Les trois routes de la province de Verbano-Cusio-Ossola
La Strada Cascata del Toce - Riale - Passo San Giacomo. Si les Alpes sont votre terrain de prédilection ou si vous avez toujours rêvé de respirer l’air pur des sommets autrement que sur des skis, la province de Verbano-Cusio-Ossola, le long de la frontière suisse, offre trois routes historiques de toute beauté à parcourir dont la Strada Cascata del Toce - Riale - Passo San Giacomo. Longue de pratiquement 11 km, cette route créée en 1929 lors de la construction des barrages des lacs de Castel et deToggia est en elle-même un ouvrage splendide. Il est probable que vous ferez de nombreuses pauses pour prendre des photos !
Malgré ses 625 mètres de dénivelé positif, elle n’est pas d’une grande difficulté, et convient parfaitement à un périple en famille à vélo (comptez deux heures) ou à pied (trois heures et demie environ). Au départ, à 1 682 mètres d’altitude, vous pourrez admirer notamment la cascade de Toce, la plus haute d’Europe (143 m). Elle est souvent considérée comme la plus belle cascade des Alpes. À son sommet, un point d’observation permet de profiter d’un panorama d’exception. L’été est la saison idéale pour admirer son débit impressionnant, car les eaux, utilisées à des fins hydroélectriques, sont « relâchées » tous les week-ends de juin à septembre.
Après avoir contemplé ce spectacle grandiose et vivifiant, vous pouvez à présent parcourir le chemin qui vous conduit à la frontière suisse. Respirez à pleins poumons et profitez de ce cadre ressourçant et majestueux ! L’itinéraire grimpe jusqu’à 2 307 mètres d’altitude, point de votre arrivée au Passo San Giacomo.
Profitez également de votre randonnée pour découvrir la culture walser à la Casa Forte du hameau de Ponte, dans la commune de Formazza.
Les Walser sont une population originaire de Suisse (plus exactement du Valais) qui s’est installée dans les zones les plus reculées et les plus hautes des Alpes au Moyen Âge. En échange de leur travail de domestication, de culture et d’occupation de ces territoires relativement ingrats, ils obtinrent de la part des seigneurs locaux d’importants droits, et surtout leur liberté. L’architecture walser se caractérise par l’utilisation d’une technique spéciale appelée blockbau, où l’on emboîte des poutres de bois sans avoir besoin d’un autre matériau pour les joindre. Cela donne des maisons tout à fait particulières, qui résistent de manière incroyable aux ravages du temps. La Casa Forte di Formazza, ouverte tout l’été et installée dans un bâtiment du XVIe siècle, expose ainsi toutes les particularités de cette communauté walser.
La Strada Colle del Mud. Si ce pan de la culture alpine vous a passionné, la province de Vercelli propose plusieurs routes spécifiques aux Walser, à parcourir à pied, avec notamment la visite de villages typiques qui jouxtent le Val d’Aoste, qui abrite lui aussi de nombreux centres walser. La Strada Colle del Mud, par exemple, permet de découvrir Alagna Valsesia et Rima, deux villages tout à fait charmants et riches d’enseignement sur les Walser.
La Strada Valle d’Otro est, elle, jalonnée de chapelles et de sanctuaires votifs, et permet d’admirer six anciens villages walser dans un cadre à la fois ample et pittoresque. Et la Strada Colle del Turlo offre des vues inoubliables sur la vallée et les glaciers du mont Rose. Difficile de faire un choix tant ces routes permettent toutes une découverte passionnante des montagnes, de leurs habitants, de leur histoire. Et pour un ravissement total, le petit bourg de Rassa, typique de l’architecture walser, est certainement le plus photogénique avec son joli pont ! Un vrai décor de cinéma !
Tracciolino et Panoramica Zegna (vélo, voiture, moto)
Pour traverser le spectaculaire balcon des montagnes di Biella, ne manquez pas l’itinéraire historique de 63 km comprenant le Tracciolino et le Panoramica Zegna. Cette route riche de merveilleux paysages et de vues panoramiques, entre nature, culture et traditions, est idéale pour la pratique du vélo.
La plus grande partie de l’itinéraire peut aussi être effectuée en voiture. Le long de la route, parmi les points d’intérêt à ne pas manquer, citons entre autres : le Santuario di Graglia, le village de Bagneri et le monastère trappiste de Sordevolo, le sanctuaire de Sacro Monte di Oropa (inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO), la Galleria di Rosazza dans la commune du même nom (considérée comme l’un des plus beaux villages d’Italie), le sanctuaire de San Giovanni d’Andorno, l’éco-musée du Biellese, dont fait partie la zone naturelle de l’Oasi Zegna, la station de ski de Bielmonte, et enfin le sanctuaire de Nostra Signora della Brughiera.
Une autre route historique tout aussi passionnante dans ce qu’elle raconte, en plus des paysages merveilleux qu’elle permet de contempler lors d’une belle randonnée, se trouve dans la province de Biella. Le sentier Rosazza - Colle della Gragliasca, d’une longueur d’un peu plus de 7 km, était à l’origine utilisé par les femmes de la région, surnommées les siunere car elles coupaient à la faucille l’herbe (siun) des pentes abruptes des montagnes et en entassaient de grandes quantités dans d’énormes hottes afin de la transporter et de la stocker pour en faire du foin pour le bétail.
Ce travail harassant n’était pas leur seule activité, elles transportaient aussi à l’occasion des lauzes et du bois, et entretenaient les sentiers. Le chemin fut transformé à la fin du XIXe siècle en chemin muletier. Il relie ainsi la haute-vallée du Cervo dans le Piémont à la vallée de Gressoney dans le Val d’Aoste.
Sur le chemin, en plus de rendre hommage à ces femmes courageuses, essentielles à l’économie locale, on peut admirer des gravures rupestres dans des abris creusés dans la roche. Le départ de la randonnée permet de visiter Rosazza, un des Plus Beaux Villages d’Italie, à l’atmosphère légèrement ésotérique. En effet, l’enfant du pays, Federico Rosazza, était franc-maçon et a couvert les bâtiments de symboles mystérieux… À vous de les découvrir !
Rosazza est une petite commune vraiment charmante où vous trouverez qui plus est tout le nécessaire pour partir en randonnée (grand parking, fontaines à eau, café…). Le parcours, en dépit d’un fort dénivelé (environ 1 300 m !), n’est pas très difficile. Comptez quand même quatre bonnes heures pour en profiter pleinement, et à petit rythme. L’arrivée au Colle della Gragliasca, à 2 205 mètres d’altitude, vous récompensera de vos efforts : le panorama y est époustouflant !
La province de Turin est celle qui comporte le plus de routes retenues dans la loi régionale de 2021, près de la moitié ! N’hésitez pas à vous procurer les topo-guides et les cartes pour faire votre choix, qui est assez cornélien tant l’offre est riche et diversifiée.
Voici deux très belles excursions, près de la frontière française, d’une difficulté assez soutenue, à faire à vélo pour les bons mollets, ou à moto pour les bikers purs et durs.
La Strada dell’Assietta, praticable du 1er juin au 31 octobre, est en effet ouverte à la circulation motorisée. Nous conseillons aux cyclistes de programmer leur périple à vélo les mercredis et les samedis de juillet et août, car ces jours-là la route est interdite aux véhicules à moteur. Longue de plus de 30 km, cette route est parfaite pour les cyclistes expérimentés car elle est difficile et offre un beau challenge, et en plus elle est totalement mythique : c’est en effet la route militaire la plus célèbre des Alpes et la plus haute d’Europe, culminant à près de 2 550 m à la Testa dell’Assietta. Vous serpenterez tout le long au-dessus de 2 000 m, un rêve pour beaucoup ! De fait, vous aurez très certainement de la compagnie tout au long du parcours ! Elle fut le cadre de la bataille du 19 juillet 1747 gagnée par les troupes savoyardes, en infériorité numérique, contre les Français qui voulaient conquérir le Piémont. Chaque année, cette victoire est commémorée avec une reconstitution costumée. Le long du parcours, de nombreuses forteresses ponctuent les paysages d’altitude.
Encore plus haut vers le ciel, la Strada Bardonecchia - Colle del Sommeiller est la route carrossable la plus haute d’Europe. D’une longueur de 30 km, elle est entièrement cyclable, même si sur certaines parties le revêtement est un peu abîmé. Le départ se situe à 1 263 mètres d’altitude et s’élève durant 1 700 mètres environ, jusqu’à enfin, au bout de la course, tutoyer les 3 000 mètres à la frontière entre l’Italie et la France ! Autant dire que cet itinéraire ne s’adresse qu’à des sportifs particulièrement bien entraînés avec un matériel au top niveau ! Et attention aux conditions météo, particulièrement changeantes en haute montagne : il n’y a aucun abri dans la dernière partie du parcours ! Au passage, vous pourrez admirer le fort de Bramafam, une construction de la fin du XIXe siècle tout à fait spectaculaire. Notez enfin que le deuxième dimanche de juillet, un rallye de moto international est organisé sur ce parcours, donc la route n’est pas accessible aux particuliers non-inscrits au rallye. Le jeudi, jour de fermeture du trafic motorisé, est particulièrement conseillé pour les courageux cyclistes qui souhaitent s’attaquer à ce monument !
La province de Cuneo n’est pas en reste avec une vingtaine de routes historiques et notamment la splendide Alta Via del Sale. Elle se parcourt à pied, à vélo, à moto (notez bien que les véhicules à moteur sont soumis à un péage ici), suivant vos envies et les tronçons choisis dans cette longue route qui reliait les forts du système de défense alpin entre le XVIIIe siècle et la Seconde Guerre mondiale. Attention, le parcours est exigeant et nécessite une bonne préparation physique. Il serpente à haute altitude, entre 1 800 et 2 100 mètres, le long de la frontière italo-française. De juin à octobre, avec là aussi des jours réservés aux sportifs non motorisés, vous pourrez donc découvrir cette « haute route du sel » en plusieurs fois, et y revenir encore et encore. Par exemple le parcours Limone - Monesi est un itinéraire extraordinaire : le tracé entièrement en terre fait 39 km de long et traverse des zones protégées à la riche faune et à la fascinante flore comme le sublime et dense Bosco delle Navette qui occupe plus de mille hectares et sert de refuge, entre autres, à de charmants tétras-lyres. C’est l’une des plus belles forêts de mélèzes des Alpes. Son nom vient justement du fait que ses arbres ont longtemps été utilisés pour construire des bateaux. Eh oui, la Ligurie et l’impétueuse Gênes ne sont pas loin. Ce territoire préservé – et à préserver, n’oubliez pas de bien respecter l’environnement lors de vos randonnées ! – fait aujourd’hui partie du Parc naturel du Marguarais.
La Ciclovia del Duca est une autre route qui profite du cadre exceptionnel de ce Parc naturel du Marguareis. Cet itinéraire, qui rejoint l’Alta Via del Sale, permet notamment de randonner entre la chartreuse du Val di Pesio (ne manquez pas d’admirer de loin ses vastes bâtiments : la chartreuse est encore occupée de nos jours) et le Colle della Boaria, et peut être parcouru à pied, à vélo ou encore… à cheval ! Comme pour les autres routes de la province de Cuneo, il s’agit d’une ancienne voie militaire et vous croiserez dans votre périple des ouvrages tels que des bunkers et des fortifications. La route dans son entier fait plus de 60 km, mais elle est évidemment « tronçonnable » ! Le long de la Vallée du Pesio, royaume des vertes prairies et des châtaigniers, il y a de nombreuses structures d’hébergement et de restauration, et des services de location de vélos. Plusieurs opérateurs cyclotouristes offrent des services d’accompagnement et de guide, c’est toujours utile si vous avez envie de vous laisser totalement aller sans vous soucier du chemin à prendre ! Et cela vous laissera tout le loisir de contempler tous les paysages et écosystèmes de cette zone des Alpes du Sud : pâturages, forêts de sapins, de conifères divers et variés, rochers karstiques, cascades, mais aussi fermes et chalets d’estive… Vous pourrez emmagasiner des centaines d’images de rêve.
Toujours dans la province de Cuneo, l’Altopiano della Gardetta propose un parcours de 27 km sur une piste totalement en terre ; elle est comme la précédente fermée à la circulation motorisée. Ce haut plateau est le cadre idéal pour une randonnée à pied ou à vélo dans un cadre majestueux, à la valeur patrimoniale indéniable : ici ont été découverts de nombreux fossiles et des traces d’animaux préhistoriques. Autrefois route militaire, utilisée abondamment lors des fameux affrontements entre Piémontais et Français au XVIIIe siècle, elle fait aujourd’hui le bonheur des sportifs à la recherche d’air pur et de déconnexion totale. Un reste de cet usage militaire se retrouve d’ailleurs dans le refuge, qui est l’ancienne caserne du XIXe siècle habilement reconvertie. En dépit de sa longueur si l’on est à pied (réservez la totalité de votre journée !), cette route historique n’est pas très difficile, et vous permet de naviguer joyeusement entre 2 300 et 2 450 mètres d’altitude. Pour les amateurs de VTT, de cyclo-cross et de gravel, c’est vraiment la route idéale ! Le clou du spectacle est certainement la vue splendide que l’on a sur la légendaire Rocca la Meja à la silhouette majestueuse, que l’on croirait sortie d’un film d’aventure !
En bref, le haut plateau de la Gardetta, en tant que point de jonction entre différentes vallées et donc chemins aujourd’hui cyclables, est un peu le paradis des cyclistes ! Au niveau pratique, vous avez sur place des parkings, des points de restauration, des structures d’hébergement. L’été et lors de certains week-ends, il y a même un service de navette reliant la Grange Salvest au plateau de la Gardetta.
Enfin, la province d’Alessandria propose aussi ses routes historiques ! Ici, nous quittons les Alpes pour parcourir les Apennins piémontais. Le Cammino Piemonte Sud permet de découvrir, à pied ou à vélo, différents sentiers reliant des espaces – parcs naturels, réserve naturelle – protégés et des sites Natura 2000. Il comprend des routes du sel, des chemins de la Résistance, des chemins de pèlerinage, des chemins muletiers, des sentiers de nature, des sentiers agro-forestiers-pastoraux dans des milieux riches en faune et en flore, avec une vingtaine d’étapes de randonnées touristiques pour un total de 240 km. L’étape 11 par exemple, longue d’un peu plus de 11 km (comptez entre quatre et cinq heures de marche), qui arrive à Capanne di Marcarolo, permet de découvrir de charmantes petites chapelles et églises comme à Capanne justement, où vous ne manquerez pas de visiter l’église paroissiale Santa Croce du XVIIe siècle et d’admirer à l’intérieur la statue de Sant’Isidoro, le saint patron des fermiers. Sur votre route vous croiserez aussi des châtaigniers centenaires, témoins de cette culture de subsistance entre les XVe et XIXe siècles et de nombreux refuges, et vous pourrez faire une pause à la zone équipée de la Baita del Rio Gorzente, qui comporte un bar servant des bières artisanales, un restaurant mettant en avant les produits locaux et un camping. L’étape 12 permet de relier Capanne di Marcarolo à Belforte Monferrato en 22 km. Elle peut être réduite en s’arrêtant aux villages de Casaleggio Boiro ou de Lerma. N’oubliez pas de faire une bonne provision d’eau potable au départ, car il n’y a pas de possibilités d’approvisionnement en cours de route. Lors de votre périple, vous passerez aussi près d’anciennes zones d’extraction de métaux, d’or et de fer principalement. Sachez que les mines sont visitables, sur réservation préalable. Si vous choisissez de vous arrêter au village de Lerma, ne manquez pas de visiter l’église San Giovanni Battista, et si vous continuez votre chemin vers Belforte Monferrato, vous traverserez une splendide forêt mixte de chênes, de hêtres et de châtaigniers.
Mais tous ces itinéraires superbes, qui permettent à la fois d’élever son esprit et de renforcer son corps, tout en créant des souvenirs inoubliables en solo ou accompagné de vos proches, ne sont que quelques-unes des innombrables routes historiques piémontaises enfin ouvertes au tourisme ! Alors, préparez votre équipement, calez une date dans votre agenda, mobilisez votre famille et vos amis afin de vivre des instants forts et uniques dans le Piémont !
Rappel de sécurité
La montagne, environnement fascinant et majestueux, constitue un monde à part, assez changeant, et donc potentiellement à risque. Il convient toujours de bien se renseigner sur les conditions météorologiques avant d’entamer votre périple, prendre suffisamment d’eau et posséder un équipement adéquat (un chapeau et de bonnes chaussures de randonnée notamment). L’office de tourisme du Piémont et les différents offices locaux peuvent aussi vous donner le contact de guides de montagne, et vous dispenser de précieux conseils pour que vous puissiez profiter au mieux de la montagne, en toute sécurité !
