Avec 3 millions d’œuvres survolant des millénaires d’histoire, il justifie à lui seul le voyage. Si vous n’en visitiez qu’un…
On a beau être prévenu, savoir que c'est l'un des plus riches musées du monde, que quelque 3 millions d'œuvres y sont exposées, survolant plus de deux millénaires d'histoire de l'art, l'Ermitage aura toujours de quoi surprendre. Un étonnement accru par le caractère quelque peu brouillon de ce musée dont les magistrales collections sont exposées dans un certain désordre propice aux découvertes.
Palais ou musée ? La question mérite d'être posée, alors que les bâtiments du musée eux-mêmes forment un splendide écrin pour les trésors qu'ils abritent. Et si le touriste s'y perd, confondant bien souvent l'Ermitage et le palais d'Hiver là où il faut distinguer en fait cinq palais, c'est que les fonctions de demeure impériale et de musée se sont très tôt confondues dans cet ensemble unique d'édifices s'étirant le long de la Neva. Le premier contact est fascinant : une fois franchi l'arc de l’État-Major reliant les façades en hémicycle des bâtiments jaune citron qui abritèrent les Affaires étrangères et l'état-major, on découvre le palais d'Hiver sous son plus beau jour.
Occupant toute la largeur de la place du Palais (Dvortsovaya Ploshchad'), dont le centre est marqué par la colonne Alexandre (47 m de granit rose commémorant la victoire sur Napoléon), la façade principale du palais d'Hiver, qui a été pendant près d'un siècle et demi la résidence impériale, éblouit le regard : des murs vert pistache flanqués de colonnades, pilastres, frontons brisés blancs soulignés par la couleur bronze des lambris et moulures, et couronnés de statues en ronde-bosse. Mais, à moins d'user de votre charme auprès du gardien et d'avoir ainsi la chance de pénétrer par la somptueuse cour d'honneur (en évitant la foule des guichets), c'est par la façade sur la Neva, à peine moins somptueuse, que commence la visite du palais d'Hiver et de l'Ermitage.Un ensemble de palais. Plus qu'un palais, il s'agit bien d'un ensemble de palais unis dans une même destinée, mais dont la conception, étalée sur plus d'un siècle, traduit les subtiles nuances : le rectangle du palais d'Hiver a été construit de 1754 et 1762 dans le baroque le plus expressif par Bartolomeo Rastrelli sur la commande de la tsarine Elizabeth Ire, fille de Pierre le Grand. Les chiffres se passent de commentaire : le palais d'Hiver couvre une superficie de 9 ha, soit 46 000 m² répartis en 1 500 pièces ; la corniche supérieure, mise bout à bout, court sur 2 km. Quand Catherine II devient impératrice, en 1763, l'immense palais au train de vie versaillais, devenu le centre de la vie politique russe, a de quoi éblouir les diplomates qui se pressent dans ses salons. La façade sur la Neva raconte, dans toute la richesse de sa diversité et de ses couleurs, l'histoire de cette évolution qui fera de la résidence impériale un musée incomparable.
Histoire du musée de l'Ermitage. Tout commence en 1764 par un impérial tour de passe-passe. C'est en effet en soufflant au roi de Prusse Frédéric II une collection d'œuvres d'art que le monarque prussien, mécène à ses heures, est incapable de payer, que la Grande Catherine acquiert les premières pièces du futur musée. Son ambassadeur à Berlin, Vladimir Dolgorouki, lui a signalé que le roi de Prusse est en dette auprès de son marchand d'art attitré, un certain Gotzkowski. L'impératrice, déjà amatrice d'art, saute sur l'occasion : elle achète sans discuter au marchand ses 225 toiles de peintres flamands, se faisant un petit plaisir et jouant du même coup un bon tour à Frédéric II, battu sur son terrain de mécène. Mais surtout, sa passion a contaminé l'aristocratie russe, dont les grandes familles créent leurs collections privées, qui iront rejoindre, après la révolution d'Octobre, les galeries de l'Ermitage.
La visite. Avec ses quelque 400 salles réparties sur 3 niveaux et deux ailes différentes, vous vous perdez aisément. Comme pour la visite du Louvre avec lequel les similitudes sont nombreuses, nous vous recommandons fortement de définir au préalable vos priorités. Pour vous repérer, notez le numéro des salles inscrit en haut de chaque porte et reportez-vous au plan que vous vous serez procuré à l'entrée. Les explications sont peu nombreuses et rarement traduites, mais nous vous détaillons ci-dessous les arrêts les plus marquants. Des audioguides sont également disponibles. Enfin, vous devez accepter de vous perdre un peu et de prendre le risque de tomber par hasard sur une œuvre de quelque maître dont vous ne vous saviez pas qu'elle se trouvait en Russie.
Rez-de-chaussée : les antiquités. Le rez-de-chaussée ne constitue pas la priorité de la grande majorité des visiteurs du musée. Il est composé de salles dédiées aux cultures de la Préhistoire (Paléolithique, Néolithique), et à l'art antique (grec, romain, égyptien), jusqu'au début du Moyen Âge. Toutefois il faut noter la salle 30 abrite une collection d'objets scythes du XIIe au IIe siècle av. J.-C., incluant des vases en argent. La salle 26 expose les résultats de découvertes archéologiques faites dans l'Altaï en 1949. Vous y trouvez l'impressionnante momie d'un homme du VIe siècle av. J.-C., un char funéraire reconstitué, ainsi que ce qui est peut-être le plus ancien tapis du monde (VIe siècle av. J.-C.).
Si la joaillerie scythe ne vous laisse pas insensible, alors ne manquez surtout pas de visiter le Trésor des Scythes (Galerie du Trésor I, salle 42). Les pièces d'orfèvrerie de cette collection (rhytons, bijoux, armes), souvent en or, témoignent de la richesse de la civilisation de ce peuple qui, bien avant l'apparition des Russes, habitait les steppes de l'Ukraine et les rivages septentrionaux de la mer Noire.
Galerie des bijoux. À partir de la salle 121, vous pouvez accéder à la Galerie des Bijoux (Galerie du Trésor, II). La collection regroupe une très grande variété de bijoux (colliers, bracelets, depuis le IVe av. J.-C. jusqu'au XIXe), mais aussi des objets liturgiques, des épées ou des sabres incrustés d'émeraudes ou de diamants. Bon nombre de ces objets ont été amassés par les tsars depuis Pierre le Grand, mais aussi offerts à ces mêmes tsars : voyez par exemple les bouquets de fleurs en perles et en pierres précieuses, ou encore les célèbres œufs de Fabergé.
1er étage : Salles impériales et Arts classiques européens.
Après avoir monté les marches du somptueux escalier d'honneur (ou escalier du Jourdain), débauche rococo de marbre blanc, lambris dorés, cariatides et trompe-l'œil le visiteur ira droit au but, dans les salles italiennes, flamandes, françaises, allemandes, etc., où il choisira de s'abandonner à la contemplation et à l'errance.
Juste avant cela, vous aurez l'occasion de passer par les salles 194, 195, 197 et 198. L'enfilade de ces salles constitue un hommage vibrant à l'art décoratif russe. Conçue par Montferrand en 1833, la salle de Pierre Ier (ou petite salle du Trône, salle 194), qui renferme le trône impérial dans le décor Empire d'une salle tendue de velours rouge, est un hommage au fondateur de la ville (et de l'Empire russe). Deux panneaux latéraux illustrent deux de ses victoires (contre les Suédois). La salle des Armoiries (195) avec ses colonnes dorées est d'une superficie de plus de 1 000 m². Elle accueillait les cérémonies officielles. Les lustres sont décorés des écussons des 32 gouvernements de Russie ; les chevaliers sculptés, à chaque coin de la pièce, portent les armoiries des provinces russes. Les vitrines abritent des collections d'argenterie. La Galerie de la Guerre de 1812 (salle 197) a été créée en 1826, pour célébrer la victoire de l'armée russe sur Napoléon. Les 332 portraits des maréchaux généraux ayant pris part à cette campagne de Russie décorent les murs de la galerie.
Enfilade d'Apparat. La Grande Salle du Trône (salle 198, également appelée salle Saint-Georges), est la salle principale du palais, celle qui accueillait cérémonies et réceptions officielles. La salle Nicolas (191) est la plus grande salle du palais, faisant plus de 1 100 m². Vous n'oublierez pas non plus la salle des Concerts (190), où vous ne manquerez pas d'admirer la châsse en argent massif contenant des reliques d'Alexandre Nevsky ; la salle de Malachite (189), aux dominantes vertes soulignées par les lambris dorés.
Dans le prolongement de l'Enfilade d'Apparat présentée plus haut, les façades nord et ouest du premier étage portent sur la culture russe (salles 151 à 189). Ici encore, les salles sont autant dignes d'intérêt que les trésors qu'elles recèlent, à savoir des objets d'art appliqué, des instruments, des portraits, des armes...
Salles 151 et 153, vous verrez une série de portraits des empereurs de Russie. Les salles 159 à 161 et 169 à 171 sont consacrées à l'art du XVIIIe. A travers les nombreux objets exposés, on fait ou refait connaissance avec de grandes figures historiques russes comme Lomonossov, ou Catherine II. Dans les salles 176 à 189, vous vous baladerez dans les reproductions des intérieurs des appartements de la famille impériale du XIXe siècle.
Art italien (salles 207 à 238). Au premier étage du Vieil Ermitage, les salles de peintures et sculptures italiennes renferment des trésors comme La Vierge à l'Enfant de Fra Angelico, deux Madones (Benois et Litta) de Léonard de Vinci, La Déploration du Christ de Véronèse et Le Garçon accroupi de Michel-Ange, Le Joueur de Luth du Caravage, La Madona Conestabile et La Sainte Famille de Raphaël, Saint Sébastien et Dante de Titien. Dans les salles espagnoles (239 et 240), vous verrez les Apôtres Pierre et Paul du Greco, le Portrait du comte Olivares de Velázquez, La Crucifixion et le Portrait d'Antonia Zarate de Goya.
École flamande du XVIIe et XVIIIe (salles 245 à 257). Elle est représentée par de très nombreuses toiles de Rubens (dont Persée et Andromède, et Bacchus), et de Van Dyck (la Descente de la Croix). L'école hollandaise (XVIIe et XVIIIe) (salles 249 à 257) est représentée par une impressionnante collection de 28 Rembrandt (salle 254), dont le fameux Retour de l'enfant prodigue, le Sacrifice d'Abraham et la Sainte Famille, pour ne citer que les plus célèbres. La collection d'art néerlandais (XVe et XVIe ; salles 258-262) comprend des toiles de Campin et de Van der Weyden.
Art français du XVe au XVIIIe siècle (salles 272-297). Au premier étage du palais d'Hiver, vous découvrirez la deuxième collection au monde (après le Louvre) d'art français du XVe au XVIIIe siècle (salles 272-297). Plusieurs salles sont ainsi consacrées à l’École française, avec des toiles de Le Nain, Poussin, Claude Gelée dit Le Lorrain (Port au soleil couchant), Chardin ou Greuze.
2e étage : Art byzantin et oriental, Art chinois et asiatique
Arts de l'Extrême-Orient. Pour ceux qui ont encore du courage et du temps, les salles 351 à 367 sont dédiées aux arts de l'Extrême-Orient. Vous pourrez y voir, entre autres, des sculptures bouddhistes, des porcelaines, de la verrerie, des étoffes et du mobilier. Vous remarquerez notamment les peintures et sculptures de la grotte des Mille Bouddhas (360-361, Chine, VIe-Xe siècle). Les salles 364 à 366 exposent les arts de la Mongolie et du Tibet.
Art byzantin et art perse. Il faut enfin noter les salles d'art byzantin (381 et 382) et d'art perse (383 à 390), en particulier la collection d'objets en argent sassanide (Iran, IIIe-VIIe siècle ap. J.-C.).
Salle du pavillon. Dans le Petit Ermitage, il faut voir la magnifique salle du Pavillon. Ses voûtes blanc et or sont soutenues par de fines colonnes de marbre, selon les plans d'André Stakenschneider, qui fait détruire six des petites pièces du premier Ermitage de la Grande Catherine pour aménager, en 1856, l'une des plus somptueuses salles du palais ; la partie centrale est ornée d'une grande mosaïque de style romain, dans la tradition éclectique de l'époque.
Palais de l'État Major. Le 28 juin 2014 la bâtiment de l’État Major a ouvert ses portes au grand public. C'est ici, aux 2e et 3e étages (3e et 4e niveaux pour les Russes qui intègrent le rez-de-chaussée comme 1er niveau) que sont exposés la vertigineuse collection de toiles d'artistes impressionnistes.
La salle 409-410 et 452 contient des œuvres de Cézanne et de Rodin ; la salle 413 abrite 8 toiles de Van Gogh (dont le Souvenir du jardin à Etten (Femmes d'Arles). Enfin, ne ratez surtout pas les salles 411-412, où sont exposées les toiles de l'époque tahitienne de Gauguin.
Les salles 437-440 (1, 2 et 3) est consacrée à Matisse et à ses œuvres fondatrices du fauvisme, en particulier La Danse (et son homologue La Musique). La salle 430 est consacrée au cubisme de Derain et Vlaminck. Salles 434-431, on trouvera des toiles de Picasso, dont la célèbre Buveuse d'absinthe (431).
Le saviez-vous ? Cet avis a été rédigé par nos auteurs professionnels.
Avis des membres sur ERMITAGE
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Это вам не Китайская стена, здесь сила воли нужна и удобная обувь)) (фото)
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