TSITSERNAKABERD (MÉMORIAL DU GÉNOCIDE)

Située sur la rive ouest du Hrazdan, la colline boisée de Tsitsernakaberd (Forteresse des Hirondelles) est un lieu de promenade et de recueillement. Chaque 24 avril, les habitants d’Erevan et d’autres régions d’Arménie, derrière leurs chefs religieux et leurs leaders politiques, se dirigent en une longue procession, gravissant les allées ombragées de ce parc pour se recueillir à son sommet, devant le mémorial dédié aux victimes du génocide de 1915, érigé sur une vaste esplanade dallée. Peu d’habitants d’Erevan manquent à leur devoir de mémoire, en ce jour de deuil national férié. Édifié en 1965 (architectes Tarkhanian et Kalachian, sculpteur Khatchatrian), ce monument se compose de stèles massives de basalte gris, inclinées sur la flamme éternelle en signe de deuil, et de deux flèches s’élançant vers le ciel symbolisant la renaissance du peuple arménien. Non loin, un khatchkar rend hommage aux victimes des pogroms anti-Arméniens de Soumgaït, Kirovabad et Bakou, de 1988 à 1990. Les commémorations du 24 avril, au son de la musique de Komitas, propice au recueillement, sont un moment d'intense émotion, partagée par les Arméniens de la diaspora dont certains font le voyage à Erevan pour y prendre part, mais aussi par les visiteurs étrangers, célèbres ou anonymes. Le protocole veut que les responsables étrangers visitant Erevan déposent une gerbe au mémorial, plantent un arbre en hommage aux victimes dans le « Jardin de la Mémoire », et signent le livre d'or du musée. C'est là qu'on reconnaît les vrais amis de l'Arménie. Ainsi, J. Chirac en 2006, N. Sarkozy en 2011, F. Hollande en 2014 et en 2015, E. Macron en 2018, avaient sacrifié à ce rituel.

2015 : le centenaire du génocide. Le 100^e anniversaire du génocide, en 2015, a donné lieu à de nombreux événements, manifestations, conférences et colloques, en Arménie et dans le monde, dont le point d'orgue fut la cérémonie du 24 avril à Tsitsernakaberd. La veille, les églises arméniennes du monde entier avaient sonné le glas en mémoire des victimes du génocide, canonisées par le catholicos lors d'une messe solennelle à Etchmiadzine. Les autorités arméniennes, qui avaient activement préparé l'année jubilaire, avaient appelé les dirigeants de la planète à communier au deuil de leur nation, victime d'un crime contre l'humanité qui n'est pas encore universellement reconnu comme génocide. F. Hollande et V. Poutine avaient assisté aux cérémonies, aux côtés de nombreuses délégations étrangères.