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Célèbre dans le monde entier pour son industrie florissante au XXe siècle, dont la firme automobile Fiat reste le fleuron, et pour son club de football mythique, la Juventus, Turin a pourtant une histoire bien plus ancienne et complexe. Traversée par le Pô, sa position, au sud de la chaîne des Alpes, en a fait une zone stratégique convoitée par toutes les puissances européennes au cours des siècles. D’une richesse architecturale incroyable, animée par une vie culturelle, intellectuelle et artistique intense, peuplée de terres agricoles généreuses et de vignobles renommés, donnant des trésors comme le Barolo, le « roi des vins », la région du Piémont, la deuxième plus vaste d’Italie, a de plus été fondamentale dans la construction de l’unité italienne, et l’on oublie trop souvent que Turin a été la première capitale de la Botte ! Voici quelques faits marquants de son histoire riche et mouvementée.

Préhistoire

Le territoire piémontais est habité depuis le Paléolithique, mais ce n’est qu’à partir du Néolithique que sa population s'est développée et de nombreux vestiges de l’âge du bronze et de l’âge du fer y ont été retrouvés. La zone fut ensuite habitée par les Ligures, un peuple alpin qui occupait les actuelles régions du Piémont et de la Ligurie en Italie et de la Provence en France, et par diverses populations celtes qui vivaient essentiellement de l’agriculture et de l’élevage au pied des montagnes et de la pêche le long des nombreux cours d’eau.

VIe-IIIe siècles av. J.-C

Taurasia, l’actuelle Turin, fut fondée par une population celte, les Taurins, fidèle au culte du taureau et alliée de Rome. En 218 av. J.-C., les Taurins résistèrent courageusement pendant trois jours aux attaques puissantes d’Hannibal accompagné de ses célèbres éléphants, avant de céder.

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Ier siècle av. J.-C

Deux siècles plus tard, en souvenir de cette résistance héroïque, le premier empereur romain, Auguste, baptise la nouvelle ville romaine bâtie sur les ruines de l’ancienne cité Augusta Taurinorum. Le taureau doré apparaît sur son blason. Auguste y rassemble alors des troupes afin de surveiller les frontières de l’Italie du Nord et choisit la structure d’un castrum romain (un camp fortifié) dont la ville conservera longtemps le plan carré caractéristique.

Les Romains fondent également certaines des plus importantes villes piémontaises : Asti, Alba, Acqui Terme, Novara ou Vercelli. De petite dimension, elles sont au départ également des campements militaires. Le territoire piémontais étant déjà traversé par d’importantes voies commerciales, les nouvelles routes construites par les Romains ont une fonction essentiellement administrative et militaire.

Ve-IXe siècles

Après la chute de l’Empire romain, en 476, le territoire piémontais et Turin sont conquis par plusieurs populations barbares, en raison de la position frontalière stratégique de la zone : en 492 par les Burgondes et en 586 par les Lombards qui fondent le duché de Turin. En 773, les Francs deviennent à leur tour les maîtres de la région après la victoire de Charlemagne sur les Lombards. Ils y introduisent leurs structures administratives : la région devient une partie de l’Empire carolingien.

Xe siècle

La fin de la dynastie carolingienne provoque une restructuration des territoires. Vers les plaines orientales de Novara et Vercelli, les évêques rassemblent autour d’eux l’aristocratie rurale et une puissante bourgeoisie marchande, permettant ainsi la naissance des communes. Ces vigoureuses structures étatiques disposent d’une magistrature propre et d’une autonomie complète. En revanche, dans la région du Monferrato et des Langhe, les marquisats du Monferrato et de Saluzzo s’appuient sur un système féodal fondé sur la richesse agricole. Enfin, les marquis d’Ivrea règnent sur la marche de Turin et la marche de Susa.

1046

Le mariage d’Adélaïde de Suse, seule héritière de la marche de Turin, avec Oddon de Savoie signe le début de la montée en puissance de la Maison de Savoie : cette dynastie régnera en effet sur le Piémont, avec quelques interruptions, pendant près de neuf siècles. Ses terres se trouvent sur le passage de la Via Francigena, une immense route de pèlerinage qui commence à Canterbury, dans le Kent, et qui traverse toute la France pour aller jusqu’à Rome. Aux XIIe et XIIIe siècles, des hospices et de riches abbayes s’élèvent autour de cette importante voie de communication. Les territoires marécageux sont asséchés et cultivés, la région prospère et la population augmente. La Maison de Savoie, souvent malmenée par ses opposants, revient au pouvoir en 1280, et ne l’abandonnera pratiquement plus, consolidant son État, œuvrant pour l’unification du Piémont, et plus tard pour celle de l’Italie tout entière.

1418

L’extinction de la branche des Acaja permet à Amédée VIII de réunir la Savoie et l’ensemble du Piémont. Turin commence à se développer, notamment grâce à la création de son université.

1536-1559

Pendant les guerres d’Italie opposant le royaume de France aux Habsbourg, François Ier occupe Turin et incorpore son territoire à la France jusqu’en 1557, date à laquelle Emmanuel-Philibert de Savoie, allié de l’Espagne, parvient à battre les Français à Saint-Quentin. En 1559, les traités du Cateau-Cambrésis lui restituent le duché de Savoie. Personnage politique vigoureux, Emmanuel-Philibert, et plus tard son fils Charles-Emmanuel, réorganise l’Etat par d’importantes réformes structurelles qui marquent la fin de la féodalité.

1562

La capitale des États de Savoie est déplacée de Chambéry à Turin, et le Saint-Suaire y arrive en 1578. La cour s’y installe définitivement. Turin est pourtant à cette époque une ville encore modeste. L’idée des Savoie est de se tourner vers l’Italie et de ne plus lutter contre le pouvoir français qui est en train de constituer une monarchie puissante. Emmanuel-Philibert de Savoie lance de grands travaux afin de faire de Turin une cité grandiose. La population de la ville augmente rapidement. Emmanuel-Philibert fait construire le Mastio della Cittadella (1564-1566), chef-d’œuvre de l’architecture militaire. Son fils Charles-Emmanuel, marié à l’infante d’Espagne Catherine de Habsbourg, mène une véritable politique de grandeur en appelant à sa cour l’un des plus importants architectes de l’époque, Ascanio Vittozzi, qu’il charge d’aménager les actuelles piazza Castello, via Garibaldi, via Roma et Porta Nuova, mais aussi de bâtir les églises du Corpus Domini et du Monte dei Cappuccini, réalisées en 1584.

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XVIIe siècle

Le Piémont est victime de graves famines et une épidémie de peste frappe Turin en 1629 et 1630, décimant une partie de sa population. Parallèlement, une fièvre bâtisseuse d’une incroyable intensité couvre le Piémont de palais, de forteresses, d’églises et de sanctuaires, et l’artisanat de luxe (soie, orfèvrerie, ébénisterie, marbrerie…) connaît un formidable essor. Commence alors la période dite « des régences », car le duché est gouverné par plusieurs dames étrangères, les madame reali, dont la célèbre Christine de France, sœur de Louis XIII, qui apporte à Turin de grandes améliorations architecturales. Les Français organisent un siège de la ville pendant cinq mois en 1640 afin de l’aider contre la malveillance de ses beaux-frères, soutenus par les Espagnols. A la mort de Christine, en 1663, le duché échoit à Charles-Emmanuel II, qui lance une nouvelle vague de projets pour l’amélioration de la ville, notamment son expansion vers le Pô, et engage l’un des architectes les plus réputés de l’époque, Guarino Guarini, réalisateur de la chapelle du Saint-Suaire.

1706

Son successeur, Victor-Amédée II, mène une politique ambiguë à l’égard de la France. Bien que marié à Anne d’Orléans, nièce de Louis XIV, il tente de conclure des alliances plus avantageuses dans le but de conquérir l’Italie. La réaction du Roi-Soleil ne se fait pas attendre et, en 1706, l’armée française, après avoir mis à feu et à sang le Piémont, se lance dans un long siège de la ville de Turin. Mais Victor-Amédée, unissant son armée aux cohortes autrichiennes de son cousin Eugène de Savoie-Carignan, bloque la progression des troupes françaises. Le geste héroïque d’un soldat turinois, Pietro Micca, qui se sacrifie en faisant sauter les galeries souterraines d’accès au Mastio della Cittadella, est encore dans toutes les mémoires. Les Français sont chassés d’Italie.

1713

Les traités d’Utrecht mettent fin à l’éprouvante guerre de succession d’Espagne, et Victor-Amédée II obtient la couronne royale de Sicile puis celle de Sardaigne, devenant ainsi le premier roi de la Maison de Savoie. Pendant près d’un siècle, le royaume connaît une relative stabilité politique et une croissance économique. Les fastes de la cour turinoise rivalisent avec la splendeur des grandes cours européennes et les plus grands architectes sont appelés à Turin. Pour donner du lustre au nouveau royaume, Victor-Amédée II recrute l’architecte sicilien Filippo Juvarra, qui laissera à Turin deux des chefs-d’œuvre les plus somptueux du baroque italien : la basilique de Superga et la Palazzina Stupinigi. Montesquieu qualifie alors Turin de « plus beau village du monde ».

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1796-1814

Pendant le Directoire, le général Bonaparte est chargé de combattre l’Empire autrichien des Habsbourg en Italie. Il s’illustre particulièrement dans ce qui est sa première campagne, en remportant victoire sur victoire. Ses troupes infligent de dures défaites à l’armée de Victor-Amédée III. En 1800 à Marengo, près d’Alessandria, Napoléon triomphe définitivement de la Maison de Savoie et le Piémont s’ajoute à ses conquêtes. Les Savoie se retirent en Sardaigne. Le Piémont devient, entre 1802 et 1814, le département français du Pô, avec Turin pour chef-lieu.

1815

Le congrès de Vienne marque la fin du règne de Napoléon. Le Piémont et la Sardaigne sont rendus à Victor-Emmanuel Ier. Le peuple turinois accueille son roi avec enthousiasme.

1820-1821

Toutefois, la politique obscurantiste du souverain conduit, en 1820, à des révoltes qui ouvriront le chemin au Risorgimento, c’est-à-dire l’unité italienne. Car à cette époque, en Italie, commence à se développer un sentiment de conscience nationale, très vite relayé par des mouvements qui s’exprimeront à travers l’action de sociétés secrètes, peuplées d’intellectuels, d’officiers, de magistrats, en bref de tous les représentants de l’élite italienne. En 1821, à Turin, de violents soulèvements se produisent, notamment étudiants. Les insurgés s’opposent à l’autorité du roi et à l’influence de l’Autriche, mais leur demande d’une constitution est durement réprimée. Le roi est finalement contraint d’abdiquer au profit de son frère Charles-Félix. Turin devient le centre des aspirations nationales. C’est la grande époque des cafés, où se réunissent des patriotes cherchant à s’affranchir de la domination autrichienne : on dit souvent que l’histoire de l’Italie s’est en partie écrite dans les cafés de Turin… Dans cette période de bouillonnement politique et intellectuel, on surnomme même Turin le « petit Paris ».

1848

L’idée d’une unité nationale chapeautée par le royaume de Piémont-Sardaigne fait son chemin, soutenue par des penseurs et chefs politiques comme Massimo d’Azeglio et Cesare Balbo. En 1848, à la suite de mouvements populaires, plusieurs princes de la péninsule sont obligés d’accorder des constitutions à leurs populations. Charles-Albert, devenu roi à la mort de Charles-Félix, doit à son tour accepter dans son royaume un régime constitutionnel : c’est le Statuto Albertino. La Maison de Savoie, seule aux prises avec les Autrichiens, subit de cuisantes défaites à Custoza et à Novara qui forcent Charles-Albert à signer un armistice. Ses nombreux errements lui vaudront le surnom de Re tentenna (« le roi qui hésite »).

1849

Charles-Albert est contraint de laisser le pouvoir à son fils Victor-Emmanuel II. Isolé face aux régimes absolutistes italiens soutenus par l’Autriche, le royaume de Piémont-Sardaigne est administré à partir de 1852 par Camillo Benso, comte de Cavour, dont l’habileté politique et diplomatique va permettre l’unité de la péninsule italienne.

1810-1861

Camillo Benso, comte de Cavour

Issu de la noblesse piémontaise, connu pour ses idées libérales et anticléricales, il fonde en 1847 le journal Risorgimento dans lequel il fait campagne pour que le royaume de Piémont-Sardaigne devienne une monarchie constitutionnelle. Député puis ministre, il est nommé président du Conseil du royaume en 1852. Pendant neuf ans, il modernise l’économie du pays et prépare l’unification de l’Italie pour le compte du roi Victor-Emmanuel II. Il obtient le soutien de Napoléon III, favorable au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et aux nationalités, contre l’Autriche : les victoires de 1859 (Magenta, Solférino…) lui permettent d’annexer la plus grande partie de l’Italie du Nord (notamment la Lombardie) alors occupée par l’Empire autrichien, même si en échange il est obligé de céder à la France Nice et la Savoie. En 1860, suite à l’expédition de Garibaldi dans le royaume de Naples, il fait envahir les États pontificaux et le sud du pays.

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1861

Le Royaume d’Italie est né : le 18 février 1861, le premier Parlement italien siège au Palazzo Carignano à Turin, et le 17 mars Victor-Emmanuel II devient le premier roi d’Italie. Le 6 juin 1861, Cavour meurt du paludisme, deux mois après avoir été nommé Premier ministre.

1862-1865

Première capitale de l’Italie, Turin connaît de nouvelles transformations architecturales avec la construction de la gare de Porta Nuova et de la Mole Antonelliana en 1862. Mais ce statut est de courte durée : en 1865, Florence est choisie afin de placer la capitale du nouveau royaume au centre du pays. Turin entre alors dans une véritable récession économique dont elle ne sortira qu’au début du XXe siècle avec l’explosion de l’industrie mécanique. Le rôle de capitale de l’Italie reviendra finalement à Rome en 1870, après sa reconquête.

La fin du XIXe siècle

Turin est pourtant loin d'être une ville inactive. En 1884, elle accueille une grande exposition internationale dont il reste aujourd’hui un témoignage dans le bourg médiéval du parc Valentino. Le quotidien local La Stampa (créé à Turin en 1867 sous le nom de La Gazzetta piemontese) devient national en 1895. En 1899 naît la Fabbrica Italiana Automobili Torino, la Fiat de Giovanni Agnelli qui, en 1913, sur le modèle de Ford, sera la première société de la péninsule fabriquant des automobiles en série. En 1906, la firme automobile Lancia est également lancée à Turin.

Devenue le siège de grandes entreprises, la capitale piémontaise se transforme petit à petit en ville ouvrière, avec de nouveaux quartiers populaires, en particulier au nord et à l’ouest de la ville. Aux côtés de l’industrie mécanique et automobile, se développent également les secteurs textiles, chimiques et agroalimentaires (la société Martini est créée en 1867, Lavazza en 1895…).

La population de Turin dépasse le million d’habitants, devenant la ville la plus peuplée d’Italie. L’industrialisation favorise la montée du parti socialiste à Turin, tandis que les autres provinces piémontaises conservent une orientation politique conservatrice et modérée.

1899 à aujourd’hui

L’empire Agnelli

Cette famille piémontaise est l’incarnation de la réussite entrepreneuriale de Turin. Giovanni Agnelli, né en 1866 dans une famille de propriétaires terriens, cofonde en 1899 la compagnie Fiat (Fabbrica Italiana Automobili Torino). En 1915, le Lingotto est inauguré avec un circuit automobile construit sur le toit de l’usine. Giovanni constitue un véritable empire : il rachète en 1923 le club de foot la Juventus, en 1924 le journal La Stampa et crée la station de ski de Sestrières en 1934. Son fils Edoardo étant décédé accidentellement en 1935, c’est son petit-fils Giovanni, dit Gianni, qui lui succède en 1945. Gianni prend également la direction de la Juve qu’il transmet à son frère Umberto en 1955. Gianni fera de Fiat la plus grande entreprise italienne. A sa mort en 2003, son frère Umberto prend sa suite mais meurt l’année d’après. Ce sont toujours les descendants du fondateur qui dirigent actuellement l’empire Agnelli.

1904

La première maison de production cinématographique italienne voit le jour à Turin. Mais c’est grâce à la société Itala Film, de Giovanni Pastrone, qu’est réalisé le film italien le plus long et le plus coûteux de l'époque, Cabiria (1914), chef-d’œuvre du cinéma muet et symbole de l’industrie cinématographique turinoise. Toutes les scènes de studio sont réalisées à Turin et les intertitres sont l’œuvre du poète nationaliste Gabriele D’Annunzio. A noter que ce péplum, véritable blockbuster de l’époque, d’une durée de plus de trois heures, met en scène pour la première fois le personnage de Maciste sur les écrans italiens : première apparition d’une très longue série pour cette figure du septième art !

1914-1918

L’entrée de l’Italie dans la Première Guerre mondiale en 1915, aux côtés de la Triple-Entente (France, Russie et Royaume-Uni), favorise la production industrielle, avec le développement de l'industrie pneumatique et celle des fibres artificielles. Fiat passe d’un effectif de 4 000 ouvriers en 1914 à plus de 40 000 en 1918.

L’entre-deux-guerres

A la fin de la guerre, les conflits sociaux se multiplient, avec des grèves spectaculaires. Dans les années 1920, Turin connaît également une vie politique, universitaire et culturelle très intense. C’est justement à Turin que le jeune étudiant sarde Antonio Gramsci crée en 1919 la revue marxiste L’Ordine nuovo afin d’instruire les ouvriers et leur permettre de prendre leur destin en main. Il deviendra un intellectuel phare de tous les milieux révolutionnaires et réformistes du monde entier.

Les conséquences du fascisme

L’arrivée au pouvoir de Mussolini en 1922 renforce les liens entre industrie et politique. Même si la crise économique mondiale de 1929 frappe Turin de plein fouet, la seule société à ne pas être gravement affectée est Fiat, qui lance cette année-là les deux premières automobiles utilitaires italiennes et produira des avions et des chars pendant la Seconde Guerre mondiale. La ville, deuxième centre industriel d’Italie, sera pour cette raison une cible privilégiée des bombardements alliés.

Juillet 1943

Turin est victime d’un des plus violents bombardements effectués en Italie, parmi la centaine de raids aériens que la ville subit à cette période, elle qui fut pourtant l’une des villes les plus antifascistes d’Italie, contestant avec opiniâtreté le régime. Le Piémont, dans son ensemble, fut le théâtre d’une lutte acharnée, chaque action de la Résistance étant suivie de lourdes représailles dans les campagnes.

1946

La situation de Turin après la Seconde Guerre mondiale est délicate : durant les bombardements, elle a perdu 40 % de ses immeubles et plus de 1 000 sites de production ont été neutralisés. Le référendum de 1946 pour l’instauration de la république se solde par la victoire des partis de gauche : Turin s’éloigne définitivement de sa tradition monarchique et le Piémont devient une région (la deuxième plus grande en superficie derrière la Sicile) de cette nouvelle république.

4 mai 1949

L’avion transportant l’équipe de foot du Torino Football Club s’écrase sur la colline de Superga près de Turin, provoquant la mort de ses 31 passagers. Le club, alors vainqueur des cinq derniers championnats d’Italie, ne s’en relèvera pas : il ne gagnera plus qu’un seul championnat, en 1976.

Les années 1950 et 1960

Turin devient l’un des symboles de ce que l’on a appelé le miracle économique italien. Le poids de l’industrie piémontaise dans l’économie nationale augmente encore, toujours avec Fiat bien sûr, mais aussi avec la société Olivetti, qui produit les célèbres machines à écrire, fondée à Ivrea, ou encore le groupe agroalimentaire Ferrero créé en 1946 à Alba. Ce développement économique provoque l’arrivée massive de centaines de milliers d’immigrés du sud de l’Italie, attirés par la demande croissante de main-d’œuvre même si les salaires restent particulièrement bas. La population turinoise passe de 700 000 habitants au début des années 1950 à 1 200 000 habitants en 1970.

Années 1970

Les années de plomb

Mais cette embellie ne dure pas très longtemps. A partir des années 1970, la crise pétrolière pèse lourdement sur le système industriel italien en général et turinois en particulier. La délocalisation de la production loin de Turin entraîne des grèves et de fortes tensions sociales. Le climat politique devient très lourd dans toute l’Italie et de nombreux attentats terroristes endeuillent le pays pendant plus de dix ans. Turin n’est pas épargnée par ces « années de plomb ». A partir des années 1980, une forte immigration extracommunautaire modifie profondément le tissu social de la région.

L’époque contemporaine

Les dernières années du XXe siècle sont marquées par une perte de compétitivité dans le secteur industriel, profondément affecté par la disparition de la société Olivetti et par la crise de l’industrie automobile. La fermeture du Lingotto, l’usine Fiat à Turin, en 1982, marque la fin d’une époque. La région tente alors de compenser ce déclin par le développement du tourisme et la promotion du patrimoine culturel, mais aussi par la création contemporaine, notamment le design. Turin et le Piémont se tournent définitivement vers le luxe, les sports d’hiver et la gastronomie.

2006

Les Jeux olympiques de Turin redonnent beaucoup d’élan à l’économie régionale, participant à la mise en valeur du patrimoine environnemental et artistique du Piémont. Pour cette occasion, la ville a même enfin construit une ligne de métro, souhaitée depuis des décennies.

2008

Turin est désignée « capitale mondiale du design ».

2012

La Juventus de Turin gagne le championnat de football d’Italie et entame une incroyable série de neuf titres consécutifs jusqu’en 2020. La « Vieille Dame », fondée en 1897, est le club le plus titré d’Italie (36 victoires sur 117 éditions, loin devant ses dauphins l’Inter de Milan, 19 titres, et le Milan AC, 18 titres).

19 juin 2016

A l’instar de Virginia Raggi à Rome, les élections municipales de Turin voient la victoire surprise d’une jeune femme inconnue : Chiara Appendino, 32 ans. Appartenant au Mouvement 5-étoiles, elle a, entre autres, bénéficié des votes des partisans du groupe No TAV (Treno Alta Velocità). En effet, depuis plusieurs années, de violentes polémiques agitent la région au sujet du train à haute vitesse qui devrait relier Lyon à Turin en 1h45, fortement contesté par les associations environnementalistes et par les communautés locales. En dépit des fréquents affrontements entre les manifestants de No TAV et les forces de l’ordre, les travaux suivent leur cours. Pour autant, ce projet lancé en 1991 n’est toujours pas réalisé trente ans plus tard. On parle à présent d’une mise en service en 2030…

Février 2020

L’épidémie de Covid-19 surgit en Italie du Nord, principalement en Lombardie et en Vénétie, les deux premiers clusters européens, avant de gagner tout le pays et le reste de l’Europe, plongeant l'Italie dans un long confinement.

Octobre 2021

Stefano Lo Russo, 46 ans, du Parti Démocrate, succède à Chiara Appendino qui a choisi de ne pas se représenter à la mairie de Turin. Son mandat court jusqu'en 2026.

Mai 2022

Du 10 au 14 mai 2022, l'Italie organise le Concours Eurovision de la chanson en raison de sa victoire l'année précédente avec le groupe Måneskin. C'est Turin qui est choisie pour encadrer les phases finales de la compétition (demi-finales et finale) qui se déroulent à l'Inalpi Arena.

Octobre 2022

Giorgia Meloni, ancienne journaliste et cheffe du parti conservateur, est nommée présidente du Conseil des ministres ; c'est la première femme de l'histoire à devenir Première ministre en Italie.

2024

Turin pose sa candidature à l’Unesco pour son inscription sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité au titre de ‘’Ville du Liberty’’.

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