FORTERESSE ET CITÉ DE CHOUFOUT-KALE (ЧУФУТ-КАЛЕ)

Un chemin accède directement du monastère Ouspensky jusqu’au site de Choufout-Kale. Le chemin est assez fatiguant et en été il vaut mieux attendre les heures les moins chaudes de la journée pour faire l’ascension. La fondation de cette ville incroyable, avec un seul point d'accès et entourée de précipices de tous les autres côtés, se situe entre les siècles VI^e et X^e. Elle fut probablement construite pendant le règne de Justinien I afin de renforcer la présence byzantine en Crimée. Au milieu du XIV^e siècle, elle fut englobée dans le Khanat de Crimée où elle reçut le nom de Choufout-Kale. D'origine tatare, il signifie « forteresse juive ». En fait, à partir du XIV^e siècle, les juifs karaïtes, une ethnie turque tatare convertie au judaïsme, auxquels le khan avait interdit de résider dans la plaine, s'installèrent ici et y restèrent jusqu'au milieu du XIX^e siècle. La maison d'Avraam Firkovich, le dernier habitant du site, se trouve à côté du petit café centre culturel. La roche sur laquelle est bâtie la forteresse est creusée de souterrains qui servaient de refuges aux Karaïtes qui vivaient dans la vallée. La forteresse témoigne du mélange des religions et des cultures. Les temples karaïtes (kenassa) côtoient le mausolée de Dzhanike-Khanym, la fille du khan Tokhtamysh, et les défenses militaires prévues ensuite par les Russes. L’ascension rude a le mérite d’offrir un point de vue sans pareil sur la région et notamment sur le grand canyon de Crimée et ses falaises de grès blanc. Sur la route vers Choufut-Kale se trouve le cimetière musulman Gazy-Mansur (XV-XIX^e siècle). Un sentier mène des portes orientales de la forteresse jusqu'au cimetière karaïte où sont conservées des anciennes pierres tombales juives. La visite est absolument immanquable.