vaste, mystérieux et bouillonnant de vitalité, le centre de Gênes alterne des artères rectilignes et des labyrinthes de venelles médiévales. Ces caruggi (en génois, vicoli en italien), où l'on perd facilement son sens de l'orientation, sont les résidus d’un urbanisme pensé pour lutter contre les envahisseurs venus par la mer.

Le mérite de Gênes est d'avoir su préserver les structures historiques en les réadaptant aux exigences de l'époque, et ce, à travers les âges. Grâce à cela il est possible aujourd'hui de se promener dans la vieille ville en effectuant un fascinant voyage dans le temps.

Rive gauche vs. rive droite. La seule manière de se repérer lorsqu'on déambule dans le labyrinthe des ruelles médiévales est de comprendre que lorsque l'on monte, c'est que l'on se dirige vers la ville moderne ; lorsque l'on descend, c'est que l'on se rend vers le port. À savoir aussi, les Génois distinguent la « rive gauche », située à l'est de la Via San Lorenzo, de la « rive droite », à l'ouest de cette artère principale qui fait office de frontière entre les deux parties de la vieille ville.

Du côté de la rive gauche, on retrouve la partie la plus ancienne de Gênes, le Castello et le quartier de Sarzano. La rive droite se répartit entre une partie « noble » faite de palais et de commerces historiques entre la Via San Lorenzo et la Via dei Orefici. À l'ouest de celle-ci, on entre dans le quartier de la Maddalena, quartier populaire, en plein renouveau.

Autour de Via XX Settembre et Brignole

Le quartier qui s'étend autour de la Via XX Settembre, de la place De Ferrari jusqu'à la gare ferroviaire de Brignole est le cœur commercial, financier et administratif du Gênes moderne. On y trouve aussi des zones résidentielles cossues comme le très chic et calme Carignano. Les grandes avenues rectilignes que vous trouverez ici marquent un contraste net avec l'entrelacs des ruelles labyrinthiques du centre historique.

Origines. Dès la première moitié du XIXe siècle, la volonté d'expansion urbaine est dictée par une progressive augmentation de la population et par une industrialisation grandissante de Gênes. Les quartiers à l'est du centre médiéval sont réinvestis de manière magistrale pour illustrer la grandeur de la ville industrielle qui vit un nouveau pic de richesse. Devenue le nouveau point central de la ville au XIXe siècle, la Piazza De Ferrari marque la frontière entre la partie ancienne et la partie moderne de Gênes.

Une architecture éclectique. Le nouveau quartier est considérablement marqué par l'intervention de l'architecte Carlo Barabino (1768-1835) qui se charge de l'ouverture de la Via XXV Aprile et de la construction du théâtre Carlo Felice. Avec la Via Roma, la Via XXV Aprile et la galerie Mazzini, bordées de vitrines élégantes, ont conservé l'air bourgeois de la Belle Epoque. En même temps, l'implantation de Via XX Settembre sur le tracé de l'ancienne Via Giulia marque définitivement le déplacement du centre économique de la ville, pour la première fois loin du port. La période fasciste marque une nouvelle étape dans l'évolution du quartier avec les grands ensembles architecturaux de la place de la Victoire et la construction des gratte-ciel de la place Dante. Une grande partie du quartier est détruite pendant la Deuxième Guerre Mondiale et fait l'objet d'un nouveau réaménagement, moins heureux, dans les années 1960. Du côté de Carignano, on trouve de jolies villas et immeubles cossus où se retrouve la nouvelle bourgeoisie génoise.

Art et culture hors des sentiers battus. Le quartier abrite quelques trésors souvent oubliés. On y trouve notamment de belles églises d'importance, comme la plus belle église romane de Gênes ou encore l'emblématique basilique Santa Maria Assunta dont la coupole est visible de tous les panoramas génois. Parmi les musées, le musée d'Art contemporain de la Villa Croce est très peu visité en dépit de sa magnifique collection d'art abstrait. Un peu à l'écart, le cimetière de Staglieno est un musée à ciel ouvert et un site important du patrimoine génois. Côté spectacle vivant, la Piazza Ferrari abrite dès sa construction l'Opéra de Gênes, le théâtre Carlo Felice alors que le théâtre Stabile est un centre de culture alternative.

Temple du shopping. Mais le quartier est surtout réputé pour ses boutiques. La Via XX Settembre est aujourd'hui le point de référence pour le shopping. S'y trouvent toutes les grandes chaînes de distribution ainsi que le célèbre Mercato Orientale, les Halles de Gênes. Ouvertes à la circulation et souvent embouteillées, ces rues sont très animées en journée, mais très calmes le soir. La Via Roma abrite les marques de luxe et la Galleria Mazzini est le lieu des antiquaires.

Riviere

Le Ponant et le Levant de Gênes, le Riviere, comme les appellent les Génois, sont le prolongement géographique de la ville : vers la côte orientale pour le Levante et vers l'ouest pour le Ponente. Le tissu urbain est si continu, qu’il est presque impossible d’identifier une césure, du moins en bordure de côte, entre le centre-ville et les faubourgs.

Origines. C’est en 1926 qu’une vingtaine de communes autonomes furent rattachées à la ville de Gênes. Cette décision, liée à la volonté fasciste de rationaliser l'urbanisme et l'administration, marquait la naissance de la Grande Genova. Aujourd’hui, bien que le sentiment d’appartenance à son quartier soit très fort, ces faubourgs sont parfaitement intégrés. Bien que proches géographiquement, le Ponant et le Levant sont très différents l’un de l’autre, d’un point de vue historique, économique et culturel.

Le Ponant. Avec ses villages de pêcheurs caractéristiques et ses paysages verdoyants, le Ponant a longtemps été très apprécié par la noblesse génoise qui s’y faisait construire de somptueuses villas. Avec la révolution industrielle, ces bourgs se sont transformés en quartiers de travailleurs pour les chantiers navals et l’industrie sidérurgique. Entre le XIXe et le XXe siècle, des aires entières ont été sacrifiées à la logique du profit, transformant ces quartiers privilégiés en zones urbaines, densément peuplées et populaires. Depuis la crise qui a frappé l'industrie génoise dans les années 1980, ces communes ont été largement paupérisées. Aujourd'hui, elles sont confrontées à un délicat processus de reconversion.

Le Ponant conserve des sites touristiques inattendus et de grand intérêt, comme les villas de Pegli et de Voltri. Une promenade en bateau jusqu'au joli front de mer de Pegli est aussi une sortie en mer agréable.

Le Levant. Moins tourmenté, le Levant a vécu sans grands traumatismes la transition qui l'a vu passer d'une enfilade de villages de pêcheurs à un quartier résidentiel de la grande bourgeoisie génoise. Ce passage lent et progressif débuta par la construction de villas au XVIe siècle. Aujourd'hui, dès que le printemps arrive, les Génois se rendent sur les plages et bars de mer qui sillonnent la côte. Passé Foce et ses parcs d'attraction, le Corso Italia est une promenade très appréciée qui mène jusqu'au village et à la petite baie de Boccadasse, pittoresque village de pêcheurs. Plus loin vers l'est, les plages de Sturla, Quarto et Quinto sont très visitées à la belle saison. Enfin, Nervi avec ses parcs, ses musées, ses villas et son front de mer a vu croître son attractivité. Encore un peu plus vers l'est, la jeunesse cool et les surfeurs se retrouvent à Bogliasco tandis que les familles préfèrent Sori. On peut pousser ainsi jusqu'à Camogli, qui s'étend au pied du promontoire de Portofino.

Farniente et aperitivo. Le Riviere sont surtout appréciées des Génois à la belle saison. Quand le centre-ville devient trop étouffant, ils s'échappent sur la côte à chaque occasion qui se présente. On y respire mieux, on s'y baigne, on prend le frais et surtout on sacrifie au rituel de l'aperitivo. C'est un must absolu de boire un verre au soleil couchant sur l'une ou l'autre des Riviere, même s'il faut reconnaître que c'est surtout côté Levante que les Génois se rendent. Les bars et bistrots de plage se remplissent alors pour une soirée sur la mer.