Dans les jardins des tsars
Édifiée par Pierre le Grand, Saint-Pétersbourg conserve les magnifiques jardins des palais des tsars, d’inspiration italienne, française ou anglaise. Le Jardin d’été, réalisé en 1704 et situé au bord de la Neva, s’inspire des jardins à la française, avec ses allées géométriques et sa statuaire. Le jardin botanique de Saint-Pétersbourg est quant à lui le plus ancien de Russie et constitue une étape incontournable pour les naturalistes. Il abrite notamment de grandes serres, un arboretum et une orangerie. Le jardin Alexandre est un lieu agréable de promenade avec son parc arboré, ses fontaines et ses statues de personnages illustres. Le Jardin de Taurides est un jardin à l’anglaise. Conçu au XVIIIe siècle, il abrite des étangs, une vaste pelouse et de nombreux arbres tels que chênes, tilleuls ou mélèzes. Le parc de Peterhof, situé à environ 30 km de Saint-Pétersbourg, appartient à un ensemble de palais. Ancien lieu de résidence des tsars, ce « Versailles russe », avec ses bosquets et fontaines, porte bien son surnom. Peterhof est classé au Patrimoine de l’Unesco.
Une ville menacée par la montée des eaux et la pollution
Saint-Pétersbourg possède une façade maritime dans le golfe de Finlande et 10 % de sa superficie est composée de marécages. La ville, bâtie sur le delta de la Neva, est particulièrement vulnérable aux inondations, en raison notamment du débit de la Neva qui collecte les eaux d’un large bassin versant. En plus de 300 ans, la ville a connu près de 300 inondations. En 1978, la construction d’un barrage situé à 20 km dans le fond du golfe avait été commencée… avant d’être stoppée à la fin des années 1980 pour des raisons écologiques (le barrage entravant la circulation des eaux) puis redémarrée dans les années 1990. L’ouvrage demeure cependant controversé pour son impact environnemental et pour son inefficacité face à la problématique du changement climatique. Celui-ci pourrait avoir de sérieuses conséquences sur la cité de Pierre le Grand. Chaque année, ce sont environ 3 mètres de plage qui disparaissent sur le littoral. La montée du niveau de la mer pourrait engendrer un phénomène de submersion et avec lui l’inondation des bâtiments, l’entrée d’eaux salées dans le delta, pouvant entraîner une modification des écosystèmes, mais aussi une salinisation des captages d’eau potable. Second port russe sur la Baltique, la ville dispose d’une forte activité industrielle et militaire qui contribue à la pollution de l’air et des eaux. D’une manière générale, l’ensemble des activités humaines affectent la qualité des eaux. Pendant longtemps les marécages furent considérés – à tort – comme des filtres. La Ville subit d’ailleurs au XIXe siècle des épidémies de choléra et de typhus en lien avec la mauvaise qualité des eaux. Si des usines de traitements des eaux ont été installées, on estime que 25 à 30 % des eaux résiduaires ne sont pas traitées. Ces eaux contaminées (mercure, pesticides organochlorés, phénols, produits pétroliers, etc.) terminent leur parcours dans la Baltique, qui connaît une situation environnementale préoccupante, liée également au trafic maritime et aux déchets (navires et mines de guerre) qui y sont entreposés. La ville souffre également des émissions atmosphériques issues de l’industrie, du trafic routier, de l’incinération des déchets et du chauffage urbain, qui en font l’une des villes les plus polluées d’Europe.
Une gestion des déchets préoccupante
La question des déchets est un sujet de préoccupation en Russie, qui mobilise la société civile. La collecte sélective et le recyclage des déchets sont quasi inexistants et la plupart d’entre eux terminent leur vie dans des décharges ou sont incinérés. D’autre part, le volume de déchets augmente dans les grandes villes et les installations d’enfouissement arrivent à saturation. Des décharges illégales se mettent en place comme à Kolpino près de Saint-Pétersbourg où ont été entreposés des déchets dangereux (dont des tubes fluorescents contenant du mercure). À 30 km de la ville, à Krasnyi Bor, se trouve une décharge de déchets toxiques, surnommée « le Tchernobyl chimique ». Elle stocke en effet près de deux millions de tonnes de déchets chimiques dans des piscines, dont une partie à ciel ouvert et à proximité de deux rivières. À chaque épisode de pluie, ce sont les écosystèmes, mais aussi les captages d’eau potable qui sont menacés. De nombreuses protestations, émanant notamment de militants écologistes, ont eu lieu pour demander la fermeture du site. D’autres initiatives ont vu le jour à Saint-Pétersbourg pour la mise en place d’un tri sélectif sur la base du volontariat, portées par des ONG. D’autres initiatives individuelles se mettent en place dans le pays pour sensibiliser les habitants au recyclage des déchets : une famille zéro déchet à Moscou, un artiste à Saint-Pétersbourg, Marc Ahr, qui ramasse les détritus sur les canaux gelés pour en faire des œuvres d’art, à Tcheliabinsk un jeune homme masqué au surnom de « Tchistoman » qui poste des vidéos de ses opérations de nettoyage de déchets. Un projet fédéral de loi a également été voté en 2017 qui impose des responsabilités en matière de traitement et recyclage des déchets aux fabricants et importateurs.
Entre déni climatique et actions environnementales
En 2019, la Russie a connu l’année la plus chaude depuis qu’il existe des relevés météorologiques. L’image fera peut-être sourire, mais en en plein hiver on pouvait trouver des champignons dans la région de Saint-Pétersbourg. Un sondage de 2017 a montré que 40 % des Russes pensent que les activités humaines n’influent pas sur le réchauffement climatique. Ce n’est pas non plus un sujet de préoccupation et les questions environnementales sont peu traitées par les médias et les autorités. Mais les associations sensibilisent les populations. Des campagnes de communication comme celle lancée par Greenpeace en 2019 sur Instagram détournent le concept du « FaceApp » pour montrer à quoi pourrait ressembler Saint-Pétersbourg en 2070 (inondée). Des jeunes se mobilisent pour le climat, notamment par des manifestations en solo, les « piquets solitaires » permettant de manifester sans autorisation. La conscience écologique grandit, inexorablement.