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Antiquité

Naples abrite l’une des collections gréco-romaines les plus exceptionnelles du monde. Les vestiges de Pompéi, d’Herculanum et de Stabies ont été déplacés au Musée Archéologique de Naples pour des raisons de conservation. Pour rappel, les environs de Naples ont été dévastés par un tremblement de terre en 62 après J.-C., puis par l’éruption du Vésuve en 79, qui ensevelit les villes en reconstruction sous des tonnes de cendre et de pierre. L’histoire romaine se déploie à travers des bronzes, des fresques et des mosaïques entre mille objets du quotidien. Les fresques et les mosaïques ornaient autrefois les villas des cités antiques. Les bronzes issus de la Villa des Papyrus d’Herculanum constituent une galerie de portraits plus vraie que nature : lutteurs, Scipion l’Africain, le Dieu Hermès sont représentés avec un réalisme saisissant. La mosaïque d’Alexandre (fin du IIe siècle avant J.-C.) a été retrouvée dans la somptueuse maison du Faune. Pour l’anecdote, la fresque intitulée Portrait de Paquius Proculus et son épouse (entre 20 et 30 après J.-C.) représenterait en réalité un boulanger et aurait été destinée à une campagne électorale. Le musée possède également une riche collection d’art égyptien, de même que la collection Farnèse. Alexandre Farnèse entreprend en 1453 de collectionner des œuvres acquises au gré de ses envies ou commandées aux artistes les plus illustres de son temps. Peintures, sculptures, dessins mais aussi objets (pièces, meubles, livres, etc.) constituent le cœur de cette collection. Raphaël, El Greco, le Titien et des peintures flamandes sont réunis tel un florilège de la Renaissance.

Peinture

L'épanouissement de la peinture napolitaine se place sous le signe du baroque. Avant cela, les témoignages picturaux révèlent une prédominance de l'influence du nord de l'Italie, en particulier de Florence, mais aussi, à la Renaissance, une ouverture à divers courants européens.

Au Trecento (XIVe siècle), la première figure marquante est celle de Pietro Cavallini, peintre romain influencé par Cimabue, qui fut appelé à Naples au début du XIVe siècle. Ses fresques de San Domenico Maggiore et de Santa Maria Donnaregina Vecchia témoignent de ses expérimentations de la représentation spatiale. Mais c'est la figure du Florentin Giotto qui domine toutefois le paysage pictural napolitain. L'artiste se rend à Naples entre 1328 et 1332 où il réalise des fresques à la basilique Santa Chiara et à la chapelle palatine, malheureusement fragmentaires. Son influence se ressent vivement sur les artistes napolitains. Parmi ceux-ci, Roberto d'Oderisio, auteur des peintures de Santa Maria Incoronata, ou le maître anonyme de L'Histoire de la Vierge à San Lorenzo Maggiore.

La Renaissance se développe tardivement à Naples. A la cour du roi René d'Anjou, le peintre napolitain Colantonio, futur maître d'Antonello de Messine, est influencé par la peinture flamande et provençale. Mais la véritable impulsion, c'est à la dynastie aragonaise qu'il faut l'attribuer. Dès la seconde moitié du XVe siècle, Naples devient un carrefour artistique entre écoles italiennes du nord et du centre, flamande et espagnole. Antonello de Messine sera le fruit - magistral - de ce syncrétisme. Les rois d'Aragon, en excellents termes avec les Médicis de Florence, font appel aux artistes de la Renaissance florentine.

Baroque et le Caravage

Naples accueille de nombreux peintres comme l’Espagnol Jusepe Ribera (1591-1652), auteur de peintures à la chartreuse de San Martino, le Calabrais Mattia Preti (1613-1699), et une femme peintre, Artemisia Gentileschi, d'origine romaine. Mais nombreux sont également les artistes autochtones. Citons Giovan Battista Caracciolo, dit Battistello, Bernardo Cavallino, Aniello Falcone, Francesco Guarino et Massimo Stanzione. Porteurs d’un langage nouveau fondé sur la révolution de la composition et la force lumineuse du clair-obscur – héritage typiquement caravagesque –, ils moderniseront l’art pictural. Luca Giordano (1634-1705) est le plus grand représentant de la peinture baroque à Naples. Elève de Ribera, il s’est nourri de nombreuses influences, notamment celle de Véronèse, pour sa luminosité chromatique et sa clarté aérienne. Certaines de ses très nombreuses œuvres ornent l’église dei Girolamini et de San Gregorio Armeno… Son activité prolifique ne se limite pas à la cité parthénopéenne : Luca Giordano travaille également à Venise, à Florence, et réalise des compositions grandioses en Espagne où il séjourne pendant dix ans. Il exerce une grande influence sur Francesco Solimena, particulièrement lisible dans la maîtrise des effets de lumière. Voir les œuvres de Solimena dans l’église del Gesù Nuovo, l’église Santa Maria Donnaregina Nuova ou la sacristie de San Paolo Maggiore.

Le Caravage (1573-1610), maître par excellence de la peinture baroque, quitte Rome alors qu’il est accusé de meurtre. Il s’exile à Naples en 1607, puis en 1609 et 1610. Il y peindra Les Sept Œuvres de Miséricorde, La Flagellation, La Résurrection, Le Reniement de saint Pierre. L’artiste bouleverse la théorie picturale, niant les ornements et les bons usages, pratiquant une peinture forte, tout en contrastes, en clairs-obscurs, s’ordonnant à partir d’une conception en diagonale qui confère une animation très vive à ses tableaux. De nombreux disciples italiens et européens, les peintres caravagesques, suivront son sillage. On retrouve l’artiste au Musée des Beaux-Arts de Capodimonte. On trouve là une galerie des arts napolitains, du XIIIe siècle à l’époque baroque, des œuvres de Masaccio et de Bruegel l’Ancien, ainsi qu’un département d’art contemporain enrichi de toiles de Warhol. Un voyage pictural de plusieurs siècles vous attend dans ce palais entouré d’un parc, au sommet d’une colline.

Sculpture

A partir du Moyen Age, la sculpture occupe à Naples une place de choix avec, au premier rang, l’artiste siennois Tino di Camaino (1285-1337). Après avoir travaillé dans l’atelier de Giovanni Pisano, Camaino se rend à Naples où il travaille à la cour des Angevins. Là, il se fait remarquer par ses nombreux monuments funéraires, comme celui de la reine Marie de Hongrie, visible à Santa Maria Donnaregina Vecchia (1325), et ceux de Charles de Calabre (1332-1333) et de son épouse Marie de Valois (1333-1337) à la basilique Santa Chiara. Il participe également à la réalisation du portail central du Duomo de Naples. Ses sculptures et ses bas-reliefs traduisent l’influence de l’art florentin.

Durant le Quattrocento (XVe siècle), Naples accueille également plusieurs sculpteurs de Florence et du nord de l'Italie, porteurs du langage artistique de la Renaissance. On peut, ainsi, admirer, en vrac, des œuvres d'Antonio Rossellino et de Benedetto da Maiano à l'église Sant'Anna dei Lombardi ; le monument funéraire du cardinal Brancaccio par Michelozzo et Donatello à l'église Sant'Angelo a Nilo ; les sculptures de l'arc de triomphe du Castel Nuovo, dues à plusieurs mains dont celles de Laurana.

Autre sculpteur majeur, et cette fois originaire de la cité parthénopéenne : Sanmartino (1720-1793), le représentant le plus significatif du baroque finissant. Ce modeleur de figurines pour les crèches fait preuve dans ses sculptures d’un réalisme poussé à l’extrême. Il associe accents pathétiques et prouesses techniques, comme en témoigne son chef-d’œuvre Le Christ voilé (1753), taillé dans un seul bloc de marbre, et qui repose dans la chapelle Sansevero. Le visage du Christ est voilé par un linceul transparent qui laisse entrevoir ses traits. Le réalisme et la prouesse technique ont, dès sa création, fait parler de cette œuvre. La légende raconte qu’un corps se cachait sous le voile, ou que le prince Raimondo di Sangro avait été pétrifié puis étendu sous un linge. A cela s’ajoute le lieu, car la chapelle San Severo est l’une des plus somptueuses églises de Naples. La décoration intérieure, ainsi que les statues qui ornent les huit chapelles (La Chasteté ou Le Désenchantement) sont également à voir.

Le même artiste a exécuté L’Allégorie (1757) dans la chartreuse San Martino et de nombreux monuments funéraires et statues dans différentes églises de Naples.

De nos jours

La thématique religieuse continue d’imprégner l’art contemporain, en particulier dans les rues. Car à Naples, l’art des rues est un mode de vie. La ville attire les grands noms du street art mondial. Plus de 200 œuvres embellissent les murs parfois décrépits des quartiers. Un art engagé, humoristique ou poétique revalorise le tissu urbain. A ce titre, les bénéfices générés par le Parco dei Murales de Ponticelli (Parc des peintures murales) financent la réinsertion des jeunes travailleurs dans l’est de la ville. ZED1 et Jorit Agoch ont participé à ce projet.

Les Quartieri Spagnoli (quartiers espagnols) reprennent vie par le truchement des pochoirs et des aérosols. L’effervescence picturale est menée par des maîtres du genre, tels que Banksy (Madone au pistolet de la Piazza Gerolomini), BLU, Jorit Agoch, Roxy in the Box, Cyop & Kaf, Zemi et Raffo. Dans le centre historique de Naples, les premiers collages des années 1980 étaient signés Ernest Pignon-Ernest.

Autres genres valorisés par les galeries et les centres d’art contemporain de Naples, la photographie, le pop art, et l’Arte Povera. Ce mouvement né en Italie à la fin des années 1960 employait des matériaux pauvres pour protester contre la société de consommation en développement. Le lieu incontournable pour les amateurs d’art contemporain est sans doute le MADRE ou Musée d’art contemporain de Donnaregina, établi dans un palais du cœur historique de Naples. Sa riche collection comporte notamment des œuvres réalisées in situ : une fresque de Francesco Clemente, ainsi que des espaces investis par Sol LeWitt, Anish Kapoor, Giulio Paolini, Jeff Koons, Rebecca Horn ou encore Mimmo Paladino.

Pour aller à la rencontre de la génération montante, direction la Galleria Dino Morra. Ce lieu d’exposition agit comme une plateforme pour booster les talents régionaux de demain. En avant-première…