Des résidences historiques
Les résidences royales répondent aux canons de l’architecture monumentale des XVIIe et XVIIIe siècles, et elles sont entourées de parcs et de jardins superbes. La Maison de Savoie a fait appel aux plus grands architectes pour les résidences, et aux plus grands jardiniers pour les jardins, comme le Français André Le Nôtre, l’inoubliable créateur des jardins de Versailles, qui vient travailler pour les Savoie dans la seconde moitié du XVIIe siècle, ou encore Xavier Kurten, un architecte paysagiste allemand formé à Paris, qui introduit le style romantique dans le Piémont au début du XIXe siècle.
Tout commence en 1563, quand le duc de Savoie Emmanuel-Philibert déménage le siège de sa cour de Chambéry à Turin et lance de grands projets de construction pour doter la ville et sa région de monuments à la hauteur de son nouveau statut de centre de pouvoir. Les ducs de Savoie deviennent rois de Sicile et de Sardaigne au début du XVIIIe siècle : la capitale de ce royaume est Turin. Au moment de la réunification italienne, Turin devient la première capitale du royaume d’Italie, de 1861 à 1865, et les descendants des ducs de Savoie seront rois d’Italie jusqu’à la proclamation de la République italienne après la Seconde Guerre mondiale.
Aujourd’hui, ces résidences sont pour la plupart devenues des musées, parfois aussi des lieux d’enseignement supérieur. Si vous optez pour un parcours de quelques jours pour visiter ces résidences, que vous vous déplaciez à pied à Turin, en transports en commun ou à vélo alentour, n’oubliez pas d’acheter un pass (la Torino+Piemonte Card ou la Royal Card par exemple) et de réserver vos visites.
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Sur la Piazza Castello, véritable cœur de Turin, les sites royaux qui regroupaient l’essentiel de la vie de la cour à Turin sont rassemblés sous l’appellation Musei Reali. Le Palais Royal, autour duquel tout s’organise, est le premier d’entre eux. Il a été la résidence officielle des Savoie pendant trois-cents ans et sa décoration intérieure est incroyablement riche, particulièrement les plafonds, de vrais chefs-d’œuvre ! Le palais jouxte la Chapelle du Saint-Suaire, majestueux écrin conçu pour le « trésor ». La chapelle a subi un incendie il y a vingt-cinq ans, mais elle a été depuis restaurée, avec des mesures renforcées de protection, et a retrouvé sa splendeur d’origine.
L’Armurerie Royale est tout aussi impressionnante avec les nombreuses armures rutilantes des rois et celles de leurs chevaux entre lesquelles on déambule. La Bibliothèque Royale contient un autre trésor : l’Autoportrait à la sanguine présumé de Léonard de Vinci. Le fonds Leonardo est riche : il comporte treize dessins du grand maître et le Codex sur le vol des oiseaux. Le Palazzo Chiablese, ensuite, relié au Palazzo Reale, a hébergé de nombreux membres de la famille royale et c’est là que Marguerite de Savoie, future première reine d’Italie, est née en 1851. La Galleria Sabauda, en suivant, est une immense pinacothèque d’une richesse sans égale dans la région. Fra Angelico y côtoie Véronèse, Le Tintoret, Rubens, Rembrandt…
Le Musée Archéologique, enfin, est aménagé dans la Manica Nuova du Palais Royal et dans l'hypogée des jardins Bassi, et permet de découvrir les origines de Turin et du Piémont. Derrière le Palazzo Reale, les Jardins Royaux occupent une immense zone de 10 hectares, sur les fortifications antiques. Ils ont été conçus par André Le Nôtre. Riches de statues, de parterres et de fontaines, vous pouvez y aller librement à tout moment de la journée, avant et après les visites, pour faire une pause…
Des palais à ne pas manquer
Le Palazzo Madama, au centre de la Piazza Castello, est un palais unique au monde, une interpénétration parfaite de deux mille ans d'histoire : de la porte romaine au château médiéval, du chef-d'œuvre du baroque européen au siège du Sénat où fut proclamée la naissance du Royaume d’Italie. « Madama », c'est « Madame Royale », c'est-à-dire Christine de France, fille d'Henri IV et de Marie de Médicis, qui fut pendant dix ans la régente du duché de Turin et qui choisit ce palais comme résidence principale. Depuis 1934, il accueille le Musée Municipal d'Art Antique, qui abrite aujourd'hui plus de 70 000 œuvres de peinture, de sculpture et d'arts décoratifs, de la période byzantine au XIXe siècle.
Avec sa belle façade baroque en briques rouges donnant sur le Pô, le Castello del Valentino est le siège de la faculté d’architecture. Son toit en ardoise fut commandé par Christine de France en souvenir des palais franciliens de son enfance. La façade tournée vers la ville reprend aussi le langage des châteaux français. Le parc, dessiné au XIXe siècle, est l’un des parcs urbains les plus étendus d’Europe (plus de 500 000 m²). On y trouve le borgo medievale, construit en 1884 pour l’exposition universelle, des guinguettes au bord de l’eau l’été, et un beau jardin botanique.
A l’écart de l’agitation urbaine, de l’autre côté du Pô, la Villa della Regina a été construite sur une colline surplombant Turin. Cette élégante résidence, bâtie sur le modèle d’une villa romaine, est entourée de vignes en terrasse, parmi les plus anciennes vignes urbaines d’Europe en activité. Le lieu est magnifique, offrant un panorama grandiose sur Turin avec les Alpes dans le fond.
Venaria Reale, ville royale
A dix kilomètres au nord-ouest de Turin, la ville de Venaria Reale a été créée pour accueillir la cour. Les travaux débutent dans la seconde moitié du XVIIe siècle : Charles-Emmanuel II demande à l’architecte Amedeo di Castellamonte de concevoir non seulement la résidence royale, la Reggia di Venaria, mais également un bourg autour du palais avec de belles demeures pour les grandes familles piémontaises, au départ une écurie réservée à l’élevage de chevaux entourée d’un vaste parc de 3 000 hectares.
Au XVIIIe siècle, Juvarra continue les travaux d’agrandissement de la Reggia di Venaria. La comparaison avec Versailles vient tout de suite à l’esprit : la démonstration d’un pouvoir absolu, la Grande Galerie qui rappelle la Galerie des Glaces, les immenses et superbes jardins… C’est l’une des plus vastes et des plus spectaculaires résidences royales d’Europe et l’un des sites culturels les plus visités d’Italie.
Les environs de Turin
Le château de Moncalieri est l’une des plus anciennes résidences royales de la famille de Savoie, et l’une de ses préférées. Le château, entouré d’un vaste parc, va devenir au fil des aménagements une vraie splendeur. A plusieurs reprises les soubresauts de l’histoire ont endommagé cet édifice, dont dernièrement un incendie en 2008, mais il a toujours été rénové et choyé. La visite des appartements permet d’effectuer un vrai voyage dans le temps.
Le Pavillon de chasse de Stupinigi est l’un des plus beaux châteaux de la région de Turin, enrichi d’un ensemble de parcs et de jardins. Ce palais rococo fut construit selon les plans de Filippo Juvarra en 1729. Son rôle de pavillon de chasse est rappelé par la statue d’un cerf qui trône sur le toit. Ce complexe, d’une originalité et d’une prouesse architecturales uniques, est depuis 1919 le siège du Musée d’Art et d’Ameublement. Des visites passionnantes concernant divers aspects de la vie de la cour sont organisées régulièrement et il est possible de réserver une visite en français en s’y prenant à l’avance. L’immense parc qui l’entoure a été classé réserve naturelle en 1991 : il sert d’abri à des sangliers, des écureuils et des faisans.
En s’éloignant un peu de Turin, on découvre de magnifiques châteaux devenus résidences royales dans les paysages enchanteurs du Piémont.
L’environnement du château d’Agliè, à une trentaine de kilomètres au nord de Turin, est splendide avec les Alpes qui trônent dans le fond et un parc féerique de 32 hectares, avec ses grands arbres, ses serres, ses fontaines, son lac romantique… Le château, ancienne forteresse du XIIe siècle, est acquis par la Maison de Savoie en 1763 : il est alors très largement aménagé, embelli, dans un style raffiné. Plus de trois-cents pièces sont décorées de marbre, de dorures, de fresques… Et la salle de bal est grandiose !
Au sud de Turin (comptez une quarantaine de kilomètres), le château de Racconigi a été totalement transformé au XVIIe siècle. André Le Nôtre dessine le jardin en 1670, et l’architecte Guarino Guarini refait la façade vers le parc et le pavillon central, mais d’autres architectes (Giovanni Battista Borra, Pelagio Palagi…) et jardiniers (toujours Xavier Kurten qui redessine les extérieurs selon les canons romantiques du début du XIXe siècle) se succéderont pour faire de ce palais et de ce qui l’entoure un domaine extraordinaire. L’intérieur est d’une richesse inouïe, avec ses éléments baroques et néoclassiques, ses salons d’apparat, ses gigantesques cuisines, son réputé cabinet étrusque…
A une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Turin, le château de Govone est une vraie curiosité. Acquis par le roi Charles-Félix en 1792 qui décide d’en faire sa résidence d’été, il possède des décors intérieurs d’une vraie splendeur avec notamment les quatre salles « chinoises », serties de peintures murales rares et délicates, mais aussi dans tout le château des fresques grandioses et des trompe-l’œil éblouissants. Mais c’est peut-être son jardin à l’italienne qui est le plus fascinant avec ses rosiers précieux.
Près de Bra, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Turin, le château de Pollenzo, ancienne résidence royale, est une propriété privée et ne se visite pas. La Tenuta, autrement dit le domaine, a été voulue et conçue par Charles-Albert de Savoie en 1833 afin de créer une exploitation agricole moderne avec des vignes pour une expertise œnologique inédite à l’époque. L’ensemble du complexe a été rénové au début des années 2000 par l’association Slow Food afin de fonder l’Université de Sciences Gastronomiques, la première du monde dans ce secteur. Les bâtiments abritent également la Banque du Vin, un paradis pour les amateurs !
Site officiel : https://residenzerealisabaude.com/
