PLATEAU VOLCANIQUE

Le mouvement des plaques a provoqué l’apparition du volcan Ardoukôba, en novembre 1978 (après 800 séismes annonciateurs). Sa durée de vie n’aura été finalement que de quelques semaines, mais son éruption aura bouleversé le paysage. Il a été ainsi nommé par Haroun Tazieff, le célèbre volcanologue. Ce nom signifie « en pente » en afar et a inspiré des poètes locaux comme Chem Watta : « Ardoukôba. Boucan de mer. Volcan de terre ». Et cela pourrait bien sonner aussi « Abracadabra », tant la magie de ce lieu opère.

Après être passé au niveau du Campement du Rift, on peut bifurquer sur la gauche et suivre une piste (non indiquée, mais tous les guides connaissent) un peu difficile qui vous mène vers un plateau volcanique. D’autres pistes et chemins peuvent être suivis également. Discutez avec votre guide de ce que vous voulez voir précisément, du temps dont vous disposez, etc. Pensez également aux provisions d'eau pour votre excursion. Sans oublier casquette, crème solaire et lunettes de soleil, car le soleil tape fort.

Ici il faut marcher, absolument, longuement, pour mieux sentir le terrain. Dans ce vaste champ de lave noire, mate ou brillante, lisse ou rugueuse, on a l’impression de déambuler dans un immense brownie au chocolat noir. La lave solidifiée est comme une pâte épaisse, travaillée. Gonflée, plissée ou craquelée (trop cuite ?), coulante ou cassante, elle est comme prisonnière de tous ses mouvements figés. Les coulées les plus sombres sont les plus récentes, celles de 1978, et recouvrent des champs de lave plus anciens.

Votre guide vous montrera des petits gouffres et tunnels, dans lesquels on peut se glisser sur d’importantes distances. Par endroits, des vapeurs de fumées chaudes s’échappent. Quelques arbustes plats, quelques plantes grasses poussent çà et là. Des chèvres ou des dromadaires paissent, taches claires sur fond noir.

La roche est parfois fendue sur plusieurs mètres. Un pied de chaque côté de ces failles de toutes tailles, on s’imagine à cheval entre le continent africain et l’Arabie, au milieu de l’océan qui naîtra. En divers points, vous apercevrez les antennes des nombreux capteurs qui enregistrent le moindre mouvement de sol. Une grimpette en haut du volcan même vous offrira une vue superbe sur les coulées de 1978, sur la Grande Faille, sur le champ de basalte de Manda, sur le lac Assal enfin et sa banquise de sel. Lequel sera un jour de nouveau relié au Goubet, à la suite de l’effondrement du champ de lave de l’Ardoukôba. Ce qui marquera une étape importante de la séparation des plaques arabique et africaine.