Découvrez MOSCOU (МОСКВА) : Moscou et Pouchkine

Alexandre Pouchkine (1799-1837) est un poète, dramaturge et romancier du XIXe siècle vénéré en Russie comme « le soleil de la littérature russe ». Il donne ses lettres de noblesse à la littérature russe à une époque où l’aristocratie écrivait en français. Il réalise ce tour de force en produisant des œuvres de tous genres. Ses travaux sont connus de tous les russophones et appris sur les bancs de l’école dès le plus jeune âge. Que ce soit en poésie (Eugène Onéguine), récit en vers (Le Prisonnier du Caucase), tragédie (Boris Godounov) ou même l’interprétation poétique de contes (Rouslan et Ludmila), il y a un chef-d’œuvre de Pouchkine pour tous les goûts ! L’influence de cet auteur est telle qu’on peut faire une chronologie de la culture avant Pouchkine et après Pouchkine. Paradoxalement, à l’étranger on connaît mieux les autres génies du formidable XIXe russe, de Tolstoï à Dostoïevski.

Vie et mort d’un géant

Pouchkine est né le 26 mai 1799 à Moscou, au sein d’une famille noble. De sa mère métisse il hérite les caractéristiques physiques : une peau olivâtre, cheveux bouclés noirs, des yeux bleus. Alors qu’elle est admirée comme la belle créole, elle rejette son fils pour sa peau mate. Le petit Pouchkine vit alors une jeunesse et une adolescence tourmentées, où il apprend à haïr son apparence et se réfugie dans les livres.
Il est envoyé à l’âge de 12 ans au lycée impérial de Tsarskoïe Selo, l’internat le plus élitiste de l’époque. C’est à cette période, alors qu’il n’a que 15 ans, qu’est publié son premier poème À mon ami Poète. Au sortir de ses études en 1817, il intègre le ministère des Affaires étrangères. Il passera trois ans à Saint-Pétersbourg à y mener une vie dissolue et fréquentant la société littéraire l’Arzamas et le cercle de la Lampe verte. Il y écrit de nombreux poèmes, dont certains critiquent la politique du tsar Alexandre Ier, malgré le fait qu’il ne soit pas particulièrement engagé en politique. Son talent littéraire lui jouera cette fois des tours, lui valant six années d’exil. Il est envoyé en Ukraine, où il tombe gravement malade. Il est alors autorisé à voyager du Caucase à la Crimée, ce qu’il fait, et cette expérience deviendra une source d’inspiration profonde pour ses œuvres.
Après la mort d’Alexandre Ier, Pouchkine est pardonné par le tsar Nicolas Ier, qui devient son censeur personnel. L’auteur cherche le bonheur familial, il se marie à la belle Natalia Gontcharova en février 1831 et déménage à Saint-Pétersbourg. Pouchkine lance en 1836 son journal littéraire intitulé Le Contemporain, sur la base du Quartely Review de Walter Scott. Petite édition peu diffusée à l’origine, la qualité de sa production et le talent de ses auteurs finissent par cristalliser autour d’elle et faire grandir les plus grands écrivains russes. Son journal, en plus de sortir des inédits de Pouchkine fait connaître les œuvres de Gogol, Tourguéniev, Joukovski, Tiouttchev, le critique littéraire Belinski et bien d’autres.
Si cette période de sa vie est celle de sa maturité artistique ou il développe des liens avec de grands auteurs de la capitale, il souffre aussi de difficultés financières et des atteintes à sa réputation provoquées par sa proximité avec l’autocratie. En plus de cela, sa femme Natalia avec laquelle il a quatre enfants se révèle être dépensière et mondaine, exacerbant les problèmes du poète. Elle rencontre Georges-Charles de Heeckeren d’Anthès, rapidement soupçonné de la courtiser. Confronté une première fois par Pouchkine, il prétend courtiser la sœur de Natalia. Malheureusement, les rumeurs les plus folles courent à nouveau dans la ville et un duel devient inévitable. Les beaux-frères choisissent le pistolet et Pouchkine est blessé à la jambe et l’abdomen. Il meurt deux jours plus tard, le 29 janvier 1837. Alors que vivant il était déjà un dieu, les circonstances de sa mort le font entrer dans la légende et ses funérailles remplissent les rues.

Balades dans le Moscou de Pouchkine

Si ce géant de la littérature russe préférait Saint-Pétersbourg à son Moscou natal, les Moscovites lui vouent un amour farouche. Le souvenir du poète est invoqué dans toute la ville, et nous vous proposons une balade thématique sur les pas d’un génie. Si vous voulez voir la statue de Pouchkine faite par Alexandre Opekouchine, rien de plus simple : descendez à l’arrêt de métro Pushkinskaya dans le quartier Tverskoy, passez devant le cinéma Pouchkine pour vous rendre sur la place Pouchkine où le poète est immortalisé. Au 14 rue Tverskaya se trouvait l’épicerie fine Elisseïev (récemment fermée). À cet emplacement se situait un salon littéraire appartenant à la princesse Zinaïda Volkonskaïa qui était fréquenté par le jeune Pouchkine dans les années 1820. Plus loin dans la rue, au 21, il y a le Musée national d’Histoire moderne russe, autrefois le Club anglais privilégié par Pouchkine pour s’endetter aux cartes.

Marchez jusqu’au quartier Presnia. Au croisement des rues Tverskaya et Bolshaya Nikitskaya se dresse la charmante église de l’Ascension. C’est le lieu du mariage du poète avec Natalia Goncharova, le 18 février 1831. Dans la rue, se trouve aussi une sculpture du couple.

Pour la dernière partie de notre tour, prenez le métro et rendez-vous à la station Smolenskaya dans le quartier Arbat. À l’adresse du 53 rue Arbat, vous pouvez visiter l’appartement-musée de Pouchkine, une jolie maison bleu turquoise louée par les nouveaux mariés avant leur départ à Saint-Pétersbourg. Nous vous conseillons de prendre une excursion pour vraiment comprendre les subtilités de cette exposition. Une seconde statue du couple figure d’ailleurs devant l’immeuble, faite par l’artiste Alexandre Boulgakov en 1999.

Pouchkine, adulé

L’empreinte de Pouchkine la plus importante est celle qu’il a laissée dans l’esprit des Russes. À leurs yeux, ce qu’il touche se transforme en or. Ainsi, la nourrice du poète, Arina Rodionovna est rentrée dans la postérité et est sûrement la nourrice la plus célèbre du monde grâce au nombre d’œuvres qui lui ont été dédiées.
L’inspiration transmise par Pouchkine est le mieux représentée par l’anecdote de ses 7 portraits réalisés par le mariniste Ivan Aïvazovski alors qu’il aurait juste aperçu le poète à Odessa pendant son enfance.
Enfin, la ville de Moscou suit une règle simple : toute construction significative prend soit le nom de Lénine, soit celui de Pouchkine. Cette règle s’applique par exemple pour le Musée national des Beaux-Arts, ou depuis peu l’aéroport Sheremetyevo. Le fameux Café Pouchkine est un cas un peu particulier. Il n’y avait pas de Café Pouchkine à Moscou avant que Gilbert Bécaud ne l’improvise dans sa chanson Natalie. L’astucieux entrepreneur Andrei Dellos s’est empressé de combler ce manque évident dans le paysage moscovite en 1999.
Nous vous quittons sur une blague datant de l’Union soviétique qui utilise la figure de Pouchkine pour illustrer la mégalomanie de Staline. Elle raconte qu’un concours de sculpture est organisé à Moscou pour commémorer les 100 ans de la mort de Pouchkine. On révèle alors les gagnants : le 3e prix revient à une statue de Pouchkine, le 2e à une statue de Staline lisant Pouchkine, le 1er à une statue de Staline.

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