PARQUE NACIONAL CHIRRIPÓ

Il faut prévoir au moins cinq jours pour cette expédition hors du commun au départ de San José, dont seulement un jour au sommet du Cerro Chirripó. Le premier sentier, le plus utilisé, est long de 16 kilomètres et demande entre sept heures et seize heures d’ascension. C’est pourquoi il est fortement recommandé de partir très tôt le matin. Tous les 2 kilomètres, un panneau vous renseigne sur l’altitude à parcourir et sur le nombre de kilomètres qu’il vous reste à souffler et à transpirer avant de vous écrouler au sommet.

La montée est fantastique malgré la difficulté. Elle commence en traversant des pâturages, puis une végétation tropicale de moyenne altitude. La rainforest, très épaisse, vient ensuite avec son lot de troncs épaissis par les plantes épiphytes et les fougères d’où émergent de temps à autre des chênes élancés qui peuvent atteindre 50 mètres de hauteur. La faune est étonnante par sa variété et, encore une fois, il faut savoir faire preuve de patience (et de discrétion) pour apercevoir une minuscule grenouille ou un écureuil, plus difficiles à surprendre que la chenille jaune citron à longs poils soyeux. Le chant d’oiseau que vous entendez le plus distinctement est celui d’un chardonneret qui ne vit que dans les hauteurs des forêts tropicales humides, le jilguero. Après quelques heures de marche, juste après le lieu-dit Llano Bonito et au début de la plus longue côte, un petit ruisseau permet de se ravitailler en eau, mais il risque d’être à sec en période sèche : ne comptez donc pas trop sur lui. La première montagne s’appelle Monte Sin Fé (ou « montagne sans foi »), peut-être à cause de l’ascension pénible. La forêt change petit à petit, la végétation se raréfie et les mousses apparaissent sur les arbres, signifiant la transition climatique due à l’altitude. Les grandes éclaircies dans la végétation datent d’un incendie qui a malheureusement détruit plus de 2 000 hectares de forêt en 1992. Cet incendie ayant probablement été provoqué par l’imprudence de campeurs, redoublez de vigilance et observez les règles élémentaires à respecter en forêt (en fait, en ne jetant absolument rien à terre). Après une marche d’environ une heure et demie, une grotte permet d’abriter cinq ou six personnes en cas de pluie violente ou pour la nuit. Un peu plus loin, une étrange manifestation naturelle semble avoir plié en éventail une formation rocheuse qui domine les trois huttes promises depuis le début. Elles sont équipées d’un plancher de bois et d’un fourneau pour l’usage duquel un tas de bois mort est normalement mis à disposition, mais il vaut mieux prévoir son petit réchaud. Prévoyez également un bon sac de couchage, car les nuits sont très fraîches, pour ne pas dire franchement froides, à 3 500 mètres d’altitude. Le sommet est à 4 kilomètres, après la Valle de los Conejos (« vallée des Lapins ») d’où il est possible de partir à l’assaut du second plus haut sommet, le Cerro Ventisqueros, ou d’autres pics assez facilement accessibles. Au refuge Los Crestones, vous serez accueilli par des gardiens en tenue polaire. Les dortoirs comprennent six à huit lits superposés. Prenez un lit du bas afin d’éviter les gouttes qui filtrent à travers les fuites dans le toit. L’architecte des lieux a construit un refuge-grotte où, la nuit, il fait plus froid qu’à l’extérieur (de 0 °C à 2 °C en août). Pensez à apporter vos provisions. Il vous reste à atteindre le sommet et cela se fait facilement. Le lendemain, compter alors entre une heure et une heure et demie (ne prenez aucun risque et ne décidez pas de partir pour le reste de l'ascension le jour même. Avec la fatigue, vous le regretteriez à coup sûr !). Du sommet du Chirripó, on dit qu’il est possible de voir les deux océans, à l’est et à l’ouest, mais seulement par beau temps et avec tout de même de bons yeux. Si vous faites partie des chanceux, signalez-le donc en signant le livre d’or enfermé dans un petit coffre de métal habituellement inséré entre deux rochers. C’est comme trouver le trésor de la chasse !

Pour redescendre, la plupart des randonneurs choisissent de suivre le même chemin que celui qu’ils ont pris pour monter. Mais il est possible de descendre par le versant nord, celui qui domine la vallée inondée de Las Morenas et se dirige vers le Cerro Urán et El Camino de los Indios qui, comme son nom l’indique, est depuis toujours fréquenté presque uniquement par des Indiens autochtones. En dehors de ces sentiers peu fréquentés, quelques autres sont signalés sur les cartes détaillées, vendues à l’entrée du parc et hautement recommandées. Mais ces sentiers sont moins bien entretenus et ne sont pas balisés : faites preuve de prudence et ne vous y aventurez que si votre guide les connaît parfaitement.

Pour préparer l’ascension, il faut prévoir des vêtements chauds, mais légers, un bon sac de couchage, de l’eau, de la nourriture énergétique, un réchaud parce qu’il est interdit d’allumer un feu dans le parc, des jumelles (indispensables pendant les haltes d’observation), une boussole et une bonne carte, ou plutôt quatre si vous préférez les cartes topographiques (qui ne sont pas si nécessaires), parce que, hasard de la cartographie, le site de Chirripó est découpé entre quatre planches topographiques ; les plans vendus à l’entrée du parc sont suffisants. Pour porter cet équipement, il est possible de louer une mule (en même temps qu’un guide) en s’adressant aux gardiens du parc. Les précipitations annuelles varient de 2 700 à 6 000 mm ; les températures de 5 °C à 19 °C.