Au visiteur européen, la Laure de Petchersk est parfaitement inconnue. Et pourtant, pour tout habitant d’Ukraine et de Russie, il représente l’un des plus grands centres religieux. Le mot « laure » désigne un monastère principal, statut accordé par le patriarcat orthodoxe et que ce monastère a eu l’honneur de recevoir au XIIe siècle. En 1051, alors que la Rous de Kiev vient juste de se convertir au christianisme, deux moines, Antoine et son disciple Théodose, fondent ce monastère, comme le relatent les Chroniques. Comme les premières cellules ont été creusées dans des grottes, on a qualifié ce monastère « de Petchersk » (petchera signifiant « grotte » en ukrainien).
Le monastère de Petchersk, premier monastère d’hommes, reçoit le grade de laure au XIIe siècle. Le bâtiment se divise alors rapidement en deux parties : la laure basse, où se trouvent les grottes, premières cellules des moines, et la laure haute. Sous l’égide des princes de Kiev, le monastère connaît un véritable épanouissement et il ne tarde pas à devenir le centre culturel et spirituel le plus important de la Rous. Ses contacts avec Byzance lui permettent de développer des techniques d’architecture, l’art de l’icône et des chants religieux. Des écoles nationales ne tardent pas à être fondées. Après le morcellement de la Rous de Kiev et l’invasion tataro-mongole qui voit le rayonnement de la laure s’éteindre, son activité renaît au XVIe siècle. Entretenant des contacts avec l’Occident, elle introduit chez les peuples slaves qui ont été coupés de tous les mouvements artistiques venant d’Europe, le baroque, puis les arts de la Renaissance. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la laure va connaître un âge d’or. On se met à reconstruire tous les bâtiments laissés en plan pendant l’invasion tataro-mongole. On édifie la muraille d’enceinte, la porte principale. Enfin, on ouvre dans la laure la première imprimerie d’Ukraine, qui ne tarde pas à s’illustrer dans l’art de la gravure. En 1632, elle devient la première université de type occidental, qui a formé des générations d’Ukrainiens dans la langue de Cicéron. Les corps de 10 moines ont été conservés dans les grottes de leurs premières cellules, et les conditions naturelles de la grotte (température et ventilation) leur ont permis de se momifier et de se conserver. Cela explique bien sûr pourquoi la laure est aujourd’hui devenue l’un des plus grands centres de pèlerinage orthodoxe. Des pèlerins issus de l’Ukraine, de la Russie et d’autres pays de l’ex-URSS affluent continuellement pour voir le « miracle » des saints momifiés.
La laure haute. S’étendant sur 24 ha, la laure se visite en commençant en général par la laure haute, à l’entrée de laquelle on peut acheter les billets. On franchit tout d’abord le portail, ce qui permet de constater que la muraille d’enceinte a une épaisseur de 8 m. Une fois le porche franchi, un plan permet de se repérer. À gauche et à droite on peut voir les bâtiments attenants aux cellules des moines. La première église sur la gauche, l’église de La Trinité-sur-le-Porche (Троїцька надбрамна церква), construite en 1108 et remaniée par Pierre le Grand au XVIIe siècle. L’entrée surprend par la magnificence des peintures murales, datant du XVIIe siècle. Une fois rentré dans la salle principale, on peut admirer sur le mur de droite, en face de l’iconostase, une peinture représentant le premier concile œcuménique, le concile de Nicée (325). En regardant l’iconostase, on peut voir à gauche la Vierge à l’Enfant, à droite, le Dieu tout-puissant, et sur le deuxième battant de droite, la peinture qui, comme dans toute église orthodoxe, donne le nom à l’église. Avant de sortir de la pièce principale, n’oubliez pas de jeter un œil à la peinture au-dessus du porche, représentant les marchands du Temple. Sur la place principale, se trouve l’église de la Dormition (Успенський собор), qui était l’édifice principal de la laure haute. Détruite en 1941, cette église datant de 1078 a été reconstruite, et un énorme morceau de pierre d’origine a été exposé devant la cathédrale. A côté de l'église se trouve le clocher (Дзвiниця). Dans la laure haute, deux musées parmi les différents musées proposés sont dignes du plus haut intérêt. Le musée historique des Trésors d’Ukraine (Музей iсторичних коштовносетй) et le musée des Miniatures (Музей мiкромiнiатюр). Il est inutile de se demander pourquoi ce musée est situé dans le centre religieux de Kiev : l’artiste Siarditsy s’est lancé dans un art très surprenant, celui de la miniature, qui semble ravir des générations d’Ukrainiens. L’artiste représente les objets les plus incongrus à une échelle microscopique, comme une petite puce portant des sabots dorés. Ludique et détendant, ce musée plaira aux visiteurs désireux de sortir de l’ambiance spirituelle de la laure.
La laure basse. De la laure haute, des galeries mènent aux grottes de la laure baisse. L'entrée pour les « grottes à proximité » (Вхiд у ближнi печери, ouvert de 8h30 à 16h30) se trouve à l'intérieur de l'église Khrestovozdvizhenska (Хрестовоздвиженська церква, 1700-1704). L’entrée est gratuite, on paie uniquement la bougie qui servira à vous éclairer le chemin. Dans cette grotte se trouve la première cellule des moines. La descente dans ce lieu de pèlerinage est un grand moment de recueillement spirituel auprès des momies sanctifiées. La ferveur des pèlerins réunis dans cette obscurité liturgique rappelle combien depuis la Rous de Kiev, premier berceau des Slaves, la religion n’a cessé d’être pour Russes et Ukrainiens un ferment d’espoir et de rassemblement durant des époques souvent troublées. Ici se conservent 79 corps. On accède aux « grottes lointaines » (Вхiд у дальнi печери, ouvert de 8h30 à 16h30) en passant par l'église de la conception de la Sainte-Anna (Aннозачатiïвська церква). Ici aussi on trouve des corps de moines momifiés et trois églises souterraines.
Ne quittez pas la laure sans avoir admiré le panorama qui s’ouvre sur le Dniepr, les forêts et la ville, que ce soit depuis la laure haute ou la laure basse.
A l'intérieur de la laure, on trouve un bureau qui organise des excursions de deux heures dans des langues différentes (Екскурсiйне бюро). Il se trouve sur la gauche après l'entrée principale pour la laure haute.
En face de la Laure on peut voir le monument aux soldats ukrainiens décédés pendant la guerre d'Afghanistan dans les années 1980. Beaucoup de très jeunes conscrits ukrainiens y trouvèrent la mort.
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
Avis des membres sur LAURE DE PETCHERSK (КИЄВО-ПЕЧЕРСЬКА ЛАВРА)
Les notes et les avis ci-dessous reflètent les opinions subjectives des membres et non l'avis du Petit Futé.
plusieurs églises dont la petite de l'entrée, la plus intéressante à mon avis avec de belles fresques
musée intéressant
beaux édifices et visite des catacombes intéressante avec guide anglophone.
sur le chemin en venant du centre, vous passerez par le mausolée de la grande famine (intéressant)